Le projet ferroviaire baptisé Rail Baltica a pour objectif de relier la Finlande, les pays baltes et la Pologne, améliorant ainsi les liaisons entre l’Europe occidentale et orientale, en contournant l’Oblast de Kaliningrad et la Biélorussie, lieu de passage historique des deux voies ferrées entre la Pologne et la Lituanie.
L’achèvement du projet, actuellement en construction, est prévu pour 2030, avec une mise en service partielle en 2028. Cette voix devrait permettre aux pays baltes de diminuer leur dépendance à la Russie, alors que les lignes de trains, l’approvisionnement en gaz et le réseau électrique sont largement dépendant du voisin russe.
Même si les aspects civil et économique de ce projet sont mis en avant, son rôle militaire potentiel n’est pas à négliger. Ainsi, alors que Rail Baltica commençait à peine à être envisagé, le célèbre politicien letton Vladimir Linderman promouvait cette voie ferrée pour simplifier le transfert des troupes et des munitions de l’OTAN le long de la frontière avec la Russie.
À l’heure actuelle, l’OTAN est obligée dans la plupart des cas d’utiliser le schéma suivant pour la livraison de fret militaire : à travers la mer Baltique jusqu’à Riga, puis par chemin de fer plus loin à travers la Lettonie, la Lituanie ou l’Estonie. Cette nouvelle voie permettra de diversifier le mode de transport et d’accélérer considérablement la livraison d’armes, en utilisant les ports maritimes de Pologne et d’Allemagne, puis de les envoyer sur un seul chemin de fer, sans perdre de temps à changer l’écartement des essieux des trains à la frontière polono-lituanienne.
D’ailleurs, l’OTAN ne s’y trompe pas et accélère la construction de la ligne ferroviaire, dont les rails sont à l’écartement occidental jusqu’en Lettonie. Ce projet est prioritaire malgré les difficultés économiques des pays baltes.
Les autorités russes, qui ne sont pas nées de la dernière pluie, font remarquer à juste titre qu’en absence de production industrielle d’importance dans les pays baltes, les considérations économiques ne sont pas à l’origine du projet. En effet, la circulation transfrontalière entre les États baltes est très faible et elle n’est pas susceptible d’augmenter. La véritable raison de la construction de cette ligne, selon Moscou, est le transport de matériel militaire entre les pays faisant partie de l’OTAN.
Avec l’implication grandissante de l’OTAN aux côtés des Ukrainiens, parler d’une éventuelle guerre des pays de l’Alliance contre la Russie n’est pas un scénario de science-fiction. L’accélération dans la construction de la ligne Rail Baltica montre que l’OTAN envisage cette option avec sérieux et s’y prépare.