Le jeune barbu du site Osonscauser.com s’est lancé dans la critique média. Dans ses vidéos longues comme des discours de Chavez, il analyse les médias et leur crédibilité. Cette semaine, Mediapart est sur la sellette. Pas vraiment sur la chaise électrique.
Notre jeune ami analyse avec un bon sens louable les relations économiques et leurs incidences éditoriales chez le pure player Mediapart avec ce qu’il sait, c’est-à-dire ce que tout le monde sait.
Par exemple – et ce n’est pas un scandale –, que le site a été créé par l’adjonction de plusieurs fondateurs, qui ont mis une partie de leurs indemnités de départ (dont celles du Monde pour Plenel), dans un pot commun. Mais le véritable fonds d’amorçage, comme on dit en économie des entreprises, provient de Xavier Niel (qui deviendra un des trois principaux co-actionnaires du Monde) et de collaborateurs de Publicis.
La patte de Maurice Lévy ! Il fallait creuser, coco. Parce que si Niel ne fait pas mystère d’acheter de l’influence ou de neutraliser ce qui peut le gêner (voir l’exemple de Bakchich), du côté de chez Publicis, on est tout de suite dans la maison mère de la presse française. Car l’agence de pub et de com fait la pluie et le beau temps en matière de remplissage publicitaire, archi vital pour les médias, surtout de presse écrite, qui n’ont plus assez de lecteurs acheteurs.
Qu’on retienne bien ceci : sans la pub, donc sans les groupes industriels capables de se la payer, pas de presse. Seuls quelques titres – Le Canard enchaîné, Politis, Charlie Hebdo – vivent toujours sans annonceurs . Donc, coco, ne t’arrête pas en route, tu es bien parti, mais tu dois passer à l’étage supérieur, celui de la décision, et de la non-décision, de l’autorisation et du blocage. De la vie et de la mort. Publicis a le pouvoir de faire vivre un titre de presse, ou de le faire mourir. C’est le privilège de la puissance.
C’est vrai que la ligne de Mediapart n’est pas toujours des plus critiques envers les actions des États-Unis, ça se remarque notamment avec certains articles sur Chavez, de Arfi si ma mémoire est bonne.
Le débat sur la pureté ou l’impureté d’un média ne tient pas, tu le dis toi-même : chaque média est relié d’une manière ou d’une autre à son environnement économique. Même le très pur Canard enchaîné n’échappe pas aux lois de tout le monde. Ainsi, les journalistes de l’hebdomadaire boivent-ils de somptueux flacons qui arrosent de somptueux repas à La Coupole, laissant des notes qu’on préfère ne pas publier. Mais quoi, qui va se priver des plaisirs de la vie, quand on est assis sur 100 millions d’euros ? De plus, cet argent n’est pas sale, il n’a pas été hérité, comme les 100 millions de BHL. Un peu du fruit de son travail dépensé en bonnes bouffes, rien que de très normal. Même les journalistes de Rouge ou de Révolution avaient leurs agapes.
Ceci étant dit, il n’y a pas lieu de reprocher à Mediapart sa ligne éditoriale. Mais quand on annonce l’indépendance, il faut la tenir, et ne pas se faire pincer. Car là, on risque de se faire pincer très fort. Les 4,7 millions d’euros que la société qui gère le site Mediapart doit à l’État au titre de la TVA pour les exercices 2010-2014, ont été tout bonnement effacés par les services de François Hollande, en passant par les députés socialistes. La TVA est passée à 2,1% au lieu de 19,6, petit tour de passe-passe fiscal qui a permis au site d’annoncer 900 000 euros de bénéfices l’année passée (pour l’exercice précédent). Sans cela, le modèle économique de Mediapart ne tenait pas, ce qui n’est pas le cas du nôtre (E&R). Le coup de pouce du président, qui est aussi un gros fournisseur de sujets tout ficelés à Plenel, n’est pas vraiment la marque de l’indépendance. Plenel et ses amis peuvent ensuite critiquer la politique socialiste, ça ne mange pas de pain, tout le monde le fait, et Hollande s’en fout. C’est pas ça qui va le perturber.
C’est plus ou moins une espèce de mix entre Beigbeder et Ariel Wizman, donc c’est louche.
Tu peux donc critiquer Soral (voir citation ci-dessus) et encenser Mediapart, question pureté, on n’a pas de leçons à recevoir.
Mediapart c’est un excellent journal ! […] C’est quand même pas la source d’information la plus collabo, la plus dans le système et la plus opposée au citoyen. Assez souvent, ils jouent les citoyens contre les dirigeants, ils incriminent les promesses de François Hollande non tenues…
Houla, y a encore du boulot, barbudos ! Ton Mediapart, là, il est dans la mise en scène : la critique de Hollande et de sa politique, c’est une coproduction avec Hollande lui-même destinée à faire croire que le titre est indépendant.
Il faut que tu injectes un peu plus de cynisme dans ton discours, qui a de bonnes bases, reconnaissons-le, et tu verras d’autres choses, encore plus intéressantes.
Et pour finir, une petite prédiction : si tu n’arrives pas jusqu’à la cohérence de pensée d’E&R, il est probable que tu « finiras » dans une émission de décryptage télé bien comme il faut, mais qui a besoin d’un peu de « trouble » pour ne pas faire trop « soupe d’eau tiède ». La télé, pour survivre, ces prochaines années, aura besoin de s’injecter – à elle-même – des doses de plus en plus fortes de malpensance. Alors continue, un job juteux t’attend. Mais sois prudent, ne va pas trop loin dans l’analyse. Regarde comme on traite les gens trop lucides.
La vidéo est ici :