La Pologne a prévenu lundi qu’elle était prête à se passer de l’aval de Berlin, qui n’a « pas encore » pris de décision sur la livraison de chars Leopard de fabrication allemande à l’Ukraine, laquelle les réclame avec insistance.
Le gouvernement allemand apparaît divisé sur la question. Jusqu’ici réticent à se prononcer, le chancelier Olaf Scholz, à qui il appartient au final de trancher, se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé dimanche soir que l’Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev.
En vertu de la législation allemande, un pays possédant des armements allemands doit demander l’autorisation de Berlin pour les transférer à un pays tiers.
« Nous allons demander un tel accord mais c’est une question secondaire », a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant des journalistes. « Même si nous n’obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l’Ukraine dans le cadre d’une petite coalition, même si l’Allemagne n’en fait pas partie ».
La Pologne, prête à livrer 14 Leopard à Kiev, est en discussions avec une quinzaine d’États à ce sujet. Le chef du gouvernement polonais a aussi estimé lundi que l’Allemagne disposait en tout de « plus de 350 Leopard en exploitation » et d’environ 200 autres « en stock ». De nombreuses armées européennes possèdent des Leopard, un avantage considérable car cela pourrait faciliter l’accès aux munitions et aux pièces de rechange et simplifier la maintenance, exigeante pour ce type de matériel.
« Nous avons besoin de tanks pas de 10 ou 20, mais de plusieurs centaines », a exhorté sur Telegram, peu avant les déclarations polonaises, le chef de cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak.
« Aujourd’hui, chaque char en état de combattre doit se retrouver sur notre front. Car ceci n’est pas seulement le front ukrainien. Ceci est le champ de bataille où la civilisation affronte les marais de l’arriération et de la barbarie », a ajouté M. Iermak, à un moment où les Russes sont à l’offensive, dans l’est de l’Ukraine notamment.
Dimanche soir, Annalena Baerbock a dit que l’Allemagne était prête à autoriser la Pologne à envoyer ces chars. « Si on nous posait la question, nous ne nous opposerions pas », a dit la ministre écologiste, qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz et les libéraux. Mais, « pour l’instant, la question n’a pas été posée » par Varsovie. Lundi, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position au cours d’une conférence de presse : « Le gouvernement fédéral n’exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n’a pas encore décidé s’il allait le faire maintenant. »
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