"Avec le grand débat national, face aux colères exprimées par les 'gilets jaunes', nous avons su instaurer un dialogue respectueux et républicain, sans précédent dans une démocratie, et prendre des décisions marquantes", affirme Emmanuel Macronhttps://t.co/4a5xryMk8q pic.twitter.com/sfyDwTw8Bp
— franceinfo (@franceinfo) December 31, 2019
"Nous avons su instaurer un dialogue respectueux et républicain sans précédent dans une démocratie".#VoeuxMacron2020 pic.twitter.com/mVn8oAM8KS
— Nicolas Grégoire (@nicolasgregoire) December 31, 2019
Allez, on va satisfaire à la tradition des « vœux du Président », sans trop s’attarder parce qu’on ne va pas analyser non plus la disserte d’un rédacteur stagiaire énarque de l’Élysée. Pour résumer, celui qui a été mandaté par les forces du Marché pour désocialiser la France a bien fait comprendre qu’il ne lâchera pas le morceau, et qu’il est sans empathie pour les Français qui souffrent ou qui se battent (contre sa politique). En même temps, comme dirait ce jeune loup aux dents qui rayent la justice, il y aura toujours des mécontents, et c’est le propre de la politique et d’une politique que de produire des mécontents. À ce propos, en deux ans et demi, Macron est passé de 33 à 66 % de mécontents. Si les Français sont versatiles, le pouvoir, lui, n’est plus démocratique.
Ce ne sont pas des voeux mais une déclaration de guerre aux millions de Français qui refusent sa réforme. Tout le reste de son discours sonne faux et creux. Un extraterrestre a parlé.#VoeuxMacron2020
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) December 31, 2019
Tout devient alors affaire de choix : qui dois-je mécontenter ? Le fait est que c’est la classe moyenne, le plus gros morceau de la France, qui morfle. Les ultrariches sont protégés, les ultrapauvres sont aidés, c’est entre les deux que ça coince. Une partie des professions intermédiaires, après les ouvriers et les employés, s’enfonce dans la précarité et entrevoit la pauvreté, ce qui est un choc pour ceux qui pensaient ne jamais devoir faire face à une telle éventualité, à un tel futur pour eux et surtout pour leurs enfants. Ceux-là commencent à voter RN ou LFI, deux partis dits extrêmes et qui ne le sont pas au regard des extrêmes des années 30.
Entre ces deux blocs plus ou moins populistes, le mouvement social-démocrate incarné par Macron tient encore la barre, parce que les deux populismes sont encore opposés. Mais il suffira d’une cimentation pour écraser le bloc bourgeois, comme on l’a vu en Allemagne en 1930. Que les partisans du Système ne crient pas victoire trop vite : en Allemagne justement, les choses se sont retournées, dans un contexte économique extrême, en moins de trois ans. Ceux qui avaient fait de la prison ou étaient considérés comme infréquentables ont pris les commandes du pays. Avant de parler (rapidement) du discours présidentiel, petit détour par Le Figaro qui a donné la parole à deux écrivains sur le retour des années maudites (mais pas pour tout le monde).
L’analogie entre notre époque troublée et celle des années 1930 est devenue un poncif de notre vie intellectuelle et politique. Pour Le Figaro Magazine, Frédéric Rouvillois et Olivier Guez, qui ont respectivement dirigé la rédaction du Dictionnaire des populismes et du Siècle des dictateurs, tentent d’éclairer le présent à la lumière du passé.
Olivier Guez tire le premier :
En France, la tension permanente, la virulence des débats, encouragées par les réseaux sociaux et les médias, notamment les trop nombreuses chaînes d’infos en continu, rappellent un peu le climat des années 1930. De même, il y a de l’électricité dans l’air, avec une gauche extrême, une droite extrême, et ce qui est nouveau par rapport aux années 1930, une montée des revendications islamistes. Mais d’un point de vue international, la situation me fait davantage penser à l’avant-Première Guerre mondiale : le monde est divisé en grands pôles mais aucun n’est capable d’imposer sa marque, comme l’ont fait les États-Unis de la fin de la guerre froide à la crise financière de 2008, ou les États-Unis et l’Union soviétique dans la seconde moitié du XXe siècle. Nous vivons dans un monde multipolaire, de même que l’Europe avant 1914 était multipolaire.
[...]
Cela fait quand même longtemps qu’en Europe occidentale, « le trône du monde est vide ». Cette impossibilité de croire en quelque chose qui nous dépasse n’est pas nouvelle. Je crois surtout que le turbo-capitalisme, cet ultralibéralisme qui n’a rien de libéral - le libéralisme était une magnifique idée au XIXe siècle - a scindé les sociétés en deux hémisphères, d’un côté, ceux qui profitent de la mondialisation et de l’autre, ceux qui en souffrent. On peut utiliser la métaphore du sablier pour décrire nos sociétés : deux sphères liées par un tronc de plus en plus fin et qui communiquent de moins en moins alors que précédemment le ventre du sablier, les classes moyennes, était son point fort. Une partie du sablier se remplit, l’autre se vide, c’est le principe. Le dirigeant populiste joue sur cette fracture en se posant en défenseur des déclassés. Les sociétés se polarisent, très fortement. Si une nouvelle crise financière éclate, le sablier cassera complètement. Et là, les conséquences seront ravageuses.
[...]
Bolsonaro a été élu, comme Orban, Trump ou Kaczinsky. Ils jouent le jeu démocratique. Cela dit, Hitler et Mussolini sont aussi arrivés au pouvoir par les urnes, directement ou indirectement. Mais il ne faut pas parler de dictature à la légère. Les mots ont un sens. La dictature, c’est la terreur, le monopole absolu de tous les pouvoirs, la suppression des libertés publiques, l’élimination de toute forme de dissidence. Il faut aussi arrêter cette comparaison récurrente avec les années 1930. Elle est perfide quelque part. Elle permet au pouvoir en place, quand il n’est pas populiste, de se présenter comme la seule alternative au fascisme, au chaos.
@tprincedelamour : "#NouvelAn2020 On rapporte déjà des dizaines de voitures brûlées ds #Paris intra-muros. La racaille est montée en masse ds la capitale pour tout casser.
La décennie 2020 commence dans le chaos & la destruction" #BonneAnnée2020 #BonneAnneePresident pic.twitter.com/ww1k10M0mg— LaGaucheMafia (@GaucheMafia) December 31, 2019
Pourtant, aujourd’hui, on a Macron et le chaos, alors que le candidat de 2017 basait sa campagne sur un « moi ou le chaos ». C’est là où les choses se sont renversées : le populisme, pour un nombre grandissant de Français, c’est un retour à l’ordre, pas forcément à un ordre ancien, une Gaule fantasmée, mais à l’ordre public, dans les rues (qui sont moins sûres), dans le travail (qui se dérégule), dans les écoles (dont le niveau chute). Il ne s’agit pas de l’ordre nazi ou fasciste, hitlérien ou mussolinien, mais d’un besoin de paix, de travail et de paix. Or, il semble que les concepts de travail et de paix ne figurent pas dans le programme des néolibéraux et des chaotistes au pouvoir.
« plus fort, plus juste, plus humain »
Y’a comme un décalage entre les mots et les ordres donnés ... pic.twitter.com/lRgwCaqOIR
— ... (@NnoMan1) December 31, 2019
Les vœux brouillés du Président
« Alors à l’aube de cette nouvelle décennie, je veux vous assurer que je ne céderai rien au pessimisme, ou à l’immobilisme »
Deux ans !
Encore deux ans à tenir avec ce connard !#PutainDeuxAns !#VoeuxMacron2020— Bassounov (@Bassounov) December 31, 2019
"Ils ont des armes, on a une âme"
Ce soir macron a déclaré la guerre sociale, a nous de nous défendre le plus fermement possible !
En 2020 ON LACHE RIEN !!!!!!!!!
BONNE ANNÉE !
— Maxime Nicolle (Fly Rider) officiel (@FlyRiderGj) December 31, 2019
Transition toute trouvée, retour au débat du Figaro avec la réponse de Rouvillois :
On a vu sur les ronds-points pendant les « gilets jaunes » émerger la revendication d’une forme de démocratie directe. Est-ce une utopie dangereuse ou un début de solution dans le chaos globalisé ?
Je ne vois pas pourquoi ce serait une utopie dangereuse. Sauf bien sûr si l’on n’a pas confiance dans le peuple : alors c’est en effet un grave danger. Mais dans ce cas-là, on n’est pas démocrate. Et il faut alors assumer une position qui vient d’ailleurs de faire l’objet d’un essai passionnant, le livre du philosophe espagnol Dalmacio Negro Pavon, La loi de fer de l’oligarchie. Mais si à l’inverse on pense que le peuple peut et a le droit de gouverner, alors la démocratie directe est la forme d’expression la plus réelle, la plus pure et la plus indiscutable de la démocratie. En somme, la véritable question est donc de savoir si la démocratie est une utopie ou non, avec les risques inhérents à cette dernière.
La démocratie, on le confirme, est bien une utopie. Et la social-démocratie de Macron est en réalité tout l’inverse : ni sociale ni démocratique, antisociale et antidémocratique. Et maintenant, la réaction très macronienne de Guez, avec de gros morceaux d’anthologie dans le yaourt :
En France, on a des élections à tous les échelons de la nation, au niveau de la commune, du département, jusqu’à l’échelon national et même international, avec l’élection des députés européens. N’est-ce pas une forme de démocratie directe ? Le mouvement des « gilets jaunes » a montré une angoisse et une colère, très compréhensibles, mais je ne crois pas qu’elles se jouent au niveau local. Au fond, les « gilets jaunes » c’est quoi ? Une forme de jacquerie, de révolte contre le pouvoir. On adore rejouer à 1789 en France. On veut couper la tête du roi ; on s’en prend aux symboles du régime, on brûle l’effigie de Macron. C’est du cirque : nous ne sommes plus en 1789. Lorsque des « gilets jaunes » se sont attaqués (pathétiquement) à la tombe du soldat inconnu à l’Arc de Triomphe, ils se trompaient de cible.
La bataille se joue avant tout au niveau global. Les vrais responsables de leurs malheurs, ceux qui déséquilibrent leur économie locale et bouleversent leur environnement, se nomment Facebook, Amazon, Google… C’est à eux qu’il faut réclamer des comptes. Ce sont eux qui se moquent de la fiscalité et du droit du travail. Je veux bien qu’on instaure plus de démocratie directe mais dans la bataille qui se joue, comme toujours, c’est une question de rapports de force. Un RIC organisé à Limoges fera-t-il plier Amazon ? J’en doute. Les populistes, à droite comme à gauche, essaient d’exploiter ces angoisses existentielles mais leur logiciel est tout aussi daté. In fine, le problème reste entier, on tourne en rond, c’est le principe même du rond-point.
Allez dire ça aux Gilets jaunes, qui sont encore démocrates puisqu’ils ne se sont pas attaqués physiquement au pouvoir, qu’il soit visible ou profond, un pouvoir qui les nie, les méprise, les tabasse. Les Macron et les Guez de toutes sortes devraient remercier les Gilets jaunes d’avoir manifesté leur colère pendant 13 mois sans franchir la ligne rouge.
C’est cette nouvelle frontière qui sera intéressante à surveiller en 2020.
Bonus : Macron décore Jean-François Cirelli,
le président de BlackRock France !
Jean-François Cirelli de Black Rock France nommé par Macron au grade d’officier de la Légion d’honneur !
Voici le lien :https://t.co/AvyNN0ZiBM
Je crois qu’il est en train de se moquer de nous à un niveau puissance 1000...#MacronDemission https://t.co/rwJdBzKmCK
— ❗️❗️ (@EnModeMacaron) January 1, 2020