Dans le procès Charlie, puisqu’on va lire chaque jour le compte-rendu sur le site du journal (ça reste gratuit 24 heures), il y a un truc que personne ne dit, et qui est pourtant terriblement évident. Personne n’en parle car il s’agit d’un rapprochement dérangeant, qui peut être mal perçu, surtout par les familles des victimes. Alors on va poser notre plume épaisse et prendre la subtile. On a trouvé une illustration de ce paradoxe, puisqu’il s’agit d’un paradoxe, mais d’un paradoxe qui a sa logique.
Traduction : les mêmes personnes qui croient que 19 musulmans ont détruit trois gratte-ciels avec deux avions sont celles qui ressemblent aujourd’hui à ça.
C’est un rapprochement qui exprime que les anti-complotistes se retrouvent quelque part coincés par leur croyance, ou leur non croyance. Transposé à l’attentat de Charlie, ce paradoxe devient : ceux qui ne croyaient pas aux complots, cette maladie de la complosphère ou des complotistes, sont aujourd’hui dans la peau de victimes d’un complot. Et ce n’est pas seulement nous qui le disons, nous qui ne croyons évidemment pas à la version officielle qui prend vraiment les familles des victimes pour des cons.
Pour la première fois, on a senti un doute chez les survivants, et notamment chez Laurent Léger, l’enquêteur qui a rejoint l’équipe sur le tard et qui ne voit toujours pas qui a commandité le massacre. Voici ses mots :
« Je vois bien que dans cette affaire il y a encore des mystères qui ne sont pas levés. J’attends que ce procès fasse la lumière sur la chaîne de responsabilités. Est-ce que vous allez pouvoir, monsieur le président, juger ceux qui sont là ? Je souhaite que ce soit le cas. »
Laurent est partie civile et les types qui sont dans le box des accusés sont tout sauf des commanditaires. C’est du menu fretin dont la justice et les familles des victimes vont devoir se contenter. Le grand organisateur de cette tuerie – Boubaker El Hakim, celui qui a formé Farid Benyettou, le prédicateur des frères Kouachi – est paraît-il mort dans les sables de Raqqa le 26 novembre 2016, tué par un drone. Invérifiable, évidemment. Mais il faut croire sur parole David Thomson, le spécialiste ès Daech qui a dérushé de nombreux djihadistes français et qui a eu les faveurs de toute la presse mainstream (Daech ne l’a jamais inquiété). Thomson a été récompensé pour avoir fait vivre la « légende » de l’organisation terroriste État islamique indépendante des services occidentaux impliqués dans le conflit irako-syrien, israéliens compris.
Thomson a été de tous les attentats (toujours au « bon » endroit et bien informé), de toutes les préparations mystérieuses, et il a averti les autorités en 2014 que l’État islamique allait frapper la France. Il n’a pas été cru, et cela lui a donné son crédit. De la même manière, Netanyahou avait prévenu la France en 2014 qu’elle allait être frappée si elle ne soutenait pas Israël contre le « terrorisme » palestinien...
Ce journaliste, auréolé du prix Albert Londres pour son livre Les Revenants, a toujours été très bien renseigné. Voici cinq tweets que nous avons conservés de lui :
Boubaker El Hakim, personne n’a pensé à le choper et à faire son procès. On retombe sur le modus operandi appliqué à ben Laden, assassinat dans sa maison d’Abbottabad puis disparition du cadavre en pleine mer pour éviter de créer un lieu de culte producteur de martyrs.
Tout ceci, disons-le franchement, sent l’intox à plein nez et nous, qui n’avons pas une seconde cru à la version officielle dès les premières heures (on a gardé les tweets venus de comptes sionistes qui donnaient l’identité des frères Kouachi avant tout le monde), sommes sur la même longueur d’onde des familles qui demandent non seulement justice, mais vérité. Au fond, la justice, on s’en fout. On ne pourra pas rendre les vies volées, abattues en plein vol comme l’écrivait le poète russe Vyssotski.
Philippe Val et son fidèle lieutenant Fourest, qui ont échappé au massacre, ont longtemps craché leur haine sur les complotistes, l’extrême droite, la fachosphère, les patriotes, bref, les enfants de la Bête immonde. Il se trouve, aujourd’hui, que la vérité se trouve, dans sa conception, plutôt du côté de ces mal-pensants honnis par les gauchistes devenus néocons. C’est une leçon de vie, et on n’y peut rien si elle s’applique aux survivants du 7 Janvier. Nous, on reste sur notre ligne de recherche de la vérité coûte que coûte, sans haine, ni armes ni violence.
Le mot de la fin à la veuve Tignous, complotiste sans le dire, mais sous le vernis gauchiste habituel (laïcité, égalité, blablaité) :
En déclarant qu’elle pense qu’il s’est agi d’un « assassinat politique », que veut-elle dire ? Politique parce que Charlie pratiquait une islamophobie sioniste planquée derrière la lutte pour la laïcité, ou quelque chose de plus tordu, qui ressemble à un attentat sous faux drapeau ? Maryse Wolinski, elle, a carrément écrit un livre pour exhiber ses plaies et ses doutes. Nous en reparlerons.
Au fond, nous avons une question, et une seule : le besoin – légitime – de vérité des proches des victimes aura-t-il raison de leur carcan mental (gauchiste) qui empêche de penser l’attentat autrement que par la version et les concepts officiels (des tueurs islamistes qui ont bénéficié d’une incroyable série de coïncidences) ou, disons-le plus précisément, oligarchiques ?
Autrement dit, n’est-il pas temps, cinq ans après une enquête au point mort, de repenser cet attentat dans une optique plus... complotiste ?