C’est le grand débat du moment, et pas celui du Président qui n’est que de la « com » : le grand débat porte sur l’utilité des radars, ces symboles de la ponction oligarchique. Les Gilets jaunes, dans leur colère, en ont détruit un paquet, on parle de 75% du lot. Une réaction qui rappelle celle du collecteur d’impôts pour le seigneur du coin qui se faisait hacher menu par les paysans en colère après une mauvaise récolte.
Aujourd’hui, les collecteurs sont technologiques, la ponction s’effectue à la source, et automatiquement... par des automates ! Nos ancêtres du Moyen Âge auraient pu y penser, diantre ! Donc le débat : les radars sauvent-ils des vies ? En réalité, la corrélation « radar = vies sauvées » est invérifiable. Même les courbes n’apportent rien. Officiellement, en 10 ans, 40 000 vies ont été sauvées... et les propriétaires de ces vies ne le savent pas ! Pourtant, quelques années auparavant, la norme était de dire que 10 000 vies avaient été sauvées en 10 ans... Peut-être est-ce parce que le parc de radars a été multiplié, on ne sait pas, avec les grosses têtes de Bercy.
On le voit, tout le monde se lance des chiffres à la figure, et personne ne peut prouver la moindre vie sauvée. Pourtant, il faut le reconnaître, certains radars placés là où la vitesse peut être dangereuse, sauvent potentiellement des vies. Oui mais quid de l’alcool au volant ? Des médocs au volant, responsables selon les stats officielles de 30% des accidents, les Français étant des grands mangeurs de psychotropes, qui altèrent le comportement, limitent les réflexes ?
On le voit, la vitesse n’est pas responsable de tous les accidents (elle vient en 2e ou 3e position seulement derrière l’alcool et la distraction) et les radars ne sont donc pas la panacée. Il y a toujours 3 000 à 4 000 morts par an sur les routes, et n’oublions pas les blessés, les paralysés à vie. La sécurité routière et sa communication sont nécessaires, mais la solution des radars ne suffit pas : les campagnes anti-alcool au volant n’ont par exemple pas beaucoup d’effet, même si les gendarmes piochent quelques bourrachos après les sorties de boîtes de nuit...
- Ce tableau ne prend évidemment pas en compte l’amélioration de l’état des routes, la fiabilité croissante des voitures, la baisse de l’alcoolisme...
Il y a dans les 4 450 radars français encore debout en 2018 (plus des deux tiers ont été neutralisés) à la fois une dimension sécurité, qui est acceptable, et une dimension ponction, qui l’est moins : l’État ne peut pas ne pas avoir d’arrière-pensée en matière de taxe ! Ces 4 000 et quelques collecteurs de fric sur pattes ont flashé 26 millions de fois ont rapporté près d’un milliard d’euros en 2017 avec un bond de 10% par rapport à 2016. La répression rapporte et il est sûr que l’avidité de l’État se cache derrière un impératif de sécurité publique. Le seul moyen de le savoir serait de mettre un peu partout des radars-leurres mais ils ne rapportent rien... et limitent quand même la vitesse ! Jusqu’à ce que des petits malins comprennent qu’ils ne sont pas taxeurs. Bref, le débat n’a pas de fin.
Ce qui est sûr, c’est que les Gilets jaunes ne s’en prennent pas à la santé publique – c’est plutôt l’exécutif qui blesse des milliers de Français ! – mais à l’extorsion publique sous prétexte de sécurité. En détruisant des radars, les GJ ne sont pas en train de détruire des vies, ce que le gouvernement veut nous faire croire. Les GJ sont adultes, responsables, et luttent pour sauver leur croûte de l’appétit insatiable de l’oligarchie.
Addendum
Le site officiel de la sécurité routière, donc issu du gouvernement, renverse la hiérarchie des facteurs d’accidents, mettant la vitesse en premier devant l’alcool et la distraction !
De plus, Wikipédia nous apprend une chose intéressante :
« Jusqu’en 2006, les carrefours non giratoires sont le lieu de 23 % des accidents, et 19 % des accidents mortels, les virages 40 % des accidents mortels, et les obstacles sur accotement 30 % des accidents mortel, la présence d’accès riverains ou commerciaux non aménagés 6 %. »
C’est-à-dire ? Eh bien que la vitesse n’est pas forcément le facteur déclenchant d’un accident dans ces cas. De plus, en 2006, 20% des accidents mortels étaient dus au non port de la ceinture de sécurité. Cerise sur le gâteau, la hiérarchie communément admise des accidents mortels est la suivante : l’alcool tue dans 28% des cas, la vitesse 26%, la fatigue 9% et le reste c’est la distraction ou la mauvaise conduite (code non respecté). Oui mais dans la vitesse excessive, il y a aussi l’alcool ! On ne dit pas que le gouvernement ment, mais dans ses stats officielles, il met la vitesse en premier, ce qui semble très orienté...
Dans tous les cas, faites gaffe !