Le 2 août, la procédure de retrait des États-Unis du traité FNI s’est achevée, débouchant sur l’extinction du traité. L’événement a suscité des réactions inquiètes de la part des Nations unies, de l’OTAN et du ministère des Affaires étrangères russe.
Les États-Unis se sont affranchis, le 2 août, des restrictions que leur imposait le traité FNI (Traité sur les forces nucléaires à portée Intermédiaire). Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a averti que le monde avait perdu « un frein inestimable à la guerre nucléaire » avec l’expiration d’un traité de limitation des armements datant de la guerre froide. « Cela va probablement augmenter, et non pas réduire, la menace posée par les missiles balistiques », a-t-il ajouté, s’inquiétant de la montée des tensions entre États dotés d’armes nucléaires.
L’OTAN a également exprimé ses inquiétudes par la voix de son secrétaire général, Jens Stoltenberg. « Nous ne voulons pas d’une nouvelle course aux armements, mais nous ferons en sorte que notre dissuasion soit crédible », a-t-il ainsi déclaré. Pour l’alliance, « la Russie porte l’entière responsabilité de l’extinction du traité ». « L’OTAN répondra d’une manière mesurée et responsable aux risques importants que fait peser le missile russe 9M729 sur la sécurité des Alliés », a enfin ajouté l’organisation.
Laura Kennedy, ancienne représentante permanente des États-Unis à la conférence sur le désarmement à Genève, a déclaré craindre, quant à elle, une instabilité européenne : « Son arrêt pourrait être à la fois troublant en Europe et pourrait conduire à une nouvelle concurrence dans le domaine des armes dans d’autres régions, telles que l’Asie ». En effet, en vertu du traité de 1987, près de 2 700 des missiles nucléaires de croisière et balistiques avaient été détruits, éliminant ainsi une source d’insécurité européenne. Pour Moscou, « les États-Unis voulaient s’affranchir des restrictions qui leur étaient imposées »
Du côté de la Russie, le ministère des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé que « Washington a[vait] commis une grave erreur ». Pour le chef de la diplomatie russe, les États-Unis ont lancé « une campagne de propagande fondée sur une désinformation délibérée au sujet des violations présumées du traité FNI par la Russie », créant de cette façon « intentionnellement une crise presque insurmontable autour du traité ». « La raison est claire : les États-Unis voulaient s’affranchir des restrictions qui leur étaient imposées », a-t-il ajouté.
« Au fil des ans, Washington a complètement ignoré les graves préoccupations de la Russie au sujet de la mise en œuvre du traité FNI côté américain. Entre-temps, le déploiement sur les bases militaires américaines en Europe de systèmes de lancement MK-41, capables de tirer des missiles de croisière à moyenne portée, constitue déjà une violation flagrante du traité », a estimé Sergueï Lavrov.
Le ministère des Affaires étrangères russe, dans son discours, a également rappelé que ce n’était pas la première fois que les États-Unis prenaient une telle décision, rappelant le choix américain de rompre le traité ABM (Anti-Ballistic Missile) au début des années 2000, et ce « en dépit des appels persistants de la communauté internationale ».
Une déclaration de la diplomatie russe qui s’est cependant conclue sur un appel aux États-Unis à un dialogue « équitable et constructif visant à rétablir la confiance et à renforcer la sécurité internationale ».
Une main tendue qu’a saisie le président américain ? Plus tard dans la journée du 2 août, Donald Trump a évoqué l’idée d’un nouveau traité sur les missiles nucléaires, en remplacement du traité FNI, qui réunirait les États-Unis, la Russie et la Chine. « Ce serait une très bonne chose pour le monde », a-t-il jugé.