Outre le relèvement à 67 ans de l’âge du départ à la retraite, le quartet des créanciers d’Athènes exige de nouvelles coupes dans les pensions.
Dans la nouvelle bataille engagée avec les créanciers de la Grèce sur le dossier des retraites, la marge de manœuvre du gouvernement Tsipras est étroite. Au premier semestre 2015, dans les négociations avec la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission de Bruxelles, la gauche grecque posait comme « ligne rouge » le refus de nouvelles coupes dans des pensions déjà amputées de 30 % à 50 % par l’ajustement structurel imposé à Athènes. Ce fut là l’un des points de cristallisation du conflit qui devait conduire, en juillet, à la tenue d’un référendum. Après le coup d’État financier de juillet contre la Grèce, la perspective d’une contre-réforme des retraites d’inspiration néolibérale figurait en bonne place dans le mémorandum finalement signé par Alexis Tsipras. En fait, l’adoption de cette contre-réforme censée garantir un système de retraites non déficitaire est l’une des conditions principales posées à l’octroi d’un nouveau prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans qui doit couvrir les échéances dues, en 2016, au FMI et à la Banque centrale européenne. Le chantage à l’étranglement financier continue, donc…
Les retraites complémentaires, gelées jusqu’en 2021
Parmi les exigences des créanciers : la suppression de l’indemnité Ekas, qui compense modestement les pensions des retraités les plus pauvres et le report de l’âge de la retraite à 67 ans, ou 62 ans avec quarante ans de cotisations. Quant à la réforme globale inscrite dans le mémorandum, elle fixe un objectif : la réduction annuelle de 1 % du PIB (soit 1,8 milliard d’euros) des dépenses consacrées aux retraites, ce qui implique, pour les créanciers, l’unification du système et de nouvelles baisses des pensions.
Athènes ne conteste pas la nécessité de réformer un système prêt à s’écrouler sous le poids du chômage de masse. « Nous consacrons 9 % du PIB à couvrir le déficit des caisses de retraite, calcule le ministre du Travail, Georgios Katrougalos. Mémorandum ou pas, il nous faut rationaliser et harmoniser ce système très fragmenté qui reflétait le clientélisme des précédents gouvernements favorisant une petite couche de privilégiés au détriment de l’immense majorité des retraités. Pour exemple, malgré la fusion des caisses, nous comptons toujours près de 930 modes de calculs des pensions. »
Principale mesure avancée par Athènes, pour contourner la suppression pure et simple de l’allocation Ekas : la création d’un socle commun de 384 euros pour tous les assurés ayant au moins quinze ans de cotisations.