C’était le 1er décembre 2003, chez Fogiel. Ce jour-là, Dieudonné ne le sait pas encore, mais il va marcher sur une mine. Pas une petite mine antipersonnel, qui fait sauter une jambe, non : une mine thermonucléaire, dont la télé, puis la société française, ne se sont pas encore remises.
Fogiel, lui, a disparu dans les limbes du PAF, réapparaissant en radio pour faire du hard news, tandis que Dieudonné, transformé en nèg’marron malgré lui, prenait le maquis. On connaît tous l’histoire, mais ce qui déchire la France aujourd’hui, la fracture sioniste en France, pourrait-on dire, vient de là. On ne parle plus en termes d’opposition droite/gauche, fondue dans un libéralisme transcourant de bon aloi, mais d’opposition système/antisystème. Et comme le système semble éminemment sioniste, ou prosioniste, alors la faille politique française est bien sionisme/antisionisme.
En marchant sur sa mine, Dieudonné a révélé une faille, autour de laquelle se sont déterminés les acteurs politiques. Le conflit Fogiel/Dieudonné symbolisant ce nouveau débat, rapidement interdit par les puissances médiatiques, qui agite pourtant le Net. Il fait même les délices et le succès du Net, qui n’est pas antisioniste en soi, mais qui s’autorise (tout seul, comme un grand) à discuter des problèmes que le Média dominant récuse. Le débat nourrira quand même la presse, mais qui ratera une occasion historique de se refaire la pelote populaire, en ne rendant qu’un son de cloche : celui de la dominance. C’est à ce moment-là que la presse française a périclité. En prenant fait et cause pour Fogiel, pseudo-victime du terrorisme dieudonnesque, elle a perdu une partie de ses lecteurs, venus chercher une explication plus rationnelle sur l’Internet, une explication qui permettait de comprendre, justement, pourquoi la défense de Dieudonné n’était pas assurée dans ses pages.
Une fracture fondamentale, donc, qui n’est toujours pas refermée, et dont les représentants officiels et officieux du sionisme français se serviront pour traiter la France de pays « antisémite ». Une accusation grave, dont on comprendra, un peu plus tard, qu’elle correspondait exactement à la nouvelle politique de l’État raciste d’extrême droite israélien, sous la main de Netanyahu, qui succédera à Sharon, alors dans les choux.
Politique d’aliyanisation de la France
Israël avait besoin des juifs français (deuxième réservoir de juifs au monde après les États-Unis), et Dieudonné tombait à pic avec son sketch inoffensif, pour déclencher la répression du soi-disant « antisémitisme français ».
Une répression médiatico-politique, relayée par tous les sayanim et autres partisans de cet Israël-là en France. Car il y a un autre Israël, de gauche, mais minoritaire. On en veut pour preuve que cette même répression, qui s’est abattue avec « succès » sur Dieudonné, avait déjà été tentée des années auparavant sur d’autres personnalités du spectacle ou des médias. Sébastien Cauet (le 27 janvier 1995 sur Fun Radio avec sa vanne sur Auschwitz, qui bloquera son avancement dans les médias), ou Laurent Violet (viré de France Inter en 2000 pour une blague sur les fours en Autriche), avaient essuyé les feux de la dominance avec une seule vanne sur la communauté régnante.
Cependant, l’incendie ne prendra pas, les Français ayant la tête ailleurs, ou se fichant des aboiements des éditorialistes « aux ordres » de l’audiovisuel. Mais le dispositif était en place. Il fonctionnera à plein régime, avec des reprises ininterrompues, jusqu’à la nausée, à partir de 2004. Coïncidant avec la nouvelle politique israélienne d’incitation au départ des juifs français. Cette année-là, les journaux télévisés se feront les complices de ce plan, en diffusant à profusion des reportages incongrus sur « l’aliyah », ou la montée en Israël des juifs français.
On ne peut alors s’empêcher de mettre la fabrication de l’événement « Dieudonné » – visionnaire avec son sketch sur le terrorisme sioniste ! – en perspective avec les « attentats antijuifs » qui suivront. Et dont la responsabilité lui sera moralement attribuée ! Si nous mettons des guillemets, ce n’est pas par antisémitisme ou antisionisme, mais uniquement parce que les affaires en question, Halimi et Merah, ne sont toujours pas claires. On en a longuement parlé sur notre site.
Ainsi, avec une bonne décennie de recul, on comprend que Dieudonné a été pris dans un dispositif pré-existant qui avait besoin d’un ennemi intérieur, véritable fabrique d’antisémitisme français, à l’image de SOS Racisme qui, comme l’explique bien Zemmour, a été fondé pour créer du racisme en France. « SOS Antisémitisme » n’a pas été fondé à l’occasion du sketch de Dieudonné, mais c’est tout comme, et le lobby n’en avait pas besoin, puisque « SOS Antisémitisme » existait déjà, en la personne morale (!) du CRIF.
L’antisémitisme, ce « problème intérieur français », n’est donc qu’une décision de politique extérieure israélienne. Un pur produit d’importation. D’ailleurs, « l’affaire Dieudonné », qu’on aurait dû appeler l’affaire « SOS Sionisme en France », a fait l’objet d’un intense battage médiatique venu d’Israël, tambouriné sur toute la terre, à travers les réseaux sionistes. Si les Français ne sont pas antisémites, ils détestent qu’on les prenne pour des cons, et s’en rendent de plus en plus compte. C’est peut-être pour cela qu’on les punit.