L’armée des Philippines a lancé lundi des frappes aériennes contre des indépendantistes musulmans qui attaquent depuis une semaine une grande ville du sud de l’archipel, ont annoncé les autorités locales.
Deux hélicoptères militaires ont tiré des roquettes contre les rebelles du Front moro de libération nationale (MNLF) terrés dans des villages et quartiers à la périphérie de Zamboanga.
Le 9 septembre à l’aube, quelque 200 rebelles de ce mouvement indépendantiste musulman avaient débarqué près de Zamboanga, une ville portuaire de près d’un million d’habitants, située sur l’île de Mindanao (sud).
"C’est un soutien aérien de précision coordonné par les forces terrestres pour supprimer l’ennemi", a indiqué à l’AFP Ramon Zagala, porte-parole de l’armée. "Il s’agit de frappes précises pour éviter de blesser des civils", a-t-il ajouté.
L’ONG Human Rights Watch a exprimé son inquiétude sur le sort des civils. Ces frappes élèvent avec certitude le niveau de danger pour les civils dans cette zone, a déclaré à l’AFP Carlos Conde, représentant de l’ONG à Zamboanga.
"Il s’agit de zones résidentielles. Comment peuvent-ils (les soldats) savoir quelle zone ou quelle maison viser ?", a-t-il ajouté.
Selon le porte-parole de l’armée, une centaine de rebelles ont encore les armes à la main, et sont regroupés dans deux villages voisins de Zamboanga, sur la côte.
"Ces insurgés continuent de se battre mais nous savons de façon certaine que la fin est proche et qu’ils tentent de fuir", a ajouté Ramon Zagala. "Certains essayent de se faire passer pour des civils, il est donc capital que les chefs des villages nous aident à déterminer ceux qui n’appartiennent pas à leur communauté".
Les militants du MNLF ont pris des dizaines d’habitants en otages pour leur servir de boucliers humains.
L’armée a mobilisé 3 000 soldats d’élite et abattu 51 rebelles. Six soldats, un policier et quatre civils ont également été tués, selon l’armée.
Près de 70 000 habitants on dû fuir et se réfugier dans des abris de fortune. Zamboanga, un des principaux carrefours commerciaux de l’île de Mindanao, est quasiment ville-morte depuis une semaine. Les liaisons par ferry et avion sont suspendues depuis huit jours.
Le MNLF, mené par Nur Misuari, un ancien professeur d’université, s’estime marginalisé par les négociations en cours entre le gouvernement et les groupes séparatistes, en vue de créer une région autonome - et non indépendante - dans le sud des Philippines, une région majoritairement musulmane dans le plus grand pays catholique d’Asie.
Benigno Aquino, élu en 2010, a fait de la signature d’un véritable accord de paix l’un des principaux objectifs de son mandat, qui s’achève en 2016.
L’île méridionale de Mindanao, où se trouve Zamboanga, dispose d’importantes ressources naturelles mais est une des régions les plus déshéritées de ce pays déjà pauvre, en raison de décennies de violences. On estime que plusieurs zones de l’île échappent de fait au contrôle de l’Etat.
La guérilla indépendantiste, qui a commencé dans les années 1970, a fait 150 000 morts et déplacé des centaines de milliers de personnes. Depuis 2003, date d’un cessez-le-feu, la violence meurtrière, à défaut de la pauvreté, a cependant baissé d’intensité.