Les chauffeurs souffrent de l’absence d’une organisation professionnelle capable de porter leurs revendications face au géant qui les emploie, Uber. Le nouveau syndicat surprise apparu cette semaine ne résout pas le problème.
Pour un certain nombre de chauffeurs Uber, la récente baisse des tarifs de 20%, pour maintenir la compétitivité d’Uber face aux taxis, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Leur rentabilité, déjà mise à mal par le dumping d’UberPop pendant plusieurs mois, et les précédentes baisses de tarifs décidées par la plateforme, en prend un sérieux coup, quoiqu’en disent les dirigeants d’Uber. Alors ils se mobilisent. Une centaine manifestaient mardi matin à Paris devant les bureaux de la société, rue de Cambrai, aux cris de "Uber voleur, Uber assassin".
"On ne fait plus aucun bénéfice, ils nous ont tués", a expliqué Juba Yemmi, chauffeur Uber depuis quatre mois, à l’AFP. "C’est impossible de travailler. On ne peut même plus donner une bouteille d’eau au client...", a-t-il poursuivi. "On n’a pas de syndicat, on ne se connaît pas entre chauffeurs, on n’arrive pas à communiquer ensemble. Il nous faut des syndicats pour qu’on puisse s’organiser."
Un nouveau syndicat surprise
Voeu exaucé ? Un nouveau syndicat de chauffeurs Uber, le Syndicat des exploitants de transports de personnes (SETP), en cours de constitution, était justement sur les lieux et s’appropriait la paternité du mouvement. "On demande la course minimum à 15 euros. Nous ne sommes pas des chauffeurs de taxi, nous sommes des chauffeurs privés avec une qualité de course haut de gamme, les clients sont d’accord pour payer un peu plus cher", a estimé Farid Aieche, du SETP, interrogé par l’AFP.
Sur France Info, le porte-parole du SETP, Mohammed Rabi, a expliqué que si Uber refusait de relever ses tarifs, il pourrait appeler à boycotter l’application, voire en créer une concurrente. Des menaces dont la portée est plus que limitée. Des applications concurrentes, il en existe déjà plusieurs : Snapcar, LeCab, Chauffeur Privé... Elles-mêmes réunies sous une fédération professionnelle,la FNTPR, qui s’est notamment battue contre UberPop.
Par ailleurs, la représentativité de ce nouveau syndicat, le SETP, qui aurait été créé lundi et ne dispose pas encore de statuts, est de fait quasi nulle pour l’instant. Combien de chauffeurs seraient-ils capables de mobiliser ? La force d’Uber, ce sont ses 10.000 "partenaires" chauffeurs. Même si quelques centaines s’arrêtaient de travailler pour la plateforme, ce serait complètement indolore pour la société et les clients.