Ce n’est pas trop tôt ! La justice commence enfin à s’intéresser plus sérieusement aux dérives des banques. L’affaire de la manipulation du LIBOR n’en finit plus de rebondir avec l’amende de 1,5 milliards de dollars à UBS. Et en France, BNP Paribas est poursuivie pour ses pratiques commerciales.
Le grand scandale du LIBOR
J’en avais parlé début juillet, avec la condamnation de Barclays à payer une amende de 450 millions de dollars au titre de la manipulation du LIBOR. Et encore, comme pour UBS, la banque britannique bénéficie du fait qu’elle collabore avec la justice, ce qui en dit long sur les bénéfices tirés par les banques avec cette manipulation. Le LIBOR est un taux de référence sur lequel sont basés pas moins de 800 000 milliards de dollars de contrats, 10 fois le PIB de la planète !
Ce taux est fixé tous les jours en compilant le coût de financement déclaré par 16 banques en prenant les 8 taux médians. Tout ceci pose beaucoup de problèmes puisque les 16 banques sont à la fois juges et parties, que les chiffres donnés sont purement déclaratifs, sachant qu’en outre, déclarer un chiffre élevé revient à dire que l’on a du mal à se financer. Dans son numéro du 5 janvier, The Economist révèle que 2000 documents révèlent la manipulation des taux au sein d’UBS !
L’hebdomadaire britannique soutient que RBS devrait écoper d’une amende de 500 millions de dollars et que plus de vingt banques sont aujourd’hui sur le banc des accusés. Tout ceci est un nouvel exemple extrêmement grave, et dont on ne parle vraiment pas assez, des dysfonctionnements de ce système financier où les banques sont juges et parties, où elles créent de la monnaie assez librement et où l’État finit par assumer leurs erreurs quand la crise devient trop grave.
Les banques en accusation
L’actualité a également démontré qu’il y a d’autres problèmes plus micro au niveau des banques, avec la plainte contre BNP Paribas pour « pratiques commerciales trompeuses ». En effet, la banque vendait en 2001 un produit appelé Jet 3, qui promettait un triplement du capital en 10 ans, qui a baissé de 10 % au bout du compte. Bien sûr, ce genre de promesse devrait attirer la méfiance des épargnants car les très forts rendements ne peuvent venir qu’avec de gros risques.
Néanmoins, il est bien évident que les prospectus des banques n’indiquent pas toujours clairement le niveau de risque et que les établissements financiers profitent parfois un peu trop de l’asymétrie d’informations qui existe entre eux et leurs clients, comme on a pu le voir avec le scandale des prêts aux collectivités locales. En effet, certains prêts basés sur des monnaies étrangères ont fini par revenir extrêmement cher aux collectivités, qui n’avaient pas compris les risques encourus.
Et de manière assez incroyable, à peine après un mois après que les États-Unis aient cédé totalement son contrôle, AIG a envisagé de poursuivre l’État, puis y a renoncé. L’assureur, plombé par des engagements très lourds dans les CDS n’avait du sa survie qu’à une aide financière publique de 182 milliards. Certes, le sauvetage a fini par rapporter plus de 20 milliards de dollars, mais en prenant 92 % du capital, le Trésor avait fait perdre beaucoup aux actionnaires historiques.
Bref, même si l’affaire LIBOR montre que les banques assument parfois leurs responsabilités, on est surpris qu’aucun individu ne soit condamné à de la prison pour de tels actes (650 banquiers l’avaient été pour l’affaire des caisses d’épargne il y a vingt ans). La justice progresse mais est-elle vraiment faite ?