Coronavirus - Enorme colère des professions de santé qui accusent la grande distribution d'avoir stocké des masques pour les vendre : "Où étaient ces masques quand le personnel médical tremblait et tombait chaque matin ?" https://t.co/BqUhxlwyxB via @morandiniblog
— Revel (@renaudrevel) May 2, 2020
Y a-t-il vraiment eu pénurie, ou les masques sont-ils arrivés à une vitesse supersonique de Chine ? Pour l’instant, ce que l’on sait, c’est que plus de 400 millions de masques seront disponibles dans les jours qui viennent en grande distribution, c’est-à-dire supermarchés et hypermarchés.
Connaissant le fonctionnement de la chaîne de distribution, de la production au stock en passant par le transport, ce demi-milliard de masques plus ou moins chirurgicaux à destination de la population n’a pas pu apparaître d’un coup de baguette magique. Face à cette incongruité, alors que de nombreux professionnels de santé ont souffert du manque de matériel de protection en première ligne contre la maladie, les questions fusent et la colère monte, si elle pouvait encore monter d’un cran.
In mémoriam.
A toutes celles, à tous ceux, qui sont tombés.
Nous ne les oublierons pas.
Nous n’oublierons pas...#COVID__19 pic.twitter.com/K4Abs9J0N0— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) May 1, 2020
Le chiffre de 400 millions de masques est peut-être même sous-estimé. Mais cette simple information a mis le feu aux poudres. Interrogé par France 3 Régions, Jean-Marie Guillermin, vice-président de l’ordre régional des pharmaciens et pharmacien à Toulouse, éructe :
« Nous sommes indignés. On nous a interdit de vendre des masques à des patients atteints d’un cancer, ou souffrant d’obésité. On nous a donné des stocks minimes, et nous avons dû les distribuer au compte-goutte aux professionnels de santé. Certains d’entre eux sont tombés malades, faute de protection. Et aujourd’hui, on nous annonce 400 millions de masques en vente dans la grande et moyenne distribution ! »
Les professionnels du secteur se lâchent à l’unisson :
Le coup de gueule d'une pharmacienne :
"On ne comprend pas comment d'un seul coup, la #GrandeDistribution a pu réunir un stock de 400 millions de masques !
Où étaient ces #masques avant ? "#MasquesPasMuseles#masques #MasquesGratuitsPourTous
pic.twitter.com/F5MZyHouNV— MayDee #PlusJamaisCa #PlainteCovid (@MaydayMaze) May 1, 2020
La question cruciale : depuis quand ces centaines de millions de masques dorment-ils dans les entrepôts de la grande distribution ? Le Monde avance des chiffres hallucinants : rien que pour Carrefour et Leclerc, les stocks se montent à près de 500 millions !
« Carrefour en annonce 225 millions, en plus des 70 millions réservés pour les salariés du groupe, mais la direction de l’entreprise précise qu’“il n’y a pas de stockage, les masques arrivent au fur et à mesure. Dès le 4 mai, on pourra en vendre 10 millions, à prix coûtant, pas en rayon, mais en caisse”. De tels chiffres ne supposent-ils pas un certain stockage, puisque ces masques sont reconditionnés par lots de 5 ou de 10, chaque client n’ayant droit qu’à deux lots ? Chez Leclerc, ce sont 170 millions de masques qui ont été “sécurisés” dans un premier temps, mais bien davantage à terme. Là aussi, un rempaquetage a eu lieu pour les vendre dès lundi par paquets de dix. Il est à noter que ce sont les PDG des groupes qui se sont déplacés dans les médias pour annoncer les quantités à vendre, les prix, le conditionnement, faisant clairement de ces masques si désirés un produit d’appel grand public pour leurs super ou hypermarchés. »
Tout ceci sent le scandale à plein nez, encore un ! On repense à la prédiction de Didier Raoult « ce sera sanglant », pour qui le scandale du coronavirus serait à l’égal de celui du sang contaminé. Les professionnels de santé réclament logiquement la réquisition de ces stocks :
« “Que ces stocks de masques aient été constitués depuis plusieurs semaines ou quelques jours, ils sont la manifestation qu’on ne cherche pas, ou plus, à équiper prioritairement les professionnels de santé, s’insurge l’ordre des infirmiers, par la voix de son président, Patrick Chamboredon. C’est intolérable et révoltant, alors que les équipements de protection nous font encore défaut”. Le même sentiment domine chez les médecins. “Nous sommes très en colère d’apprendre que des dizaines de millions de masques vont être vendus alors qu’on a dû gérer une pénurie profonde”, réagit Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil national de l’ordre. La distribution de masques reste très parcimonieuse – 12 chirurgicaux et 6 FFP2 par semaine pour les médecins. “La réquisition par l’Etat de ces stocks me semble la suite logique”, ajoute-t-il. » (Le Monde)
De deux choses l’une : soit ces masques ont été stockés par la grande distribution pour faire un carton et faire revenir les Français dans leurs magasins, qui étaient de plus en plus désertés et ce, même avant la crise sanitaire, soit ces masques sont arrivés très vite de Chine et d’ailleurs après les annonces du président Macron le 31 mars.
« “Les grandes enseignes déstockent des masques à prix coûtant en envoyant des cartes de fidélité à leurs clients, comme on aurait une promo sur l’essence ou le Nutella. Mais comment les autorités peuvent-elles tenir un discours aussi contradictoire ?”, s’insurge Gilles Bonnefond, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). »
Le Monde qui livre la réponse de la Fédération du commerce et de la distribution, qui s’est sentie évidemment attaquée :
« Pour la Fédération du commerce et de la distribution, qui a réagi dans un communiqué, “il n’y a pas de stocks cachés”. “Les chiffres annoncés par les enseignes concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement”, assure-t-elle. Pour éviter tout dérapage tarifaire, le gouvernement a annoncé, vendredi 1er mai, que le prix des masques à usage unique de type chirurgical serait réglementé à 95 centimes d’euros l’unité. »
Le ministre Agnès Pannier-Runacher a tenté de calmer les professionnels en déclarant le 1er mai sur RTL :
« Il y a une grande confusion entre les commandes de masques et ce qui est stocké en France. Chaque semaine, des masques arrivent effectivement nombreux, mais les millions de masques qu’annonce la grande distribution, ce sont des commandes organisées qui vont arriver progressivement. »
Parmi les trois organisations concernées de cette nouvelle problématique, il y en a forcément une qui ment : le gouvernement, la grande distribution, ou le corps soignant. On retire le corps soignant, qui a souffert du manque de masques (FFP1 et FFP2) depuis le début, il reste le gouvernement et les grandes enseignes. On verra qui dénonce qui dans les prochains jours...