Cela fait maintenant 10 ans au moins, depuis la victoire des banquiers sur les saltimbanques que les Guignols sont morts et que la chaîne cryptée périclite. Bolloré a débranché le mourant qui vivait sous respiration artificielle et qui emmerdait tout le monde.
D’ailleurs la mort de l’émission emblématique de la chaîne annonce la mort de la chaîne elle-même. Malgré les annonces optimistes de son nouveau patron, Maxime Saada, Canal Plus a perdu en 10 ans sur tous les tableaux : les films (avec l’explosion du piratage et des modes de consommation différents, et surtout moins chers comme Netflix), les séries (les productions maison ne peuvent rivaliser avec les séries américaines ou même italiennes), et maintenant le foot, avec la perte des droits de diffusion de la Ligue 1 pour 2020.
Il n’y a plus d’avantage concurrentiel à Canal+, les 5 millions de derniers abonnés (500 000 sont partis en un an !) qui se font racketter vont revenir dans le giron de la télé de papa, qui n’est pas meilleure, ou de la télé sur l’Internet, qui a de beaux projets. La créativité a été tuée par les hommes en gris qui ont investi les étages des grandes chaînes, une horde de connards marketing bien-pensants qui se prennent pour les chefs d’orchestre de la pensée populaire.
Laissons tous ces apprentis sorciers tuer la télé, et récupérons l’outil.
Après 30 ans de présence à l’antenne, la chaîne Canal+ a annoncé vendredi 1er juin l’arrêt définitif des Guignols de l’info à la fin de la saison. L’émission satirique était apparue le 29 août 1988 sous le nom Les Arènes de l’info.
« L’animal était en mauvaise santé » a réagi sur franceinfo Yves Lecoq, l’une des voix historiques de l’émission. L’imitateur estime que, pour la chaîne, l’émission fait « partie des éléments qui coûtaient très chers et qu’il fallait évacuer ».
franceinfo : Est-ce que vous avez eu des explications sur l’arrêt de l’émission ?
Aucune. Mais cela va dans le style Canal du moment. On est dans l’économie. Il y a eu beaucoup de changements depuis 2015. On va vers une fin plus ou moins programmée. On fait partie des éléments qui coûtaient très chers à la chaîne et qu’il fallait évacuer. L’animal était en mauvaise santé. C’est bien qu’on ait été prévenus par les ayants droit. Ce n’est pas une surprise mais c’est quand même un petit pincement parce que c’est 30 ans de bons et loyaux services qui laissent de bonnes marques.
Qu’est-ce qui allait moins bien ?
J’étais obligé de constater, ne serait-ce qu’en écoutant ce que disaient les gens, que cela ne correspondait plus à ce qu’ils attendaient des Guignols. Il y a eu un changement de direction artistique qui fait qu’on ne pouvait être aussi libre pour dire des horreurs sur tout le monde. Or c’est ce que les gens attendaient. Sans ça les Guignols perdent de leur saveur. Les voix étaient les mêmes, on était quatre ou cinq imitateurs à assurer le service, mais il manquait des bons textes. C’était un peu contrôlé. Ce n’était pas dans l’intention de faire du Guignols de l’ancien temps. C’était un changement voulu par la direction pour que les Guignols ne fassent pas autant de mal à certains. Quand on prend pour cibles d’autres personnages, on s’aperçoit qu’ils n’intéressent pas forcément tout le monde.