Le 22 septembre dernier, un système de quotas de migrants pour chaque pays de l’Union européenne a été décidé par la majorité des ministres européens de l’Intérieur.
La République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie ont voté contre. Alors que la Slovaquie a décidé de contester ce qu’elle considère comme un diktat et de confronter Bruxelles sur le plan juridique, le gouvernement tchèque n’a pas souhaité entrer en conflit avec ses partenaires européens. Le Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM) n’accepte pas cette position et le fait savoir de manière claire.
Voici la traduction du communiqué de l’actuel dirigeant du parti, Vojtěch Filip [1].
À propos de la trahison
« La position du Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka m’a très désagréablement surpris. Nous avons tout d’abord été témoins de la réunion, bien que tardive, du groupe V4 que nous présidons actuellement [2]. À cette occasion, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne ont convenu qu’il est nécessaire de rejeter le diktat insensé concernant la redistribution des réfugiés à l’aide de quotas. Par sa propre attitude, le groupe de Visegrad s’est attelé non seulement à faire face aux conséquences de la crise de la migration, mais s’est également attaché à l’obligation de s’attaquer à ses causes. Malheureusement, tout cela a mal fini.
Actuellement, nous sommes témoins des premiers changements dans les attitudes attendues, essentiellement de la part de la Pologne qui, au lieu de défendre ses intérêts, défend une fois de plus les intérêts américains en Europe. Nous verrons bien quel en sera le montant.
Mais je ne m’attendais pas à un tel rétropédalage chez nous après la tenue de propos musclés. La trahison est venue directement du Premier ministre et des sociaux-démocrates. Apparemment, nous ne devrions pas aggraver la situation en Europe, et il serait donc préférable de se soumettre. C’est un coup de poignard dans le dos adressé à Robert Fico mais aussi à Viktor Orban [3], par conséquent à ceux que nous avions persuadés d’agir en commun. Sobotka se fiche de tout ça maintenant. Et surtout, il ne se soucie pas de la trahison de ses propres citoyens. Il devrait peut-être avoir à l’esprit que nous sommes toujours une démocratie parlementaire et que le gouvernement est responsable devant la Chambre des députés et qu’il devra rendre des comptes sur la trahison de ses propres citoyens. »
V. Filip, 24 septembre 2015
La position du Parti communiste tchèque à propos de l’immigration est donc bien plus proche de l’extrême gauche de George Marchais, qui dénonçait déjà l’immigration incontrôlée dans les années 80 [4], que de l’extrême gauche trotskyste et sans-papiériste d’Olivier Besancenot.