Malgré l’échec de leur initiative diplomatique à l’ONU, les Palestiniens durcissent la confrontation avec Israël, en confirmant officiellement leur demande d’adhésion à la Cour pénale internationale afin de pouvoir poursuivre les dirigeants israéliens pour crimes de guerre.
Nullement découragé par le rejet mardi par le Conseil de sécurité du projet palestinien de résolution visant à fixer un terme à l’occupation israélienne, l’Autorité palestinienne est passée à une autre étape dans sa lutte contre l’occupation israélienne. En effet, le président Mahmoud Abbas a mis à exécution une menace ancienne en signant à Ramallah en Cisjordanie la demande d’adhésion de l’État de Palestine à la CPI.
Réagissant à cet acte, Israël et son allié américain ont aussitôt dénoncé cette décision, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu affirmant qu’elle pourrait se retourner contre les Palestiniens eux-mêmes, dont certains pourraient aussi avoir à répondre de leurs agissements. Pour rappel, la CPI, qui siège à La Haye a été créée pour poursuivre les crimes les plus graves -génocides, crimes contre l’humanité et de guerre.
L’appartenance de la Palestine à la CPI, rendue possible par l’obtention fin 2012 du statut d’État observateur à l’ONU, permettrait aux Palestiniens d’engager des poursuites contre des dirigeants israéliens, par exemple pour la guerre dévastatrice de juillet-août à Gaza. C’est l’avis de la dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, qui a estimé qu’après un vote "outrageusement honteux" à l’ONU, il faut désormais "donner à la Palestine les moyens de forcer Israël à rendre des comptes". Poursuivre les Israéliens devant la justice internationale "est la prochaine étape, inévitable", a-telle souligné.
Dans cette optique, Mahmoud Abbas a signé 20 autres conventions ouvrant également la voie à l’offensive juridique contre Israël. Ceci étant, les Palestiniens n’ont obtenu que huit voix sur 15 (sur les neuf votes nécessaires) et les États-Unis n’ont même pas eu à utiliser leur veto. Ce veto, un symbole sur lequel Mahmoud Abbas entendait capitaliser, notamment après l’échec d’un énième round de négociations sous l’égide des États-Unis, leur a échappé à une voix près : celle du Nigeria qui s’est abstenu alors qu’il s’était engagé, assurent les Palestiniens, à voter le texte.
"Nous sommes déçus par l’abstention du Nigeria. D’autres pays, comme la France et le Luxembourg, ont tenu leurs promesses", a dit un porte-parole de l’OLP, Ashraf Khatib. La Russie et la Chine ont voté en faveur du texte, alors que l’Australie et les États-Unis ont voté contre. Cinq pays, dont le Royaume-Uni, se sont abstenus. Washington, pour qui le conflit ne peut être résolu que par des négociations directes, a dénoncé comme "contre-productive" la demande d’adhésion à la CPI. "Cela ne ferait rien pour les aspirations du peuple palestinien à avoir un État souverain et indépendant" estiment les Américains. Avant le vote, les Palestiniens avaient apporté des modifications à leur texte pour contenter l’opposition intérieure à M. Abbas, mais cela n’a pas suffi.