Quand on a été placé par papa à 20 ans à Canal+, dans le royaume des auteurs qui gagnent plein de sous, nécessairement, qu’on ait du talent ou pas, on a franchi le pas le plus dur – pour les pauvres – et on peut envisager une carrière.
Droit de pinçage
Ce que le petit Bedos a accompli, si l’on ose dire, puisqu’il a un certain talent d’écriture. Mais voilà, la facilité, les portes qui s’ouvrent toutes seules comme devant le roi à Versailles, ça vous monte vite à la tête, et par la suite, on ne redescend plus, on regarde les autres de haut, on exerce son droit de cuissage, la roture est là pour ça.
Un jour, on pince les fesses d’une fille en boîte, et là, boum, pas de bol, ça tombe en plein MeToo. Accusations d’agressions sexuelles, la classique pour un people en pleine montée. La descente sera d’autant plus dure, le mea culpa est là, je suis un mauvais garçon, à la Fred Mitt.
J’ai pincé les fesses d’une fille, je suis antisémite !
On ne pince plus les fesses des dames comme avant, il faut demander, au préalable, obtenir le con-sen-te-ment. On va la faire courte. Commencez par : Madame, puis-je vous pincer les fesses ? Ensuite, c’est une arbo(rescence, mais arbo c’est mieux, plus mode) classique. Si elle dit oui, c’est bon, pincez. Si elle dit non, ne lâchez pas l’affaire, surtout si les fesses sont jolies (le visage compte moins, on ne pince pas le visage, sauf le nez, mais ça, la personne s’en charge toute seule), et demandez : Mais pourquoi ?
La dame doit alors se justifier, et là, si elle bredouille ou ne trouve pas la parade – mais, et mon intégrité physique ? – ou qu’elle manque d’humour (si je ne peux pas avec la main, je peux avec une pince à linge ?), vous la tenez, à moitié seulement. La suite est une question de talent oratoire, mais pas celui de Viktorovitch.
On a regardé une chronique de cet ânon bien bâté et on a bien rigolé. À quoi sert un talent oratoire si c’est pour dire des conneries ? À quoi sert un verre en cristal si c’est pour mettre de la piquette dedans ? À quoi sert une jolie fille si c’est pour être son ami ? Après, juré, on revient au petit Bedos. Déjà, parler de talent oratoire quand on ne déclame pas, mais qu’on lit, c’est un peu fort de caféine. Écoutons-le d’abord.
Pour les sourds ou malentendants, vous trouverez le verbatim ici. On gardera pour mémoire cette citation typique d’un âne qui n’a jamais vécu la censure puisqu’il n’a jamais été loin en pensée :
C’est terrible, parce que, ce que Vladimir Poutine exploite pour nous attaquer, c’est à la fois ce que nous avons de plus cher et ce que lui dénie à son propre peuple : le pluralisme politique. L’idée qu’en France, les débats sont vifs, peut-être. De plus en plus profonds et douloureux, sans doute. Mais ils peuvent au moins avoir lieu. C’est cette vertu démocratique qui se retrouve, cyniquement, retournée contre nous pour tenter d’en faire une faiblesse.
Gestapistes roses
Le petit Viktorovitch fessé, revenons au petit Bedos. Nous n’avons pas la prétention de le fesser, et un certain Saint Sernin, le joli sniper de la Glucksmann, s’en est occupé. On envoie l’extrait et on analyse rapidos.
« L'argent récolté grâce à la vente du livre va être reversé à une association de victimes. Je viens de le décider... C'est pour te montrer que c'est important le consentement »
Paul de Saint Sernin tacle Nicolas Bedos, condamné pour agressions sexuelles. pic.twitter.com/92nacrubrN
— Wcrt L (@L_Wcrdt) May 3, 2025
Séquence intéressante et assez uchronique car le petit Bedos se retrouve devant lui période Ruquier : Nicolas 2025, de retour de cabane, fait face à Nicolas 2013, qui piquait les invités de son petit canif. C’est pas la même tête mais c’est le même profil, la même psychologie : suffisant. Nul doute que ce sera le tour du petit Saint Sernin un jour. En attendant, Nico s’est pris la fessée, et sans son consentement. Quant à son « c’est sérieux ce qu’on dit là », on l’a connu meilleur dans la réplique.
Côté Saint Sernin, séquence typique de la posture de l’humoraliste, le petit vanneur qui s’enhardit et se fait happer par le pouvoir de la fonction. Il commence humoriste et finit juge, se croyant justicier : il décide du bien et de la punition. Il est le lynchage et le pardon à lui tout seul. Tout ça parce que Nico a dragué lourdement bourré deux filles, désormais traumatisées à vie pour un pouët pouët.
On est bien dans la république des juges, et ce qui nous console, c’est que ces petits commissaires politiques finissent eux-mêmes jugés. Comme à la Loubianka !
Notre morale en forme de conseil : quand on est riche, imbu et célèbre, comme Nico, le moindre geste peut se transformer en réparations futures. Quand on est pauvres et humbles, comme nous, on peut pincer les fesses de qui on veut : personne ne nous poursuivra. Vive la pauvreté !