L’insulte est presque passée totalement inaperçue en France, et pour cause, puisque toutes les télés françaises sont plus ou moins contrôlées par une rédaction en chef « pro-sioniste » qui, comme vous l’avez constaté, invite toujours les mêmes [1] pour défendre le génocide en cours en Palestine et au Liban, et sans jamais inviter un Palestinien ou bien un opposant bien français à la politique génocidaire d’Israël.
Cette censure massive, destinée à masquer toute information qui pourrait contredire le « narratif pro-génocide » est devenue si pesante que cela provoque des conflits au sein même des rédactions.
Et il est intéressant de noter que si la voix d’Emmanuel Macron en général, et celle de la diplomatie française en particulier dans le conflit palestinien sont devenues totalement « invisibles » et inaudibles, celle d’Erdoğan en revanche est systématiquement reprise dans le monde entier, sauf en France... Les propos de Macron sur Gaza ou le Liban ressemblent désormais à des essuie-glaces de voiture, tantôt à droite, tantôt à gauche, mais effaçant systématiquement tout ce qui a été dit précédemment.
Qui aurait imaginé qu’un jour, la « Sublime Porte » effacerait le « Quai d’Orsay », ce qui, pour les Turcs, a un petit goût de revanche. La disparition de la diplomatie tricolore n’a profité qu’à une seule personne, au président de la Turquie, dont les propos sont quand même bien sagement censurés par la presse tricolore qui rappelle désormais celle qui avait autorisation de publier sous le gouvernement de Pierre Laval.
Pour toutes ces raisons, il m’a semblé vital de montrer la position de Receip Erdoğan qui, lui, a choisi l’affrontement direct, comme lorsqu’il a qualifié pour la première fois Benjamin Netanyahou de « nouvel Hitler » le 27 décembre 2023 à Ankara :
« Quelle est la différence entre Netanyahou et Hitler ? Ils nous font même regretter Hitler ! Existe-t-il une différence entre ce que fait Netanyahou et ce que faisait Hitler ? Non !
De plus, Hitler n’était pas aussi riche que lui... En revanche Netanyahou est plus riche qu’Hitler : il reçoit le soutien financier de l’Occident. Il reçoit toutes sortes de soutiens financiers des États-Unis. Et avec tout cet argent qu’ont-ils fait les Israéliens ? Ils ont tué plus de 20 000 Gazaouis !
Je vous le dis, le Premier ministre Netanyahou n’est pas différent d’Adolf Hitler puisque les attaques d’Israël sur Gaza ne différent guère du traitement infligé aux juifs par les nazis (...)
(Cliquez sur l’image pour voir la vidéo – en anglais)
Nous sommes outrés par l’aide occidentale apportée à Israël, raison pour laquelle la Turquie est prête à accueillir tous les universitaires et scientifiques qui sont persécutés en raison de leurs opinions sur le conflit à Gaza (...).
Évidemment, l’Allemagne se sent obligée de soutenir Tel-Aviv, ne pouvant dénoncer les actions d’Israël parce que les Allemands paient encore le prix pour les crimes d’Hitler. »
Erdoğan a ainsi planté le décor avant d’enfoncer littéralement le clou presque 10 mois plus tard en Mondovision à la tribune des Nations unies de New York, où, devant les caméras du monde entier, il a cette fois directement traité et insulté Benjamin Netanyahou l’accusant directement d’être « un nouvel Hitler » !
« Le Turc Erdoğan compare l’Israélien Netanyahou à Hitler à l’assemblée des Nations unies. »
À part se prendre une chaussure dans la figure, il n’existe rien de pire pour Netanyahou que d’être ainsi humilié. C’est donc bien à partir de cet instant que l’insulte a fait le tour du monde, à la une de 98 % des médias sauf (à de rares exceptions) des français, bien évidemment : la censure pro-Netanyahou – Habib - Yadan - BFM TV - CNews, etc. – veille, sans parler des réseaux sociaux majoritairement contrôlés par Meta (Facebook, Instagram, etc.) de M. Zuckerberg, ardent adorateur d’Israël, et pour cause, très, très efficaces en France.
La définition / relation / identification « Netanyahou = Hitler » a ainsi été clairement posée pour ne plus jamais quitter le devant de la scène ou plus précisément les écrans de télévision à chaque fois que le Premier ministre israélien prend désormais la parole.
Et, cerise sur le gâteau offert par Erdoğan, c’était avant que Netanyahou prenne la décision de bombarder le sud du Liban ainsi que Beyrouth, faisant indistinctement 2 000 victimes libanaises totalement étrangères à sa guerre contre le Hamas en Palestine.
C’est ainsi que la guerre d’abord silencieuse entre la Turquie et Israël a commencé avant de devenir verbale, jusqu’à cette fin octobre 2024 où cela a pris une tournure militaire : Erdoğan a officiellement demandé à son Assemblée nationale une hausse du budget de l’armée « afin d’être prêts pour une guerre régionale de grande intensité. La Turquie est prête à toute lutte par procuration, et cela dans tous les sens du terme. Nous sommes prêts à toutes les options, y compris l’intervention directe. Nous ne voulons pas nous battre [sous-entendu contre Israël], mais nous le ferons s’il le faut, et ce sera alors le début de la Troisième Guerre mondiale. C’est le scénario le plus pessimiste. »
Un député proche d’Erdoğan a aussitôt proposé une taxe exceptionnelle sur toutes les cartes de crédit turques en circulation afin de préparer un fonds spécial pour l’industrie de l’armement (payer les nouvelles armes) et pour « protéger le pays en raison des conflits violents qui se déroulent à ses frontières ».
Le message est clair : la Turquie se prépare et n’hésitera pas à affronter Israël de manière directe, ouvrant en effet la voie à la Troisième Guerre mondiale, si le reste du monde « civilisé » ne met pas un terme au massacre des Palestiniens par Netanyahou.
Seul souci pour Erdoğan, Tel-Aviv possède la bombe nucléaire, alors que Ankara n’en dispose pas. Un jeu par définition très dangereux pour la Turquie comme pour le reste du monde, mais de ce que j’ai pu observer à Istanbul, les citoyens le soutiennent à presque 100 % dans sa volonté d’affronter Israël. C’est bien connu, les Turcs sont avant tout des têtes brûlées.