Pour le désormais ancien commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), l’amiral James Stavridis, l’Afghanistan "va mieux grâce à l’Otan".
Dans une tribune publiée le 15 mai dernier par le quotidien Les Échos, l’officier américain s’appuie sur l’évolution des Balkans, où l’Alliance atlantique était intervenue militairement dans les années 1990, pour décrire ce que sera, selon lui, celle de la situation afghane.
D’après l’amiral Stavridis, l’Afghanistan pourra toujours compter sur le soutien de la communauté internationale après la fin de mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée dans le pays sous l’autorité de l’Otan, et les troupes afghanes "deviennent plus fortes, plus fiables et plus efficaces". Et d’ajouter : "Je ne doute pas un seul instant que les Afghans seront en mesure de répondre à la lourde tâche d’assurer la sécurité de leur peuple."
Seulement, les derniers indicateurs ne vont pas exactement dans le sens de l’ancien SACEUR. Ainsi, en une seule année, les forces de sécurité afghanes ont perdu autant d’hommes que les troupes de l’Otan en 12 ans de présence en Afghanistan. Et le nombre d’attaques recensées au cours du premier trimestre 2013, soit avant la traditionnelle offensive de printemps des taliban, a augmenté de 47% par rapport à la même période, l’an passé.
Aussi, le général Igor Sergoun, le chef du Renseignement militaire russe (GRU) est loin de partager l’optimisme de l’amiral Stavridis. "La situation précaire en Afghanistan présente un danger sérieux pour la stabilité internationale… Il faut s’attendre au renforcement de l’influence islamique des talibans suite à la réduction des troupes étrangères", a-t-il en effet affirmé lors de la Conférence internationale sur la sécurité européenne, organisée à Moscou, le 24 mai.
Et le retrait de la coalition internationale, qui sera effectif avant la fin de l’année 2014, risque de faire "augmenter considérablement le risque d’attaques terroristes". L’Afghanistan "possède déjà un vaste réseau de camps d’entraînement terroristes, y compris de formation des kamikazes. Les talibans ont noué des liens étroits avec des organisations terroristes internationales. Les combattants de ces organisations pourront aller dans n’importe quel point chaud de la planète après avoir reçu une formation au combat en Afghanistan", a-t-il expliqué.
La Russie n’est pas le seul pays à craindre le retour des taliban à Kaboul. C’est aussi le cas de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui compte 3 républiques d’Asie centrale dans ses rangs.
Des zones "grises", comme la vallée de Ferghana, située entre le Kirghizstan, l’Ouzbekistan et le Tadjikistan, constituent par exemple des repaires pour les mouvements jihadistes et criminels, ce qui laisse présager des tentatives de déstabilisation des États concernés ainsi qu’une hausse des trafics en tous genres, notamment ceux liés à la drogue. "La situation ne pourra qu’empirer, avec une influence directe sur la Russie", a commenté Nikolaï Bordiouja, le secrétaire général de l’OTSC.