La colère ne cesse d’enfler dans les rangs des policiers, après l’agression de quatre d’entre eux dans l’Essonne. Ils dénoncent un manque de moyens et de personnel. Ils pointent aussi du doigt l’abandon du renseignement sur le terrain.
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Et le moins que l’on puisse dire est que les policiers sont furieux. « Près de la rupture, dit l’un d’eux, celle après laquelle on ne voudra plus mourir pour le pays, faute de se sentir soutenus par l’État. Aucun collègue n’ose plus sortir son arme de service de peur d’être emmerdé par l’administration... »
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« Il faut refaire du renseignement », dit un officier, navré que l’État ait lâché sur ce terrain après les émeutes de 2005. « Oui, clame un brigadier, fâché contre les discours de la classe politique, il y a des zones de non-droit. Ce sont des quartiers où on ne peut pas rentrer à moins de 30, où les pompiers et les médecins ne viennent pas sans être accompagnés par des policiers. » Dans les rangs, certains ne cachent pas leur envie d’en découdre avec ces agresseurs, mais ils en resteront (pour le moment) aux intentions.
Les mots forts de Manuel Valls et l’indignation affichée par Bernard Cazeneuve ne sont pas très audibles. Surtout quand le ministre de l’Intérieur parle de « sauvageons » alors qu’ils ont vu, eux, des assassins. « Vous avez raison de réclamer des renforts et du matériel », leur disent-ils, mais l’essentiel des efforts de l’État, depuis près de deux ans, porte sur les services spécialisés en première ligne face au terrorisme. Le « service général », comme on appelle la Police Secours, « a toujours été la dernière roue du carrosse », rappelle un fonctionnaire en poste dans ce département du sud de la capitale.
Les voitures ont toutes plus de 140 000 km au compteur, quand elles ne sont pas au garage, mais ils feraient avec s’ils avaient le sentiment qu’on leur donnait les moyens de renverser le rapport de forces dans ces cités où ils sont en situation de faiblesse. « On ne tape pas où ça fait mal, l’économie souterraine, se plaint notre interlocuteur. On s’occupe de la surface des choses et on protège des caméras, des personnalités et des édifices religieux. Et, pendant ce temps-là, ils nous attaquent frontalement. »
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