Les comptes Twitter, Facebook ou YouTube de « haters » qui propagent des idées racistes ou homophobes sont légion. Mais ils n’ont pas tous le pouvoir de diffusion que s’est créé un youtubeur. Sous le pseudonyme de Raptor Dissident, il cache son identité mais pas ses intentions. Ses vidéos sont là pour « livrer une bonne dose de haine ». Sans ironie. Sa chaîne YouTube rassemble 500 000 abonnés et chacune de ses vidéos est vue plus d’un million de fois. Ses cibles : les « bobos gauchistes », les féministes, les autres youtubeurs, les politiques… Tout y passe. Proche des milieux d’extrême droite et notamment d’Alain Soral, le Raptor Dissident s’attaque aussi dans sa dernière vidéo à Marine Le Pen, qu’il renomme « Malika : femme de gauche ».
Ses vidéos ont tout pour plaire aux plus jeunes : un montage hyperactif, des propos agressifs ponctués d’insultes, un culte de la virilité, un débit de parole ultrarapide qui lui permet d’enchaîner 50 arguments à la minute, quitte à perdre ses spectateurs dans un flot de fausses informations. Et la formule fonctionne. Le Raptor Dissident a su créer une communauté de fidèles qui prend le relais de ses vidéos sur les réseaux sociaux. En 2016, le Raptor s’attaque à la youtubeuse Marion Séclin qui fait des vidéos sur le féminisme.
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Ils n’épargnent personne. Jeunes, vieux, inconnus ou célébrités, les « haters » et autres trolls s’attaquent à tout ce qui leur tombe sous la souris. « Cyberhaine » mais harcèlement bien réel, leurs méthodes de persécution conduit leurs proies à fuir les réseaux sociaux pour leur échapper.
« Twitter aujourd’hui est devenu un tel déversoir de haine que je n’ai plus de plaisir à communiquer. » Karine Le Marchand la présentatrice de L’amour est dans le pré et d’Ambition intime sur M6 s’en va. Elle quitte Twitter. La polémique qui a suivi son message le jour de la Journée des femmes l’en a dégouté.
Comme Laurence Boccolini avant elle, le chanteur Benjamin Biolay, Michel Cymes, la militante féministe Caroline de Haas ou encore l’ancien patron du PS Jean-Christophe Cambadélis. Et cette liste n’est pas exhaustive. Tous expliquent leur retrait par la recrudescence de messages haineux.
Ces derniers mois, le site de micro-blogging a connu une vague de départs de personnalités médiatiques. Twitter s’en remettra certainement, mais ces défaillances, relayées par la presse ou par les partants eux-mêmes, résonnent comme un avertissement.
Le médecin et animateur Michel Cymes, comptait lui 237 000 abonnés sur Twitter, mais las de subir l’agressivité de certains internautes, il a fermé son compte. « Malheureusement, le réseau social est devenu aujourd’hui un réceptacle, un déversoir permettant à ceux qui n’ont que de la haine ou de l’agressivité à proposer, de s’exprimer », a-t-il écrit pour expliquer son départ. Même constat du côté de Karine Le Marchand, qui s’en prend également à la « presse putaclic qui crée des faux buzz en relayant quelques tweets haineux ». Et l’animatrice de conclure en écrivant : « À mon âge je suis capable de discernement. » Mais quelquefois, il est trop tard, la torture est trop dure à supporter, il n’est plus question de discernement.