Abandonnés par leurs parents adoptifs américains, des centaines d’enfants se retrouvent « en vente » sur Internet. Le « rehoming » est un business chapeauté par des agences privées, hors de tout contrôle.
Dylan sourit sur la photo. Il a 10 ans, le regard malicieux, et une passion pour le jardinage. « Il n’a pas été diagnostiqué hyperactif et ne prend pas de médicaments. Il est capable de bien se concentrer et il adore faire des puzzles », explique la page Facebook qui le présente à l’adoption. Même son « prix » est affiché : 3 500 dollars (2 600 euros) de frais d’agence, plus 200 dollars d’enregistrement et de 1 500 à 2 500 pour les avocats. Le tout déductible d’impôts, précise l’annonce publiée sur Second Chance Adoptions. Dylan a été adopté en Russie mais ses parents ne veulent plus de lui.
Comme des dizaines d’autres enfants aux États-Unis, il est sur le « marché » de « seconde main » : le « rehoming » disent les Américains, même si le terme est controversé. Le mot est plus souvent employé pour les animaux, et réprouvé par l’agence qui propose Dylan. Comme sur un vrai marché d’occasion, les prix sont aussi cassés : tandis qu’une adoption internationale coûte facilement 10 000 à 30 000 dollars aux Etats-Unis, ces enfants changent de parents pour moitié moins, parfois même gratuitement.
« Les parents ne sont pas toujours bien préparés à des enfants qui peuvent être difficiles », explique Sandra Moats, qui en élève dix-neuf, dont dix « réadoptés » abandonnés par leurs premières familles américaines. « Parfois, le lien ne se fait tout simplement pas. C’est un phénomène commun, estime cette pasteure dans l’Idaho. On en voit entre quinze et vingt par mois auxquels il faut trouver de nouveaux parents. Mais ces drames ont parfois des issues heureuses. Beaucoup de familles finissent par trouver leur bonheur et celui de ces enfants. » Aucun décompte officiel de ces adoptions de seconde main n’est fait aux États-Unis, mais on y estime que 1 à 10 % des adoptions d’enfants à « besoins spéciaux » (handicaps ou troubles du comportement) sont dissoutes, rappelle un récent rapport du Congrès. Au regard des plus de 100 000 cas finalisés chaque année dans le pays, ceux-ci restent donc exceptionnels. Ils se comptent tout de même par centaines, voire par milliers.