Depuis quinze ans, la droite et les socialistes suivent l’Europe pour mettre en place la libéralisation des services publics. Mais alors qu’ils nous promettaient un meilleur service et des prix moins élevés, nous avons exactement l’inverse. Il n’y a que les profits qui progressent.
Les conséquences ubuesques de la libéralisation
Nous avons déjà fait l’expérience plus limitée de la libéralisation des renseignements téléphoniques. Et le résultat est très simple : une explosion spectaculaire des prix, une plus grande complexité pour le client et au final, les seuls gagnants sont les médias qui empochent les recettes de publicité et les actionnaires qui n’ont pas bu la tasse. Bref, la libéralisation des renseignements téléphoniques n’a clairement pas profité à l’intérêt général, largement dégradé depuis la fin du 12.
Mais l’avancée de la libéralisation a aujourd’hui des conséquences encore plus incroyables. On apprend ainsi que la SNCF poursuit RFF (Réseau Ferré de France) pour obtenir davantage de créneaux pour ses trains de marchandise auprès du régulateur du rail. Avant, la SNCF gérait seule le réseau et les trains. Aujourd’hui, pour satisfaire Bruxelles, l’entreprise a été coupée en deux (pour permettre de la concurrence), ce qui impose l’arbitrage d’un régulateur !
Le cas des tarifs d’EDF est tout aussi abracadabrantesque. Le Point ose ainsi écrire sans la moindre ironie que la loi Nome, destinée à « doper la concurrence », « pose les bases d’une forte hausse des tarifs de l’électricité ». Bref, la gestion législative semble encore plus complexe, l’Etat est contraint d’intervenir et les tarifs progressent fortement (alors qu’étant donné que 80% de notre électricité est d’origine nucléaire, nos tarifs devraient être relativement stables)…
Pour la dé-libéralisation des services publics
N’est-il pas temps aujourd’hui de faire un bilan de ces libéralisations qui n’ont apporté aucun des bénéfices escomptés ? Le service ne s’améliore pas, les prix ont tendance à monter, tout devient plus difficile pour le client qui doit essayer d’échapper aux chausse-trappes des différents fournisseurs et même l’Etat se voit contraint d’agir pour trancher les conflits entre les autorités de régulation et les différents acteurs de marchés complexifiés et bureaucratisés du fait de la libéralisation.
Fondamentalement, il faut comprendre que certains marchés sont des monopoles naturels. Quand les investissements sont si lourds que seuls deux ou trois acteurs peuvent être présents ou qu’il faut collectiviser la production et ne libéraliser que la commercialisation (qui ne représente qu’une fraction du coût), la libéralisation n’a aucun sens. De facto, elle produit un oligopole où les quelques acteurs présents n’ont aucun intérêt à mener une guerre des prix préjudiciable à tous.
Du coup, même sans le moindre comportement délictueux, les différents acteurs ne se battent pas sur le prix et profitent de facto d’une rente financière. La production d’énergie, le transport ferroviaire, la distribution du courrier, les autoroutes, ne sont clairement pas des activités où la libéralisation apporte quoique ce soit. Ces secteurs doivent rester dans le service public. Et on pourrait se poser la question pour la distribution de l’eau, voir même la téléphonie.
Les tenants de la libéralisation à tout crin se heurtent aujourd’hui à une réalité qui démontre que la privatisation des services publics est lourdement préjudiciable à l’intérêt général et ne profite qu’aux actionnaires qui profitent d’une situation d’oligopole. Il faut donc revenir en arrière.