François Hollande et ses ministres de l’Éducation nationale successifs ont organisé les assises de la refondation de l’école. Pour Jean-Paul Brighelli, les réformes défendues par le gouvernement prônent un égalitarisme qui tue nos élites et accentue les inégalités.
François Hollande et ses trois ministres de l’Éducation nationale successifs – Vincent Peillon, Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem – se réunissent les 2 et 3 mai pour les assises de la refondation de l’école au Palais Brongniart. Exercice utile ou opération de communication ?
Votre question contient la réponse. Les enseignants ont encore trouvé la force, en 2012, de voter majoritairement à gauche – encore que leur vote du second tour n’ait pas débordé d’enthousiasme. C’est un fonds de commerce que la Gauche aime réactiver de temps en temps – de la même manière qu’un partenaire infidèle, après une nuit de fredaines, vous assure ses grands dieux qu’il vous aime toujours, en caressant vos cornes. Mes collègues qui ont voté Hollande en 2012 jurent leurs grands dieux qu’on ne les y reprendra plus – et vu l’incohérence de certaines propositions de l’opposition, ils se demandent à nouveau s’ils ne vont pas replonger. Même si Mme Vallaud-Belkacem a été jusqu’ici le meilleur agent électoral de tout ce qui ressemble à une opposition au gouvernement au sein du corps enseignant – et des parents, qui peu à peu prennent conscience du mauvais tour joué à leur progéniture.
Que penser de la réécriture des programmes – du primaire à la 3ème ? Était-elle utile ?
La réécriture des programmes était certainement indispensable aux idéologues qui se sont emparé du ministère de l’Éducation depuis la fin des années 1960. Je dis « idéologues » dans le sens que Hanna Arendt donne au terme, qualifiant ainsi ceux qui ont perdu tout contact avec la réalité, qu’ils remplacent par une fantasmagorie issue de leurs certitudes, mais certainement pas du réel. Les élèves étaient au bord du gouffre : ces programmes, conformes en tous points à l’idéologie européenne des « compétences » (qui fait bon marché des savoirs réels, encore plus des cultures et des langues nationales) leur permet de faire un grand bond en avant.
Il faut que l’opposition (quelle qu’elle soit) comprenne bien qu’il est essentiel de dire que l’une de ses premières mesures, en matière d’éducation, sera de réécrire complètement les programmes, et de jeter à la poubelle des manuels serviles, bourrés d’erreurs, qui seront devenus obsolètes.