Le groupe d’électronique de défense Thales a prévenu, dans un communiqué diffusé le 23 janvier, que les difficultés rencontrées par DCNS, le constructeur naval dont il est actionnaire à hauteur de 35%, allaient réduire son résultat opérationnel courant (EBIT) d’environ 100 millions d’euros.
Le fait est, pour la première fois depuis 2003, DCNS va afficher une perte nette évaluée à au moins 300 millions d’euros pour l’année 2014. Ce n’est pas vraiment une surprise. En octobre, le nouveau Pdg du groupe, Hervé Guillou, avait averti que le constructeur naval allait avoir des soucis de rentabilité dans un entretien accordé aux quotidien économique Les Echos.
Et cela en raison de problèmes identifiés lors d’un récent audit sur plusieurs projets, en particulier ceux concernant « les activités de diversification dans l’énergie, essentiellement dans le nucléaire civil, ainsi que sur certains programmes navals », dont celui du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Barracuda.
« Sur les activités d’énergie nucléaire civile, l’ampleur des difficultés d’exécution rencontrées par DCNS depuis 2013 devrait conduire à revoir significativement à la hausse les coûts à terminaison des projets en cours, notamment le réacteur de recherche Jules Horowitz pour le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives (CEA) », explique Thales.
S’agissant des programmes navals, « les audits ont mis en évidence une augmentation des coûts à terminaison, tout particulièrement sur le programme de sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda pour la France. Ces développements conduisent DCNS, d’une manière générale, à retenir une approche plus prudente sur ce type de programme », avance le groupe d’électronique.
En conséquence, DCNS va devoir passer plusieurs centaines de millions de provisions dans ses comptes 2014. En outre, le report de la livraison à la marine russe du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Vladivostok a pesé sur son chiffre d’affaires.
Pour autant, il n’y a pas encore le feu à la maison. Tout simplement parce que DCNS a dépassé ses prévisions de prises de commandes – leur montant atteint près de 3,5 milliards d’euros – en 2014, notamment grâce aux contrats obtenus en Égypte pour des corvettes Gowind.