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Lucien Rebatet (15 novembre 1903 – 24 août 1972) : le dernier des maudits

On ne peut pas réduire un homme à deux dates, des limites comme on dit en mathématique. Car certains hommes dépassent leur limite supérieure, c’est-à-dire la date de leur mort.

« Un de ses derniers articles publiés pendant la Seconde Guerre mondiale s’intitule "Fidélité au national-socialisme", ça donne une idée de la chose. Il pensait que les vichystes étaient un peu trop gaullistes... »

C’est le cas, entre autres, de Lucien Rebatet, qui fait toujours couler un petit peu d’encre à droite, enfin, ce qu’il en reste, et beaucoup à gauche. Normal, c’était un fasciste, un antisémite, un collaborationniste. Il n’a pas fait dans la demi-mesure, le Lulu.

Avant d’écouter deux émissions sur notre homme, on commence par un Radioscopie de Jacques Chancel (qui n’est pas passé loin du carton jaune, rétroactivement parlant), avec un certain Rebatet comme invité, en 1969, soit trois ans avant la mort de l’écrivain. Une telle liberté d’expression serait impensable aujourd’hui.

« Lucien Rebatet, ce seul nom évoque d’étranges souvenirs, nous ramène 29 ans en arrière, et suscite peut-être encore la haine. Je crois pouvoir dire que vous êtes allé jusqu’au bout de vos idées. Sur la balance des extrêmes qui offrait au monde en 1940 et Churchill, et Roosevelt, et Staline et de Gaulle, vous avez choisi Hitler. »

 

Pour les gauchistes, on a France Culture

 

Pour les droitistes, on a Radio Courtoisie

 

Sur le blog des études rebatétiennes, on trouve des hommages en morceaux. On commence par un extrait du Provocateur, de Dominique de Roux (1962) :

« Je suis resté une heure. Nous avons parlé de Céline, de l’Algérie beaucoup, un peu de ses livres. Rebatet n’a pas écrit que Les Décombres. Ses quinze ans de prison lui ont fait sortir un grand livre en deux gros volumes, Les Deux Étendards, qui est une gigantesque chronique de la France entre les deux guerres. Beaucoup considèrent ce roman comme le plus important publié depuis 1945. La critique l’a méprisé. La haine l’entoure encore d’un mur de bronze. Il prend bien ca, avec insulte et esprit de lutte. Ce que je regrette le plus en cet homme courageux dont le premier abord m’a pris, c’est son esprit antisémite toujours et une certaine méchanceté encore, qui fait des Décombres un livre insupportable malgré des pages magnifiques et un chapitre sur Maurras, Pujo, l’AF qui est un portrait d’anthologie. Rebatet, c’est Robespierre. Et bien, comme il me l’a dit lui-même, qu’il regrette certains passages des Décombres, il est resté cette tête de pioche qui, s’il avait un pouvoir de police, chargerait pour le mur des Fédérés des autocars de juifs, des camions de vaincus. »

Alain de Benoist l’a rencontré en 1962 :

« Lucien Rebatet, le formidable pamphlétaire des Décombres, était et demeure encore pour moi avant tout l’auteur des Deux Étendards. J’ai lu ce roman océanique, bouleversant, cette histoire d’un amour absolu, avec une émotion toujours renouvelée. Je m’identifiais tour à tour aux deux protagonistes du récit, pourtant en apparence si opposés, Michel l’athée convaincu et Régis le croyant futur jésuite. Quant à Anne-Marie, l’héroïne féminine, je l’identifiais à mon premier amour, Marie-Jo. Je voulus rencontrer l’auteur, qui accepta de me recevoir, en décembre 1962, dans son appartement de la rue Le Marois, dans le XVIe arrondissement. Il fut enchanté quand je lui déclarai que son livre était construit comme un drame musical wagnérien, et me fit cette dédicace : "Au plus jeune à ce jour des amoureux d’Anne-Marie" ! Le reste de la conversation fut par contre bien décevant. En dehors de la musique, nous n’étions à peu près d’accord sur rien. »

Ah, maintenant Brasillach, c’est nettement plus chaud.

« […] Enfin, toujours justement irrité, le plus opiniâtre et le plus violent d’entre nous tous, Lucien Rebatet. Quel étonnant garçon ! Il connaît la peinture, il a traîné dans tous les musées d’Europe, il est antisémite et il a vidé des verres avec Pascin et Modigliani, il est passionné de musique, il est maurrassien, il sait Rimbaud par cœur, il est le meilleur sinon le seul critique de cinéma d’aujourd’hui […], il est un des plus remarquables polémistes que je connaisse : car il a tout, la verve, le style, la verdeur, le don de voir, le talent de caricaturer, et même parfois le sentiment de la justice. Toujours en colère contre les hommes, les choses, le temps, la nourriture, le théâtre, la politique, il établit autour de lui un climat de catastrophe et de révolte auquel nul ne résiste.
Et avec cela, il ne faut pas très longtemps pour s’apercevoir qu’il y a chez ce passionné un héritier de paysans dauphinois, solide, calme, habile et capable même de bon sens. Militariste par surcroît, poète de l’armée française, grognard né, et capable de découvrir de la poésie dans un dépôt d’infanterie. Il est certainement un de ceux qui ont fait de Je Suis partout ce qu’il est devenu. Il faut l’avoir vu à l’imprimerie, dans les grands moments, lorsque, par exemple, il composait nos deux numéros spéciaux sur la question juive, qu’il a presque entièrement rédigés ; marchant de long en large à travers les tables, froissant les papiers dans ses mains, fumant cent cigarettes et poussant des plaintes de douleur à l’idée qu’il fallait couper deux, trois colonnes par page. »

Dans le Libre Journal des belles lettres, on apprend que Rebatet disait que « la prison est l’idéal littéraire ». Cela nous permet de diffuser cet entretien très ouvert de Vincent Reynouard, qui raconte sa vie de cavale et de taulard. À quand le livre ?

 

 

Ces fascistes qui ne se sont jamais reniés

 






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10 Commentaires

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  • Les puissants sont ceux qui imposent le silence dans la tête des autres.

     

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  • #3555795
    Le 25 août à 07:32 par Le croissant au beur
    Lucien Rebatet (15 novembre 1903 – 24 août 1972) : le dernier des (...)

    Merci d’évoquer ces très grands écrivains et militants politiques. C’est leur absence ainsi que celle de ceux aller se battre sur le Front de l’Est qui manquent aujourd’hui pour l’encadrement des générations qui sont venues depuis. On a essayé de les diaboliser. Eux non pas été dénoncés par une étoile jaune mais par l’infamie attribuée aux deux éclairs d’argent.

    Pour ceux qui reconnaissent Brasilliach comme un fasciste romantique.Comme un très grand poète, lire ou écouter les poèmes de Fresnes lus par Pierre Frenet ou Noël en taule lu aussi par JMLP. Ensuite lire ses livres qui montrent une avant-guerre élégante et paisible au risque que le texte paraissent désuet pour un lecteur tik-tokeur d’aujourd’hui. Également, lire "Les cadets de l’Alcasar" pour ceux qui connaissent mal la guerre d’Espagne

     

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  • Rebatet est un immense écrivain, injustement mis aux oubliettes pour raisons idéologiques (tout comme Brasillach).

    "Les deux étendards" est un chef-d’œuvre absolu. Du même niveau que le Voyage selon moi.

    Je conseille aussi les mémoires de Brasillach, intitulées "Notre Avant-Guerre". C’est d’une subtilité et d’une finesse inégalées.

     

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  • Le fascisme n’est pas ce que l’on en dit (et d’ailleurs qui le dit) !
    Voir l’ouvrage de Maurice Bardèche "Qu’est-ce que le fascisme ?"...

     

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  • dommage que la politique occulte l’oeuvre de Julien Rebatet et entre autres son histoire de la musique qui est vraiment un très grand livre

     

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  • #3555903

    Reynouard : « Nous allons arriver à une société de contrôle à la chinoise. » (40:20)

    C’est bien plus grave que ça !

    Le transhumanisme aidé par l’intelligence artificielle qui nous y amène EST la nouvelle religion, comme achèvement de la précédente, à savoir le Scientisme, qui lui-même s’est déterminé en négation de l’Église, l’ancienne religion.

    La nouvelle religion de qui alors ? Des entités malignes en lien avec les puissants de ce monde. Appelons-la le satanisme.

    Ça n’a rien de mystique : tandis que les curés priaient pour Dieu, eux sont au service d’entités basses qui se nourrissent non de prières, mais de vibrations basses c’est-à-dire de pensées négatives.

    Macron, Leyen et leurs sbires, à coups de rumeurs de guerre par exemple, créent une peur collective et sa demande de sécurité.

    Donc les peuples sont amenés progressivement vers ce Nouvel ordre, celui de la nouvelle religion totalitaire transhumaniste, par leur propre peur.

    Peur et société totalitaire qui à leur tour génèrent du malheur c’est-à-dire une profusion de pensées négatives, un égrégore malsain voire mortel pour la plupart trop émotifs, mais dont a besoin car il s’en repait... le mal.

     

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  • Reynouard c’est une autre manière d’être humain, la logique pure, l’absence totale de compromission.

     

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  • Radioscopie : Lucien Rebatet :

    « Il faut voir aussi ce que les juifs ont fait avant la guerre (...) quand nous nous sommes trouvés devant une conjuration juive universelle pour la guerre au plus vite, une guerre dont la France faisait les frais en premier... »



    Et après la guerre...

     

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