Un petit tour de manège dans les médias français, histoire de prendre la température dans le derche imposant de la propagande. Décidément, plus on regarde dans les tuyaux, et ce qui en sort, plus on se dit qu’on a fait le bon choix, éditorial, politique, économique. Cela peut paraître présomptueux. Jugez vous-même.
Le Monde dévoré de l’intérieur
« Notre directrice des publications, Natalie Nougayrède, s’est fait sévèrement accrocher, le 19 mars, en comité de rédaction où se pressaient 120 journalistes. Elle a été incapable de détailler quelle ligne éditoriale elle entendait suivre et selon quels critères avait été élaboré le nouvel organigramme [1]. »
C’est signé du représentant du SNJ (syndicat des journalistes) au Monde, qui fait de la résistance. Quand une grossière propagandiste de l’OTAN est nommée à la tête d’un quotidien, la gauche rédactionnelle met un an à se réveiller. Il lui faut les premières charrettes, décapitations et censures pour réaliser le danger. On aimerait bien déciller les yeux de nos collègues socialisants, mais il faut qu’ils fassent, comme des enfants, leur apprentissage de la libération tout seuls. Le renard est entré dans le poulailler, trop tard pour organiser une défense, les gars. Joyeux combat, on attend les survivants dans le maquis.
Naulleau défend la Culture au Grand Journal
A y est, ouf, Naulleau est revenu du bon côté de la matraque. Le voilà invectivant Karim Ouchikh (!), conseiller (!) culturel (!) de Marine Le Pen, en dénonçant le projet culturicide du Front national à chaque fois qu’il a été aux affaires. Un genre d’anachronisme mais bon. C’est vrai que d’annuler des concerts de tocards subventionnés, des installations dramatiques pour l’œil, ou des expos photo de fion, c’est un crime contre l’Art. Ceux qui tremblent c’est l’armée mexicanos des 106 000 intermittents de France, ouvriers culturels plongés dans l’angoisse devant les menaces de déremboursement. Devront-ils rejouer la grand-messe hitlérienne dans un Stade de France relooké Nuremberg, avec flambeaux et uniformes noirs, pour garder leur Arbeit ? Si le cachet est bon…
Les Inrocks sauvés par le cul
Extrait :
« Ahuri, Emilio raconte ses week-ends sans fermer l’œil. “C’est fou Paris, les gens sont hyper délurés. Mais y a un moment où je vais arrêter, enfin je crois.” Emilio ne sait pas pourquoi il pousse la teuf aussi loin. Si ce n’est qu’il a “besoin de partager, tout le temps. J’ai grave peur de la solitude.” »
Ça s’appelle « Sex, drugs and bisounours : plongée au cœur d’une jeunesse décomplexée », et c’est du travail journalistique de haute volée. D’après nos calculs, à ce rythme éditorial, Les Inrocks devraient être rachetés par Xavier Niel dans moins de 12 minutes. Ah non, pardon, le titre a déjà été racheté par son pote Pigasse. On se demande bien pourquoi. Ah si, les grandes fortunes se servent des titres en perdition pour défiscaliser à travers leurs holdings, comme le démontre Jean Stern, dans « Les patrons de la presse nationale. Tous mauvais ». En appauvrissant un titre, on le rend dépendant et soumis, on maintient une certaine pression sur le pouvoir politique, et on gagne en baisses d’impôts. Même schéma pour la justice en France : personne parmi les politiques ou les grands patrons n’a intérêt à créer une justice puissante et indépendante. Ceux qui se plaignent du mauvais état de la justice nous font rire. Oh, vous allez où, là ?
375 journalistes pour ça ?
Le Monde papier et lemonde.fr, c’est une armée de 375 journalistes. Celle de France Télévisions en comporte 1 500 : 30 % des cadres qui forment 50 % de l’effectif total, évalué à 10 000 (personne ne sait vraiment), avec rien moins que 7 étages hiérarchiques. Pour faire du TF1 de pseudo-gauche avec une pelletée de propagande. Au secours. Le seul intérêt de cette division d’infanterie grassement rémunérée (le pack d’indemnités pour les partants est à 140 000 €), c’est de ne pas faire 1 500 journalistes au chômage de plus. Certes, il y a des programmes dits « intelligents », et tout le monde ne les consomme pas. Les tenants du service public affirment que si FT était privatisée, ce serait pire, une énorme M6. Et puis, il en faut pour tout le monde. Bon ben, on remballe notre critique. Et on laisse le mammouth crever sous son propre poids.
C à dire , C à vous… C à chier
- Lapix et sa bande de suceurs… de redevance
France 5 se lance dans le talk show cheap bien-pensant de proximité. Après C à vous et C à dire, voici C à chier, une émission faite avec les fonds de tiroirs et les tocards de France Télévisions. L’idée est de recevoir chaque jour un débiteur de banalités qui entretiendra l’illusion du débat démocratique. Comme si la démocratie était un débat. Non, la démocratie c’est entendre ce qui ne nous fait pas plaisir. Il n’y a pas de démocratie, que des preuves de démocratie. Et là, on les attend toujours.
Lutte intestine Ménès/Iannetta
Impossible que ces deux-là soient ensemble en plateau sans se lancer des perfidies à la tête. En même temps, c’est logique : Nathalie est le symbole du féminisme et de la bienpensance canalienne, tandis que Pierre, c’est le contraire : un gros macho malpensant, et qui ne s’en excuse pas. Nathalie est très énervée parce que Ménès prend la place et la popularité, et qu’elle n’a jamais été populaire. Pas parce qu’elle serait une femme, non, mais parce qu’elle est politiquement correcte. Ménès, lui, casse les discours lisses, apporte de l’info fraîche, et balance ce qu’il pense malgré le dispositif et l’investissement (540 millions d’euros sur la période 2016-2020 pour la LFP) que représente le sport roi pour la chaîne. Ménès n’hésite pas à renvoyer dans les cordes des chroniqueurs et même des invités. Ne vous y trompez pas : c’est par nécessité que la chaîne fait cohabiter la chèvre et le loup.
Presse : le caniveau ou le cimetière
Eric Fottorino, un ancien président du directoire du Monde (favorable au rachat du titre par Bergé/Niel/Pigasse… qui l’éjecteront pour Louis Dreyfus), sort « Le 1 », nouvelle expérience de presse : un journal qui focalise chaque semaine sur un unique sujet de débat, qu’il développe avec des journalistes, philosophes et autres enseignants. Dans le n°1 du « 1 », des articles et témoignages de Costa Gavras, Tahar Ben Jelloun, ou Erik Orsenna… Tout ça pour délivrer le digest habituel, qui a mené la presse où l’on sait. Car l’investisseur est le mécène du « cercle de réflexion Terra Nova », qui a échoué à renouveler et le logiciel et l’électorat de gauche chez les nouveaux Français. Précision : ce nouvel organe de la bienpensance coûtera 2,80 €. De la propagande, pourquoi pas, mais gratuite, alors !
Le transfert du siècle
- Natacha s’énerve contre la gauche
Natacha Polony, qui a quitté Ruquier et On n’est pas couché, est pressentie au Grand Journal de Canal+. C’est vrai que l’équipe d’Antoine de Caunes manquait d’un point de vue bien-pensant (de droite ou de gauche, c’est la même chose) supplémentaire. Un renfort dans l’axe, qui ne changera rien à la liste des bons et des méchants qui fait office de règlement intérieur sur la chaîne cryptée. Critiquer l’école publique, la spécialité polonyaise, c’est facile. Dire la vérité sur le système médiatico-politique, autant nourrir la main qui vous mord. Sinon, bravo pour avoir énervé l’insupportable Aymeric Caron, qui nous pose une question : comment peut-on être à la fois journaliste et aussi convaincu d’avoir raison ? N’est-ce pas la définition de la connerie selon Audiard ?
Le grand écart foot/info de Canal+
Comment dézinguer beIN Sports et le Qatar, qui possèdent le club parisien et des droits sur le foot français, tout en magnifiant un PSG super vendeur auprès d’un public français frustré de victoires européennes ? C’est l’équation schizophrénique à laquelle sont confrontées les équipes des services des sports de Canal. En plateau, c’est simple : on balance sur les sales habitudes antidémocratiques des Qataris (contrats douteux, morts d’ouvriers sur les chantiers, opacité), et on applaudit les résultats inespérés de la bande à Zlatan, nouvel épouvantail européen, malgré la rechute Chelsea. Finalement, les contradictions, c’est de la branlette cérébrale pour philosophes. Dans la réalité, tout le monde s’en fout ! Marier la chèvre, le chou et le loup ? Je te fais un mariage blanc sans problème, mon frère !
Aidons Libération (à disparaître plus vite)
L’euthanasie est en débat, actuellement. Le mourant de la semaine, c’est le quotidien Libération, que plus personne ne lit, à part trois Rastignac homosexuels qui sèchent leurs cours dans une école de journalisme parisienne, à deux pas de l’Hôtel de Ville. Au lieu de crever en beauté, comme Hitler dans son bunker, le joujou de Rothschild n’en finit pas d’agoniser et ce, depuis des années. En plus le peuple refuse de payer la rançon. Dans ce journal, à part la maquette et la photo (bravo en passant au DA), tout est à jeter. Rubriques, prises de position, angles, idéologie sous-jacente, tout. Comme quoi « reprendre » un canard pro-palestinien pour en faire un torchon pro-israélien, c’est pas rentable. Le problème du sionisme, c’est qu’il ne peut pas être populaire. Le fric n’achète pas les cœurs.
Lagardère meurt, mais ne se vend pas
- Jean-Luc 2 cherche à revendre sa meuf
La charrette du JDD, c’est pour bientôt. Après avoir dégraissé à mort son groupe médias, pour raisons de rentabilité, le fils Lagardère, qui enchaîne les mauvais choix stratégiques, serre la ceinture du Journal du dimanche. Vieille institution de la presse française, le JDD est cet hebdo déguisé en journal qui sort le jour où y a plus rien à lire. Il y a un peu moins de 20 ans, sortait un concurrent, Le Nouveau Dimanche, que les kiosques Hachette torpillèrent dès sa sortie. Aujourd’hui, le JDD crève doucement de n’avoir jamais eu de concurrence, qui permet de se muscler dans l’adversité. Et puis, cette convenance journalistique dans un monde de lecteurs de plus en plus avertis… autant aller sur Pluton sans oxygène, ou dans une cité avec le badge de TF1.
Mediapart est sauvé !
Le site de gaucho-journalisme (ou de journalo-gauchisme) a misé sur le bon bourrin : en invitant le futur Premier ministre pour lui cirer les pompes, Edwy (qui ne croyait officiellement pas à sa nomination) a gagné gros. Parfois, il faut oublier les principes et la pureté quand il y va de la caisse enregistreuse. Le site et ses « enquêteurs » pourront continuer à faire semblant de faire du free style alors que les gros dossiers de Mediapart tombent tous de la sacoche de juges d’instruction. Quand c’est pas Hollande ou Villepin qui fournissent le matos directement. Honte du journalisme, ravalé au rang de larbin politique, d’auxiliaire de police ou de justice. Ce qui veut dire, en creux, que police et justice ne veulent ou ne peuvent faire le travail. Ça, c’est plus grave.