Le commissaire Alain Grignard, un des piliers de la lutte antiterroriste au sein de la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles, le disait déjà il y a un an dans une interview à CTC Sentinel, le prestigieux magazine du centre de lutte contre le terrorisme de l’Académie militaire de West Point (école de l’armée de terre des États-Unis, NdlR).
« Permettez-moi de décrire un scénario. Disons que nous avons trois extrémistes qui nous inquiètent. Nous demandons à un juge des écoutes. La barre est plus haute chez nous qu’aux États-Unis. Idem pour les informateurs. Si nous avons le feu vert, nous pourrions avoir à prioriser un des trois. Si on n’a pas de chance, on choisit le mauvais. C’est ce qui est arrivé en France », expliquait-il, en faisant référence aux frères Kouachi.
- Soldats belges patrouillant à Molenbeek
La menace est protéiforme
Et de prédire que, la prochaine fois, la Belgique pourrait ne pas avoir le brin de chance qui lui avait permis en janvier 2015 de démanteler la cellule de Verviers…
C’est là le volet policier. Du côté des services de renseignements, Patrick Calvar, directeur général de la DGSI (organe français que l’on peut comparer à notre Sûreté de l’État) allait dans le même sens lorsqu’il s’exprimait en mai à huis clos devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de l’Assemblée nationale : « Aujourd’hui, plus de 800 personnes ont l’intention de se rendre en Syrie ; or mon service compte 3 500 personnes dont beaucoup ne sont pas impliquées dans la partie opérationnelle. »
Et de relever que la menace était protéiforme : à côté des 400 à 500 Français qui ont été formés ou ont combattu en Syrie et en Irak, capables de commettre des actions d’ampleur, comme celles du 13 novembre, la menace émanait aussi « d’individus qui voudraient agir mais n’en ont pas les moyens. Certains pourraient aller au-delà dans la mesure où ils sont issus des milieux de la délinquance et mener des actions de basse intensité, certes, mais qui n’en sont pas moins de nature à frapper les esprits ». Ce qui portait le nombre à 2 000 personnes.
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Terrorisme : les 13-14 ans des quartiers, ces « bombes à retardement »
« Aujourd’hui le religieux est partout ». Vendredi matin, au micro d’Europe 1, Nadia Remadna ne mâche pas ses mots, et elle sait parfaitement de quoi elle parle. La présidente de l’association La Brigade des mères lutte depuis 2014 contre la montée des extrémismes religieux.
Dans son quartier de Sevran, en Seine-Saint-Denis, elle essaie d’apporter son soutien aux familles dont les enfants se radicalisent. Mais, impuissante, elle assiste au fléau qui se métastase. Car, malgré ses nombreux avertissements, son combat reste ignoré : « Cela fait des années que j’alerte. Mais le problème quand on alerte, c’est qu’on nous dit que le salafisme n’est pas un délit. »
Cours d’arabe ou cours coraniques ?
Pourtant, dans les quartiers difficiles, le salafisme se joue au quotidien. Le visage à peine masqué, il a progressé et s’est enraciné sans qu’aucun responsable politique ne s’en soit soucié, juge-t-elle, elle qui est en première ligne pour en constater l’avancée. « Très pessimiste », elle regrette avant tout ce manque de prise en considération des foyers de radicalisation qui laisse présager le pire : « Aujourd’hui ce qui me fait peur, ce sont ceux de 13-14 ans qui arrivent. Ce sont des bombes à retardement, puisqu’on n’a rien à côté. »