Kobané, dans le nord de la Syrie, est en passe d’être totalement libérée de l’État islamique.
Cette région frontalière turco-syrienne avait été victime d’un premier assaut en juillet. C’est à la mi-septembre que les colonnes de l’État islamique y ont repris leur offensive, enlevant villages après village, puis se jetant sur Kobané, position stratégique sur la route entre Al Raqqa (aux mains de l’État islamique) et Alep (toujours disputée entre Damas et le Front Al-Nosra), enlevant plus de 60 % de la ville.
En octobre dernier, face à l’inaction d’Ankara, qui avait massé des troupes à la périphérie de la ville mais sans intervenir, les Kurdes de Turquie avaient violemment manifesté, les heurts faisant 50 victimes.
Après quatre mois de violents combats, les miliciens des Unités de protection du peuple kurde, épaulés par des Peshmergas irakiens, ont repris 90 % de la ville, suscitant une vague de liesse au sein des Kurdes. Plusieurs milliers ont tenté de se rendre à Kobané, rapidement repoussés par la police turque à coup de gaz lacrymogènes et de canons à eau.
Les combattants kurdes héritent d’une cité en ruines pour moitié, privée d’eau courante, d’électricité et d’égouts. Ils souhaitent désormais liquider les groupes jihadistes qui se sont repliés dans les hameaux environnants la ville, à défaut de pouvoir s’emparer des membres de l’État islamique en fuite, et réfugié par delà la frontière, sous la protection de l’armée turque.
Cette victoire kurde suscite l’inquiétude d’Ankara, qui voit d’un mauvais œil l’éventuelle mise en place d’un Kurdistan libre dans le nord syrien, sur le modèle du Kurdistan irakien. Ainsi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti :
« Nous ne voulons pas (de répétition) de la situation en Irak (...), une Syrie du nord après l’Irak du nord, nous ne pouvons pas l’accepter. Une telle entité serait source de gros ennuis à l’avenir. »
Et d’ajouter que son objectif est toujours de s’en prendre au pouvoir légal en Syrie :
Notre objectif est le régime [de Damas]. Avec le régime actuel, rien ne peut continuer en Syrie.
Enfin, côté irakien, toutes les villes, districts et cantons de la province de Diyala, dans l’est, à la frontière avec l’Iran, sont désormais libérées de l’occupation des hommes d’al-Baghdadi.