Dans "Je ne suis pas Diam’s", la journaliste tunisienne estime que la majorité des musulmans de France aspirent à la "ressemblance". Interview.
Le Point.fr : Pourquoi interpeller Diam’s ?
Fawzia Zouari : Quand j’ai vu ses apparitions médiatiques, je me suis dit qu’elle ne pouvait pas parler en mon nom, je ne me reconnaissais pas en elle, ni dans son islam ni dans sa conception du vivre-ensemble, j’avais l’impression qu’elle ajoutait du mal au mal. Ce mal, c’est le fossé qui se creuse entre les musulmans de France et la société dans laquelle certains ne se reconnaissent plus, et s’en éloignent. Il fallait absolument que les musulmans comme moi parlent, avec une parole « nouvelle », car finalement personne ne représente ce « nous ». Ce « nous », c’est la majorité des musulmans de France, laïcs. Et puis je pense qu’il faut arrêter avec le discours victimaire, qui fait que je m’interroge : ne sommes-nous pas pour quelque chose dans ce malaise avec la République ? Le propos peut choquer, tant nous n’avons pas l’habitude de faire de mea culpa. Il ne s’agit pas d’être dans le déni de soi ou dans l’accusation des miens, mais d’inciter les musulmans à sortir du statut victimaire.
N’est-ce pas vain, tant l’islam radical, bien que minoritaire, sera toujours plus audible que l’islam de cette majorité apaisée ?
Le but est justement de libérer la parole laïque. Une Française musulmane prénommée Fatima n’est pas automatiquement islamiste, pourtant, si elle met le voile, elle est le relais de cette idéologie. Réclamons la ressemblance et non plus la différence ! On peut facilement vivre sa religion en dehors de l’espace public, ce qui évite de se mettre « à part » de la société. L’idée est d’être des citoyens comme les autres.