Le procès de quatre anciens membres de la société américaine Blackwater est en cours. Jeudi 10,un expert du FBI témoignant a raconté toute l’horreur du « massacre de Bagdad ».
Vingt-neuf balles dans une voiture, 13 dans une seconde. C’est ainsi qu’a raconté Douglas Murphy ce qui a fait 14 morts parmi les civils irakiens en 2007.
Les quatre accusés, Nicholas Slatten, Paul Slough, Evan Liberty et Dustin Heard, comparaissent pour meurtres devant un tribunal fédéral de Washington, alors que leur deuxième procès entrait dans sa cinquième semaine.
Slatten, 32 ans, encourt la prison à vie pour l’assassinat d’un civil irakien le 16 septembre 2007, sur la place Nisour de Bagdad. Selon l’enquête irakienne, le massacre avait fait au total 17 morts, des civils Irakiens non armés, et 14 selon l’enquête américaine. Dix-huit autres avaient été blessés.
Slough, Liberty et Heard sont, eux, accusés d’homicide volontaire sur les 13 autres victimes. Les mercenaires de la société privée Blackwater étaient ce jour-là chargés de protéger un convoi du département d’État. Six d’entre eux avaient déclenché cette tuerie.
C’est à deux reprises que Douglas Murphy, expert du FBI, s’est rendu sur place pour examiner les voitures.
Commentant les photos projetées au tribunal, il a parlé des « dégâts significatifs » causés aux 11 véhicules qu’il a observés en mars 2008 et juin 2009.
Montrant d’abord une Kia blanche criblée de 29 balles à l’avant du véhicule, puis une Volkswagen où il en a relevé 13 sur le seul côté conducteur, Douglas Murphy a expliqué comment d’autres voitures avaient brûlées à tel point qu’« il n’y avait plus rien » à en tirer pour l’expertise du FBI.
Interrogé sur les armes et munitions utilisées ce jour-là par les quatre accusés, un autre expert, des US Marines cette fois, a souligné comment les grenades projetées, « conçues pour pénétrer des blindés et faire des victimes ou tuer », pouvaient « exploser comme un champignon » sur un rayon de 165 mètres. Disproportionnée comme réponse à priori…
De nombreux témoins étrangers, principalement irakiens, doivent être entendus. Les quatre accusés ont plaidé non coupable.
En 2009, un juge américain avait prononcé un non-lieu, car certaines déclarations des accusés juste après la fusillade n’auraient pas dû être utilisées contre eux par le ministère public. Mais deux ans plus tard, une cour d’appel avait rétabli l’inculpation des quatre hommes et le parquet fédéral avait poursuivi Slatten pour assassinat. Un de leurs collègues a plaidé coupable et un autre a bénéficié d’un non-lieu.
Blackwater, qui a changé de nom pour Academi, est désormais présente en Ukraine, où elle aide les partisans du régime pro-europe du président Porochenko à combattre les insurgés pro-russes.