Privilèges, c’est le mot qui a mis le feu aux poudres françaises à la fin du XVIIIe. La république, les républiques sont passées par là, les privilèges ont disparu, puis ils sont revenus, en catimini d’abord, puis de plus en plus ouvertement.
Aujourd’hui, le milliardaire ne se cache plus : c’est un bienfaiteur de l’humanité française souffrante. Les médias, pourtant de gauche, ont réussi à retourner la méfiance populaire. Maintenant, on se méfie du pauvre, qui nous attend au coin de la rue avec son couteau ou sa main tendue, paume en l’air, tandis que le riche, qui nous emploie, est devenu notre ami. Heureusement que les racailles font du bon boulot, sinon le stratagème n’aurait pas fonctionné.
Notez bien qu’on n’a rien contre les milliardaires, le problème, c’est que nos super-riches à nous ne sont pas des Elon Musk, des bâtisseurs d’empires : ce sont des profiteurs de la manne publique. Et on ne parle même pas des banques, qu’elles soient de dépôts ou d’affaires, tant elles se font du fric sans rien faire. On s’en occupera plus tard.
Il n’y a pas que le privilège d’argent, il y a aussi le privilège de rang, la nouvelle noblesse. Elle n’a pas de « de » dans son nom, avant son nom, mais elle bénéficie de privilèges, notamment vis-à-vis de la justice. Prenons un exemple, l’ordurier Raphaël Enthoven. Véritablement ordurier contre des adversaires politiques, il aurait dû être condamné ou au moins mis au ban des réseaux sociaux depuis longtemps. Curieusement, il est toujours là, bien en forme, et bien en cour. De plus, sa compagne dirige France Inter, puisque la fausse radio publique est directement liée au pouvoir exécutif. Ça aide, d’avoir le bras et l’oreille longs.
La dernière ordurerie d’Enthoven concerne Gaza. Il a osé écrire ça, alors que 220 journalistes, en majorité palestiniens, ont été abattus sciemment par l’armée israélienne :
Il n’y a AUCUN journaliste à Gaza.
Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse. pic.twitter.com/GSuU109uVt— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) August 15, 2025
Vous allez voir comment fonctionne un privilège « culturel ». Après ce tweet, le festival Livres dans la boucle de Besançon annule l’invitation du philosophe ordurier, à cause de ses propos « inadmissibles » sur les journalistes assassinés à Gaza.
Enthoven était invité pour présenter son livre, L’Albatros, qui parle de sa mère (ce faux philosophe ne fait que dans l’autofiction revancharde). Il avait déjà dégobillé dans un ouvrage précédent, quasi scato selon Le Monde, sur ses ex-compagnes, la fille BHL et Carla Bruni.
Déprogrammé du festival, le philosophe ordurier a répondu sur X, en expliquant que c’est lui qui accorde ou pas la « qualité de journaliste », rien que ça :
« Pour avoir dit qu’il n’y avait aucun journaliste à Gaza, j’ai été traité d’ignominieux, de "sommet de colonialisme exterminateur", de "nazi", d’"infâme ordure", de "complice du génocide", j’ai été menacé d’un "nouveau Nuremberg", et (comme à son habitude) un moustique obsessionnel a exigé de mon patron que je perde mon job.
La seule chose que je n’ai pas reçue, c’est l’identité d’un seul véritable journaliste à Gaza = qui travaille librement sans être lié au Hamas d’une manière ou d’une autre.
Dès lors, je persiste. À mon sens, il n’y a aucun journaliste à Gaza, car je refuse la qualité de journaliste à quiconque travaille pour une organisation terroriste. La détention d’une carte de presse n’y fait rien.
Le plus grave, c’est que c’est à ces terroristes déguisés en journalistes, tantôt combattants, tantôt hébergeurs d’otages, qu’on demande d’être impartiaux dans la description qu’ils fournissent de Gaza. »
La désinvitation de l’ordurier a provoqué un débat interne à la ville de Besançon, d’après France 3.
Contactée par France 3 Franche-Comté, Grand Besancon Métropole a réagi : « Les récentes déclarations polémiques de M Enthoven sont de nature à remettre en cause la sérénité du déroulement du festival littéraire Livres dans la boucle. Dans ces conditions, l’organisateur Grand Besancon Métropole a demandé au prestataire de la manifestation d’annuler sa venue fin septembre ».
L’opposition municipale, par la voix de Ludovic Fagaut, déplore quant à elle cette « censure orchestrée et manipulée par cette frange de l’extrême gauche qui appartient aujourd’hui à la majorité à la mairie ». « Dans une vraie démocratie, on confronte les idées, on échange, on débat, on se fait son opinion par la suite et bien sûr on prend position », souligne l’élu qui déplore une liberté d’expression bafouée par une municipalité qui ne fait qu’enchaîner les polémiques.
Cependant, et c’est là où intervient le privilège, de classe ou de culture, disons, c’est que l’organisation du festival, pourtant communiste, est revenue sur sa décision. Dieudonné n’a pas eu droit à un tel traitement, lors des nombreuses annulations de spectacles qu’il a subies. Le pire, dans cette histoire, c’est que les anti-génocidaires sont carrément pris pour de dangereux terroristes, puisque le philosophe ordurier sera présent, avec une sécurisation « adaptée » !
Dame, c’est le monde à l’envers. France Info explique ce revirement.
Avec la chute du pauvre Thomas Legrand (encore défendu par Libé) qui se débat dans les sables mouvants pendant que Liste Noire Cohen, aussi mouillé que lui dans le PS-gate (ou Cohen-Legrand-gate), peut continuer tranquillement sa propagande socialiste ou antidroitiste, nous tenons là un bel exemple de privilège, de classe ou de ce que vous voulez. Nous parlerons d’une nouvelle aristocratie, que l’on pourrait qualifier de tribale.
Il y a donc des gens invirables (on dit inamovibles, en bon français), malgré leurs délits ou dérapages. Cohen qui pourra. Pourtant, il n’y a aucun rapport entre le propagandiste du SPA et le philosophe ordurier. Ah, si, via madame Van Reeth, la compagne de Raphaël, à la tête de France Inter. La solidarité est une valeur !
On peut ajouter Finky à la liste. Le faux philosophe qui a pété les plombs plus d’une fois – il est notamment atteint d’une forme grave d’islamophobie – n’a jamais été écarté de France Culture, son émission Répliques étant la plus vieille du SPA. Le Wikipédia du secoué est un véritable acte d’accusation.
Voilà, on ne dit pas qu’il faut une nouvelle nuit du 4 Août, mais tout ceci est un petit peu embêtant pour la démocratie, la justice, la république, la tolérance, toutes ces belles choses dont les médias nous farcissent les yeux et les oreilles du matin au soir. Imaginez, si nous, on ose dire que Machin est un « sale génocidaire », c’est quarante policiers en armes de guerre qui défoncent notre porte (plus rapides que pour le Bataclan), saisissent le matériel, et direct le bagne, à Tataouine ou en Guyane !