Chaque président de la République, à côté de la valise nucléaire, détient la décision finale d’opérations spéciales d’élimination d’ennemis de la France. On appelle ça les opérations « homo », pour homicide, et ce sont deux services qui se les disputent : le SA de la DGSE et le COS. Nous verrons ce que recouvrent ces sigles plus tard. François Hollande s’était vanté de cette prérogative devant les deux enquêteurs du Monde Davet & Lhomme. Sa vantardise a fini dans leur livre et les critiques – légitimes – s’abattront sur l’impudent : la peine de mort est censée être abolie en France. Et là, un président se vante de l’appliquer, selon son bon vouloir (et les renseignements militaires, bien sûr). Mais dans l’opinion, cette épée vengeresse, cette punition divine est bien vue. On rappelle qu’une majorité de Français est toujours pour la peine de mort, et éventuellement son rétablissement. Récemment, Le Figaro a fait état des éliminations décidées par le président Macron dans un grand sujet sur les guerres du renseignement et la concurrence interne entre militaires et barbouzes. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le jeune président se lâche par rapport à ses prédécesseurs !
Tout commence le 9 août 2020 par l’assassinat des 6 « humanitaires » membres de l’ONG Acted et de 2 Nigériens les accompagnant dans une réserve du Niger par un groupe djihadiste. Macron réunit un Conseil de défense, tape du poing sur la table et réclame la neutralisation des commanditaires.
Quatre jours plus tard, des commandos français héliportés détruisent des camps logistiques de l’EIGS dans la région du Gourma et du Liptako. Dans la matinée du 17 août, un drone Reaper de l’armée de l’air, qui survole la frontière malo-nigérienne repère plusieurs individus, considérés comme membres des « groupes armés terroristes », l’EIGS en l’occurrence.
Roulant vers un bivouac à moto, les suspects sont bientôt rejoints par un pick-up avec des occupants présumés complices. Le feu vert est donné pour une « neutralisation » immédiate : le Reaper largue une bombe guidée au laser sur le pick-up, avant qu’une patrouille de deux Mirage 2000D, dépêchée depuis la base de Niamey, détruise le bivouac, tuant plusieurs « terroristes ».
« La France n’est pas restée inerte » (Le Figaro)
On se doute bien que l’Élysée, via Le Figaro, passe un message : la France ne laisse pas ses agresseurs impunis (dans ce cas, pourquoi ne pas envoyer des drones Reaper achetés aux Américains pour punir les racailles des cités qui tuent des citoyens français, pourrait-on se demander). Deuxième message sous-jacent : nous sommes en guerre contre l’islamisme, là-bas (au Sahel) comme ici (sur le sol français). On voit que 18 mois avant le premier tour des présidentielles 2022, Macron durcit le ton, vire à droite (vers le national-sionisme sans y toucher), et axe sa campagne sur la sécurité et la lutte contre « l’ennemi » intérieur. Du pur Manuel Valls dans le texte ! Sinon, toute cette opération serait restée secrète.
Le Figaro enchaîne dans une opération de communication publicitaire présidentielle digne de la Pravda :
Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron affiche ainsi sa résolution martiale et sa volonté de punir. Depuis son élection en mai 2017, il a endossé les habits de chef de guerre avec autant de détermination que son prédécesseur François Hollande. « C’est une lame froide », confie un haut gradé militaire qui le côtoie. « Il analyse et tranche vite », ajoute un de ses conseillers. « Il assume pleinement ses responsabilités constitutionnelles de chef des armées, avec toute la gravité que cela implique, sans hésitation », précise la députée (LREM) Françoise Dumas, présidente de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale.
La différence avec François Hollande, c’est qu’Emmanuel Macron n’hésite pas à exiger l’élimination de djihadistes opposés à la France, qui sont de nationalité française. Jusqu’à présent, La République en marche et ses représentants communiquaient sur le fait que les djihadistes français en Irak ou en Syrie, en prison ou en liberté, devaient soit rester là-bas, soit être jugés en France. Sachant que les autorités irakiennes les gardaient par exemple dans des prisons où tout était possible... En gros, comme le font les Américains avec leurs prisonniers islamistes, on délègue le sale boulot à des pays qui n’offrent pas la même protection des droits des accusés (Égypte, par exemple).
Dans sa logique de nouveau chef de guerre, dont il a endossé la tenue avec excitation, le banquier de Rothschild devenu Président a augmenté le budget de l’armée. Pour la loi de programmation militaire 2019-2025, ce sont 1,7 milliard par an en plus, portant le total à 295 milliards, tout ça en venant de la gauche. Macron en a profité pour changer de CEMA (chef d’état-major des armées), il prend goût aux Conseils de défense et avale chaque jour, écrit Le Figaro, une note de synthèse des six principaux services de renseignement. Et on sait qu’en France non seulement ils se tirent la bourre, mais cloisonnent parfois les informations. C’est d’ailleurs la critique et l’explication (officielle) principale des attentats sanglants de 2015, plus précisément de l’incapacité de nos services à les avoir prévus, ou sentis. Tout cela figure dans le rapport parlementaire des députés de droite-gauche Fenech et Pietrasanta.
Il est vrai que la situation internationale, tendue sur de nombreux terrains, est propice à cette augmentation de la tension politique :
Emmanuel Macron est également en ligne directe avec le directeur de la DGSE, Bernard Emié, expert de l’Afrique du Nord, du Proche et Moyen-Orient, très précieux pour décrypter les événements, qu’il s’agisse des tractations entre factions libyennes, des tensions avec la Turquie, de la crise au Liban, en passant par les liens renoués en Irak ou le dialogue compliqué avec l’Iran. Féru de renseignement, le Président s’est rendu au moins à deux reprises au siège de la DGSE, boulevard Mortier, à Paris. D’abord le 30 août 2017 pour délivrer un message très clair : il faut neutraliser les terroristes par tous les moyens possibles. Et une deuxième fois, le 8 novembre 2019, pour inaugurer un monument en hommage aux morts de la DGSE.
Illustration de la concurrence entre les services... action :
Adepte d’un pilotage en « rênes courtes », Emmanuel Macron n’a pas hésité à déclencher des opérations radicales, qu’elles soient menées, de manière discrète, par les forces spéciales en uniforme sous l’égide du Commandement des opérations spéciales (COS) ou, de façon clandestine, par les commandos du Service Action (SA) de la DGSE. François Hollande avait assisté, parfois ébahi, à des prises de bec entre les responsables du COS et le fougueux Bernard Bajolet, alors directeur de la DGSE, sur leurs rôles respectifs – au point de déclencher des polémiques, comme en témoigne le général Christophe Gomart. Emmanuel Macron, quant à lui, essaie d’imposer une meilleure coordination entre les forces d’élite, jugées complémentaires.
Selon Vincent Nouzille du Figaro, et selon ses informateurs, les commanditaires principaux des attentats de Paris en 2015 auraient été neutralisés. Là aussi, est-ce un fait ou un message adressé aux Français, et à la frange nationale-sioniste montante ? Pour mieux comprendre, nous allons diffuser deux gros paragraphes sur la traque des djihadistes français, en espérant que Le Figaro comprendra que c’est nécessaire pour la compréhension du sujet.
Les actions « létales » s’enchaînent à vive allure. Tout d’abord en marge de la guerre contre Daech en Syrie et en Irak, menée au sein de la coalition Inherent Resolve. Lors de la phase finale du siège de Raqqa, début octobre 2017, l’Élysée donne des consignes pour que les combattants de l’État islamique (EI), dont beaucoup de Français, ne puissent s’échapper de leur enclave encerclée. « Pas de quartiers », telle est la ligne, soutenue par Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, partisan de la méthode dure, et par Florence Parly, qui explique que si des djihadistes français périssent dans les combats à Raqqa, « c’est tant mieux ». La DGSE, présente sur place avec les forces spéciales aux côtés des FDS, les alliés arabo-kurdes de la coalition, intervient en ce sens. Mais les FDS préfèrent négocier une reddition avec les combattants de l’EI, ce qui permet à plusieurs centaines d’entre eux de quitter la ville sans encombres.
Raqqa conquise, les soldats de l’ombre et les agents de la DGSE traquent sans relâche, en Syrie, les djihadistes étrangers toujours en fuite, notamment les francophones. Objectif : limiter au minimum les retours en France. En tête de la liste « kill or capture » figure Oussama Atar, un belgo-marocain, considéré comme le « cerveau » des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, ainsi que les frères toulousains Jean-Michel et Fabien Clain, dont les voix ont revendiqué les attentats. Ayant mutualisé ces « objectifs » avec les Américains, les Français ne sont pas surpris d’apprendre qu’Oussama Atar aurait été tué par une frappe de drone américain en Syrie le 17 novembre 2017. Les forces spéciales et la DGSE continuent d’épauler, avec des commandos américains, les FDS pour anéantir les dernières poches de l’EI. Des renforts sont envoyés en avril 2018. Dans le bastion de Baghouz, en février 2019, des missiles américains ciblent les frères Clain, présumés morts depuis lors. À l’Élysée, Emmanuel Macron se réjouit qu’au terme d’une longue chasse, commencée sous Hollande, plus d’une vingtaine de commanditaires ou de complices présumés des terroristes liés aux attentats de Paris aient été « neutralisés » en Syrie et en Irak. La France s’est vengée à sa manière.
Même chose au Sahel, au cours de l’opération Barkhane, qui aurait vu 450 djihadistes éliminés. Nous rappelons que 5100 militaires français s’activent là-bas en permanence, et que cette difficile occupation du Sahel coûte 4 millions par jour au contribuable français. Sachant qu’il y a toujours des coûts et des surcoûts cachés dans les OPEX (1,1 milliard en 2015), ce que la Cour des comptes (désormais pilotée par Moscovici) a dénoncé dans l’un de ses rapports en 2016. Mais bon, en matière militaire, tout le monde se fout des rapports de la Cour des comptes.
L’article de Nouzille se termine sur le changement de paradigme élyséen : sous Hollande, écrit-il, l’armement des drones « avait été refusé pour des raisons éthiques ». Macron, lui, n’a pas les scrupules de son prédécesseur :
En septembre 2017, Emmanuel Macron a donné son feu vert pour que les Reaper puissent être, à l’avenir, dotés de bombes et de missiles. « C’est une arme efficace et complémentaire, utilisée comme le sont les chasseurs et les hélicoptères de combat », plaide un officier supérieur. Le 21 décembre 2019, le premier Reaper armé français a tué sept djihadistes dans la région de Mopti, au Mali. Depuis, il ne se passe quasiment guère de semaine sans que les Reaper frappent des cibles au Sahel. Avec ces engins de guerre presque invisibles, Emmanuel Macron dispose d’un permis de tuer sans commune mesure avec celui de ses prédécesseurs. Il s’en sert sans aucun état d’âme.
La nouvelle guerre française au Mali, et autour, ressemble à ces guerres américaines ingagnables parce qu’asymétriques, avec des drones ou des hélicos de combat qui mitraillent ou bombardent tout ce qu’ils peuvent au sol, sans s’y aventurer vraiment, car la guerre au sol ne peut pas être gagnée. Pour ce qui concerne Barkhane, seuls les soldats tchadiens, très expérimentés dans ce genre de combats, savent poursuivre et dénicher les rebelles ou djihadistes qui se planquent dans les grottes et montagnes.
L’Amérique a connu son « Viêt Nam » de 1965 à 1975, l’URSS le sien en Afghanistan entre 1979 et 1989. La France s’enlisera-t-elle au Sahel, même si l’engagement n’est pas comparable ? La solution, même de hauts gradés le reconnaissent, ne peut être que politique. Mais quand un président a besoin de démonstrations de force pour redorer son blason très tâché à l’intérieur (répression des Gilets jaunes, répression sanitaire délirante), et de le faire savoir par voie de presse, alors c’est une autre histoire.
Le nouveau jouet du Président coûte cher aux Français en euros, mais peut leur coûter encore plus cher en attentats, dont les bénéfices iraient dans la poche des nationaux-sionistes...
Bonus : Macron, qui s’attaque au séparatisme islamiste radical,
oublie le séparatisme sioniste principal !
Tout ce qu’énonce le commentateur peut être appliqué au sionisme !
« Force est de constater qu’il y a un islamisme radical, qui conduit à nier les lois de la République, qui conduit à banaliser la violence, et qui a conduit certains de nos citoyens, de nos enfants, à choisir le pire, ou à considérer que le pire était devenu naturel. » (Emmanuel Macron aux Mureaux, le 2 octobre 2020)
"Force est de constater qu'il y a un islamisme radical qui conduit à nier les lois de la République et qui a conduit certains de nos citoyens, de nos enfants, à choisir le pire ou à considérer que le pire était devenu naturel."
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— franceinfo (@franceinfo) October 2, 2020