Pauvreté endémique et insécurité empêchent beaucoup de Malgaches d’envisager un avenir proche plus brillant pour leur pays. Dans les conditions économiques actuelles, des criminels ont trouvé un gagne-pain sordide : l’enlèvement d’enfants.
Madagascar connaît depuis deux ans une brutale progression des enlèvements suivis d’extorsion. Les témoignages de calvaires glaçants se multiplient sur les forums et blogs malgaches.
Voici l’histoire d’Annie et Arnaud, telle que la raconte B. Nguma, un habitant de Toamasina à Madagascar, sur le blog Housseina Writing :
« Il y a quelques semaines, Annie et Arnaud, 2 enfants d’un opérateur dans le secteur du bois, ont été kidnappé à Tamatave. Les ravisseurs réclamaient une rançon de 3 millions d’euros en lançant plusieurs avertissements mais les parents des enfants n’ont pas les moyens de les payer. Les négociations étaient au point mort, mais un rebondissement macabre vient de transformer ce kidnapping en mise à mort. Annie, âgée de 14 ans, a été retrouvé morte à proximité de sa maison. Les premières analyses montrent qu’elle a été torturée pendant des heures avec un étranglement qui aurait provoqué sa mort. Les autorités tentent de retrouver Arnaud, mais la mort d’Annie laisse craindre le pire. »
Mbolatiana, une célèbre blogueuse malgache vivant à Antananarivo, a été émue par le calvaire d’Arnaud, un adolescent toujours séquestré par les malfaiteurs. C’est à lui qu’elle s’adresse :
« J’aurais bien voulu connaître le jeune homme que tu es dans d’autres circonstances. Petit frère, te voilà propulsé d’un coup dans un monde où la turpitude des grandes personnes règne sans limite. En quelques semaines, tu as été la victime de tous les maux de ce pays qu’est le nôtre : la corruption, le non-respect des droits humains, la violence à outrance, l’esclavagisme, l’état de non-droit. Certes, petit frère, trop malheureusement, tu es loin d’être le seul. Car ils sont des milliers à être quotidiennement traités comme des bêtes, sous nos yeux. Des enfants qui sont kidnappés et que l’on ne retrouve jamais, des enfants qu’on retient comme esclaves des familles en ville comme dans les campagnes, des enfants que l’on prostitue, des enfants que l’on vend et achète pour leurs organes. Et j’en passe.
Mais cela n’enlève en rien ma tristesse quand je pense à toi. Car comme tous les autres, tu es une proie. Du fond de mon cœur, j’espère vraiment qu’un jour très proche, tu puisses le lire ce texto, libre et en bonne santé. Mais où que tu sois, sache qu’il y a des choses que l’on ne peut nous enlever : l’espoir et la liberté. Des mots forts de sens. Je sais que c’est trop facile de le dire quand ce n’est pas soi-même qui est embrigadé, enfermé. Et je te comprendrais si tu ne partages pas mon point de vue face à ce que tu as vécu. Mais une chose est sûre petit frère, l’histoire a montré que les plus grands hommes et les plus grandes femmes qui avaient changé l’humanité, ces activistes endurcis, ces faiseurs de Nations sont « nés », se sont illuminés, dans les cages noires des prisons, sous la torture et les pressions des oppresseurs. J’espère vraiment que tu t’en sortiras, que tu en seras plus fort. Sache également que des gens qui ne te connaissent pas, comme moi, te soutiennent.
Petit frère, nous gardons espoir de te revoir. »