Septembre 2016 : Trump est donné total loser. Il va voir ce qu’il va voir, le prétentieux. Tous les sondages le donnent dans les choux. Il va rentrer chez lui la queue basse et l’ego rouillé. Le bouffon orange va être enterré, disloqué. Puis le 8 novembre 2016, le businessman est élu. Yes, élu. La démocratie bafouée, la Maison-Blanche envahie par les fachos, l’Amérique vendue à la NRA, à Breitbart News, aux anti-écolos, et à Jim Crow. Ben oui.
Que s’est-il passé ? Dans Shattered : Inside Hillary Clinton’s Doomed Campaign, Jonathan Allen et Amie Parnes, tentent d’expliquer. Lui, il est rédacteur en chef du site Sidewire ; elle est correspondante du journal The Hill. Ensemble, ils plongent dans cette mélasse incompréhensible qu’est une campagne politique américaine. Et c’est hallucinant. À côté, la campagne de François Fillon a été une cueillette aux champignons. Celle de Mélenchon, une sieste sous Témesta. En Amérique, ils font les choses en XXL. Les emmerdements comme le reste, grand format.
Allen et Parnes ont passé des mois à interviewer les collaborateurs d’Hillary Clinton. Le portrait de la dame est terrible : elle n’est pas en prise directe avec son équipe, elle est distante, fatiguée, elle communique mal et ne sait pas guider ses troupes. Les deux auteurs racontent la préparation des discours d’Hillary : un puzzle perpétuel. Ils dépeignent le bordel qui règne dans l’équipe pléthorique : les jalousies prospèrent, les crocs-en-jambe se succèdent, les saloperies volent bas, les peaux de bananes sont partout sur le carrelage.
« Notre échec vient de ce que nous n’avons pas réussi à atteindre les électeurs blancs »
Et il y a le havresac d’Hillary : elle y traîne les soupçons de détournement de fric de la Clinton Foundation (avec son mari qui dirige la pompe à dollars en Haïti), les décisions prises pendant l’attaque de Benghazi (alors qu’elle était ministre des Affaires étrangères), l’affaire des e-mails sur un serveur privé. Surtout, elle a l’image d’une femme antipathique, dévorée par le goût du pouvoir, rapace.
Dernier point : jamais, jamais elle n’est capable de donner une raison pour sa candidature. Elle veut être présidente ? Soit. Mais why ?