À la surprise générale et en un temps record, le Parlement polonais a amendé, mercredi 27 juin, la loi controversée sur l’Institut de la mémoire nationale qui pénalisait « l’attribution à la nation ou à l’État polonais, en dépit des faits, de crimes contre l’humanité », dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Ce texte, censé défendre la « réputation de la Pologne » face à des abus de langage comme les « camps de la mort polonais », avait été adopté début février. Il avait provoqué un tollé mondial et une crise diplomatique aiguë avec Israël et les États-Unis. Il était perçu comme une entorse à la liberté d’expression, voulant éviter les références à la participation de certains Polonais à la Shoah.
Mercredi [27 juin 2018] soir, les Premiers ministres polonais et israélien, Mateusz Morawiecki et Benyamin Nétanyahou, ont fait, chacun depuis leurs capitales respectives, une déclaration commune, jouant l’apaisement et la convergence des points de vue :
« Nous soutenons une expression historique libre et ouverte et la recherche sur tous les aspects de l’Holocauste, afin qu’elle puisse être conduite sans aucune crainte d’obstacle juridique (…). Nous rejetons les actions visant à blâmer la Pologne ou la nation polonaise dans son ensemble pour les atrocités commises par les nazis (…). Malheureusement, la triste réalité est que certaines personnes (…) ont révélé leur côté le plus sombre à cette époque. »
En Israël, le centre Yad Vashem pour le souvenir de l’Holocauste s’est félicité de l’évolution du texte, estimant qu’il s’agissait d’un « développement positif ».
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« Vérité historique »
À 388 voix pour, 25 contre et 5 abstentions, les députés ont ainsi rapidement supprimé les deux articles qui prévoyaient notamment des peines jusqu’à trois ans de prison pour l’évocation publique « de responsabilité ou de coresponsabilité » de Polonais dans « les crimes du IIIe Reich allemand », « indépendamment de la législation en vigueur sur le lieu du délit ». Par contre, des dispositions de la loi permettent toujours à l’Institut de la mémoire nationale, en théorie, d’engager des poursuites civiles.
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Le vote s’est déroulé dans une atmosphère houleuse, après un débat d’à peine deux heures, où l’opposition s’est vue restreindre le droit de parole. Un député d’extrême droite a bloqué la tribune de l’hémicycle, accusant la majorité ultraconservatrice du PiS (Droit et justice) de « ramper devant les milieux juifs ». Tous les amendements de l’opposition ont été rejetés, et cette dernière a dénoncé un passage en force.
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Netanyahou salue l’amendement de la loi controversée sur la Shoah
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a salué mercredi soir la modification par le gouvernement polonais de la loi controversée sur la Shoah qui avait provoqué « émoi et détresse en Israël et dans la communauté internationale ».
À la demande du Premier ministre Mateusz Morawiecki, le parlement polonais a amendé mercredi la loi qui prévoit de pénaliser à plusieurs années de prison ceux qui accusent l’État polonais de complicité dans les crimes nazis survenus pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Dans ce texte, les deux gouvernements « condamnent toutes les formes d’antisémitisme et s’opposent à tous les stéréotypes négatifs nationaux notamment anti-polonais ».
« Il est important que les chercheurs, enseignants, journalistes, rescapés et leurs familles puissent étudier librement tous les éléments de la Shoah sans risquer de poursuites en justice », est-il écrit.
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Le mémorial national de la Shoah, Yad Vashem, à Jérusalem, a également commenté la décision polonaise, estimant qu’il s’agissait d’un « développement positif dans la bonne direction ».
« Nous croyons que la meilleure façon de lutter contre les fausses déclarations historiques consiste à renforcer les activités de recherche et d’éducation ouvertes et gratuites », a précisé le musée.