Surprenant : Macron arrive à énerver ses amis, ou ses patrons, et ses ennemis. Décidément, on a du mal à le situer, diplomatiquement.
Entre ses effets d’annonce sur une « troisième voie », sorte de « ni gauche ni droite » à l’international, sa soumission totale à l’Empire incarné par Biden ou à l’Union européenne incarnée par Leyen, le président français est devenu illisible.
Se mélangent en lui deux tendances politiques absolument opposées. Sur le plan intérieur, les Français ont déjà appris la différence entre son discours républicain et sa répression féroce de toute contestation.
Une série de questions se pose : Macron dirige-t-il notre pays ?, quelqu’un dirige-t-il le pays à sa place ?, quelqu’un dirige-t-il Macron ?, ce qui expliquerait ces zigzags diplomatiques.
Au bout du compte, ça ne change pas grand-chose : les grandes puissances poursuivent leur propre politique, sans nous, c’est-à-dire sans tenir compte de l’Europe, et encore moins de la France. L’Amérique nous entraîne dans sa guerre contre la Russie et la Chine.
Xi n’a pas obéi à Macron sur la Russie
La fin piteuse du « couple » européen en Chine :
Le protocole Chinois est millimétré comme nulle autre. Après avoir été assise sur un fauteuil pivotant à roulettes, comme une secrétaire lambda, @vonderleyen a été invitée à regagner son avion, comme une touriste. Le message est clair, à l'encontre de celle qui n'a pas été élue. pic.twitter.com/RahX4FsqQC
— Max (@holste_max) April 8, 2023
À peine revenu de Pékin, Emmanuel Macron a appelé l’UE à ne pas être « suiviste » des Etats-Unis et de la Chine sur la question de Taïwan et à incarner un « troisième pôle ». Des propos qui lui ont valu les foudres de certains de ses partenaires internationaux.
Dans un entretien réalisé avant les manœuvres militaires qui secouent actuellement l’île de Taïwan, le président français Emmanuel Macron a souligné la nécessité de ne pas « entrer dans une logique de bloc à bloc ». L’Europe ne doit pas « être suiviste » des Etats-Unis ou de la Chine sur Taïwan, a-t-il dit, s’attirant les critiques de ses alliés occidentaux.
C’est effectivement au cours d’un entretien accordé aux Échos et à Politico ce samedi 8 avril que le chef de l’Etat, de retour de Canton, en Chine, a détaillé sa vision de la diplomatie et de la souveraineté internationale.
« Réflexe de panique »
Pour lui, « le grand risque » que court l’Europe serait « de se retrouver entraîné dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique ». « Le paradoxe », a-t-il poursuivi, « serait que nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique ».
« La question qui nous est posée à nous Européens est la suivante […] Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taïwan ? Non. La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise », a continué le chef de l’Etat.
Une sortie, qui, à l’heure où la Chine enclenche d’importantes manœuvres militaires à Taïwan, n’est pas du goût de tous.
À commencer par plusieurs élus américains, comme le sénateur républicain de Floride Marc Rubio, qui s’est étonné de ce revirement diplomatique après « six heures de visite ». Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. « Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit », a-t-il cinglé sur Twitter.
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