Si l’on en croit Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, les jours du régime de Bachar el-Assad, aux prises avec une opposition armée depuis mars 2011, seraient comptés. Il “se rapproche de l’effondrement”, qui “n’est qu’une question de temps” a-t-il en effet déclaré le 13 décembre.
“J’exhorte le régime à mettre fin aux violences, à réaliser quelle est la situation aujourd’hui et à engager un processus pour satisfaire les demandes légitimes du peuple syrien”, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, et reprenant des accusations américaines, M. Rasmussen a condamné “avec force” le tir par les forces régulières syriennes de “plusieurs missiles à courte portée”. “L’utilisation de tels armements aveugles démontre le peu de cas que fait le régime de la vie des Syriens”, a-t-il poursuivi.
“Les missiles ont été tirés à l’intérieur de la Syrie et ont frappé le territoire. Aucun pays voisin n’a ainsi été touché”, a-t-il continué. Et de préciser : “Nous ne pouvons confirmer les détails techniques des missiles, mais des indications font état de missiles de type Scud.”
Mais ces affirmations ont été démenties par Damas. “Chacun sait que les missiles Scud sont des armes stratégiques de longue portée (ndlr, de 130 km pour le Scud-A à 700 km pour le Scud-D) et ne sont pas utilisées contre des bandes armées terroristes” a indiqué la télévision officielle syrienne, rapportant les propos d’une source ministérielle.
Un des problèmes avec la situation en Syrie est que beaucoup d’informations sont fournies par l’opposition au régime de Bachar el-Assad, comme par exemple l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Et rien ne permet de les vérifier de manière indépendante.
Ainsi en est-il de cette affaire de missiles Scud. En effet, c’est un officier déserteur, le “lieutenant Araba Idriss”, devenu chef du le bataillon al-Hassan de l’Armée syrienne libre, qui a indiqué que plusieurs engins avaient été lancés depuis la base de Nassiriya, entre Damas et Homs. “Les missiles ont été tirés lundi vers le nord-ouest, à 10H45 (08H45 GMT), 12H30 (10H30 GMT), 13H50 (11H50 GMT), 15H15 (13H15 GMT) et 17H10 (15H10 GMT)”, a-t-il précisé.
Cela étant, les Etats-Unis ont des moyens, notamment satellitaires, pour savoir si des engins balistiques ont été utilisés. “Je ne suis pas en mesure de confirmer quels type de missiles, mais (je) dis simplement que nous voyons actuellement que des missiles sont employés”, a ainsi déclaré Victoria Nuland, la porte-parole du département d’Etat, dans un entretien accordé au New York Times.
Par ailleurs, si des missiles ont été effectivement tirés, il n’est absolument pas certain que ce soit des Scud mais plutôt des engins d’origine russe de type Luna (ou Frog 7-A pour “Free Rocket Over Ground”), d’une portée maximale de 70 km.
Quoi qu’il en soit, le déploiement de 6 batteries antimissiles Patriot PAC-3 à la frontière turco-syrienne demandé à l’Otan par Ankara pour protéger son territoire, devrait être effectif d’ici la mi-janvier.
La semaine passée, le gouvernement néerlandais, sollicité pour cette demande, a donné son accord pour envoyer, pendant un an, 360 hommes pour armer deux batteries Patriot PAC-3. Les coûts liés à la mission devraient être pris en charge par les pays sollicités, d’après ce qu’a indiqué Jeanine Hennis, le ministre batave de la Défense.
L’Allemagne a pris une décision similaire, le Bundestag ayant approuvé, ce 14 décembre, et à une large majorité, l’envoi en Turquie de 400 militaires de la Luftwaffe pour armer eux systèmes Patriot PAC-3.
Enfin, les Etats-Unis ne seront pas en reste puisque le patron du Pentagone, Leon Panetta, a annoncé, ce même jour, sur la base turque d’Incirlik, une participation similaire à celles de l’Allemagne et des Pays-Bas à cette mission de l’Otan.
Une nouvelle fois, l’Alliance a bien précisé que ce déploiement est “purement défensif” et qu’il ne vise pas à “instaurer une zone d’exclusion aérienne ou à une quelconque action de type offensif.” La Russie, principal allié de Damas, a quant à elle estimé que ce déploiement allait accroître l’instabilité dans la région.