C’est le titre du Monde en date du 18 mai 2018. Au fait, pourquoi « explosives » ? Parce qu’en France, la part de pauvres qui vivent des seules prestations sociales ou presque s’élève à 12 millions de personnes. Un Français sur cinq (et demi) est pauvre. Mais les suivants ne sont pas riches pour autant. Avec Macron, l’homme de la Banque, tout le monde va y perdre, sauf le premier cercle de l’oligarchie. C’est comme ça, les banquiers : ça pompe la masse pour faire remonter l’argent vers l’élite. Le ruissellement va dans l’autre sens que celui de la gravité.
C’est Le Monde qui a sorti le scoop, donc on va reprendre – avec infiniment de respect pour la mémoire de Pierre Bergé – la substantifique moelle de l’article. Il s’agit d’une note interne de Bercy (le ministère de l’Économie et des Finances, c’est-à-dire du Pompage du pognon des pauvres, ou PPP) que le journal s’est procuré. À ce stade de la compétition, autant parler cru : en général, quand un journaliste mainstream chipe un document politique brûlant, c’est que le politique a intérêt à organiser la fuite vers le médiatique.
Et pourquoi ? Eh bien pour tester la bête, la Bête immonde qui ne fait que renâcler quand on la tond. La fuite organisée est un sondage in vivo. Toujours mieux vu que de payer un institut qui remontera 1 300 opinions par téléphone... La folie des sondages d’image, qui a contaminé Sarkozy puis Valls, qui y ont englouti pas mal d’argent des Français – toujours le troupeau qu’on tond – et qui leur a causé pas mal de tracas, a servi de leçon à Macron, qui apprend des erreurs des autres. On apprend rarement de ses propres erreurs, vu qu’on les justifie. On apprend des erreurs des autres, qui servent un peu à ça, en politique.
Nous voilà avec une coproduction Le Monde-Gouvernement qui nous prépare une baisse des aides sociales. Pourquoi hurler ? C’est prévu dans le programme ultralibéral de cette Thatcher à la française. Il n’y a que les imbéciles qui ont rêvé d’une France de millionnaires, de winners, de gagnants-gagnants avec Macron. On le répète : le haut gagne toujours. Maintenant, passons aux mesures en gestation. N’oublions pas que le social pèse pour « 26% des dépenses publiques », écrit avec perfidie Le Monde.
Déjà, l’expression du « poids croissant » ça vous a un côté parasite, glandeur, bouche inutile. Autant dire que 12 millions de Français sont des nuisibles. Le « social » est justement là pour corriger un peu les inégalités naturelles : Mohamed dans sa cité, malgré l’école de la République, en sortant de son bac pro, a 150 fois moins de chances de faire Polytechnique qu’un fils de profs de fac (ce sont leurs rejetons qui squattent les grandes écoles, surtout pas l’université, pas fous les frelons de gauche).
Les minima sociaux seront alloués en fonction du patrimoine et de la recherche d’emploi, apprend-on. Des versements corrélés à des efforts, à une démonstration de volonté. Les allocations familiales risquent d’être « gelées », mais pour ceux qui s’intéressent à la chose, les familles qui gagnent « assez » ont déjà vu leurs allocs baisser drastiquement. On parle de 2018, pas de 2019 ou 2020. Les critères d’attribution de ces aides vont être revus, et à la loupe. L’aide sera de plus en plus liée à un désir de reprise d’activité.
Mais pour cela, il faudrait qu’il y ait plus de travail, pourrait-on rétorquer. D’un autre côté, on sait qu’il y a pas mal d’emplois vacants (un demi-million), mais que les jeunes ou les moins jeunes rechignent à prendre. On pense au secteur de la boucherie. Personne ou presque pour se lever tôt (et encore, moins tôt qu’avant !), bosser le samedi, parfois le dimanche matin (pour le gigot du bourgeois), puis reprendre une affaire. Trop dur ! Ils veulent leurs week-ends pour sortir, les jeunes !
On ne jette pas toute la pierre (de Palestine) au gouvernement. Mais il faut admettre que les prélèvements sur les entreprises, surtout les artisans, commerçants et autres TPE sont tels qu’embaucher devient un chemin de croix. De ce côté, le gouvernement pourrait lâcher un peu la bride à ces entreprises qui n’intéressent pas le MEDEF, ce syndicat qui fait la pluie et le beau temps à Bercy. Et dont les membres issus du CAC40 engloutissent une aide considérable. Le social, de ce côté, on en entend peu parler... C’est le social des riches !
« Le champ social (…) doit être audité »
Entrons dans un exemple concret : un étudiant dont la famille peut subvenir à ses besoins devra choisir entre papa-maman et les APL. Il ne pourra plus avoir les deux. Mais l’exécutif craint des manifestations monstres d’étudiants... Idem pour les bourses, qui concernent désormais 27% des étudiants : il s’agit d’« accroître le ciblage ». Ce qui veut dire « plus » pour « moins ». Plus de fric pour moins d’étudiants. On rappelle que sous les socialistes, les bourses ont été saupoudrées, donc il s’agirait d’un retour en arrière. Donner aux vrais nécessiteux. Pour les autres, une société à la britannique se dessine. De l’autre côté de la Manche, des compagnies privées de chemin de fer cherchent à être nationalisées... L’État, c’est quand même pratique !
Mais il n’y en a pas que « pour » les étudiants : les bénéficiaires du RSA, du minimum-vieillesse, les inactifs, les anciens, les familles, tous vont mettre la main à la poche et reverser généreusement aux amis de Macron & Attali. C’est ça, la solidarité, le ruissellement du bas vers le haut. Normal, la France est à l’envers.