La Deutsche Börse et le London Stock Exchange affirment ne pas craindre le Brexit, finalisent leur rapprochement et annoncent 1 250 suppressions d’emplois.
Alors que plusieurs sondages, comme celui du Guardian, donnent le Brexit gagnant à 52 % contre 48, le London Stock Exchange (LSE) et la Deutsche Börse poursuivent leur fusion. Les deux places financières ont réitéré leur confiance dans la réussite du projet et ce quelle que soit l’issue du référendum britannique qui, par ailleurs, inquiète les marchés.
À la clé, des synergies et des économies de 450 millions d’euros, mais aussi la suppression de 1 250 emplois doublons à partager entre Londres et Francfort et qui font l’objet d’âpres négociations sous le regard inquiet du gouvernement allemand. La nouvelle place financière sera en effet domiciliée à Londres plutôt qu’en Allemagne.
Un fusion qui menace Euronext, dont Paris
La logique des marchés financiers ne semble donc pas suivre celle de l’Union européenne qui se voit partagée entre plusieurs Bourses. Après avoir été courtisée par l’autre grand opérateur boursier européen Euronext, la Deutsche Börse se tourne ainsi vers la rivale, Londres.
Euronext, acteur majeur des marchés, opère notamment les Bourses d’Amsterdam, Bruxelles et Paris et a même un pied sur le continent américain puisqu’elle prend en charge les opérations boursières européennes du New York Stock Exchange.
Pour la Bourse allemande, c’est une question de survie, jugeant elle-même ne pas avoir la taille critique face aux autres grandes places mondiales.
À terme, le rapprochement donnera naissance à un géant boursier qui pourrait marginaliser Euronext, et donc la Bourse de Paris puisque cette dernière en fait partie depuis 2000 comme simple filiale et n’existe plus comme Bourse indépendante... Le Palais Brongniart est vide depuis longtemps et n’est plus qu’un centre de conférence.
Le rapprochement de la Deutsche Börse et du London Stock Exchange inquiète le ministre des Finances Michel Sapin. « Nous ferons en sorte que la Commission européenne se saisisse pour éviter des situations de position dominante », menace-t-il.
Gérard Mestrallet, président de Engie (ex GDF Suez) et président de l’association Paris Europlace, qui promeut Paris comme place financière, renchérit et prévient que l’émergence du mastodonte anglo-allemand, « dix fois plus gros qu’Euronext en termes de capitalisation [...] est extrêmement dangereuse ».
Les Bourses sont en effet devenues des sociétés de droit privé comme les autres et peuvent ainsi faire l’objet de procédures relevant du droit européen de la concurrence. Et c’est le seul angle d’attaque qu’ont les politiques, car elles ne dépendent plus directement des gouvernements.