Peut-on défendre la cause animale sans visionner des vidéos agressives ? Défend-on la cause animale en réagissant à ces images ? Telles sont les questions que l’on se pose devant la politique de la vidéo choc.
Sans nier la réalité industrielle abordée dans cet extrait, il semble que pour défendre les animaux, il n’est pas besoin de remonter et entretenir sa haine (des hommes) en regardant des atrocités sur écran. Défendre la cause animale demande un peu plus que du choc émotionnel suivi d’une réaction primaire, par exemple le réveil de l’instinct de vengeance.
Personne n’ignore les processus industriels qui détruisent et les animaux, et aussi les hommes, pour le « bienfait » de tous, soi-disant. Ou pour les bénéfices de certains. Le respect global de l’animal, traité comme une marchandise, s’obtiendra par une prise de conscience de tous, ou presque, en tous les cas d’une majorité de citoyens ou de consommateurs. En attendant, il ne s’agit pas de rester les bras croisés, mais de diffuser ce respect du vivant qui ne colle pas avec le libéralisme. L’empathie ou le rejet, eux, sont tout à fait compatibles avec la religion du profit : on crie, on pleure, puis on passe à autre chose.
Ce qui n’est pas le cas de la conscience, qui interdit tout retour en arrière.
Ainsi, ceux qui veulent aider les animaux, peuvent commencer à consommer autrement, sans parler de leur attitude avec les animaux de compagnie, c’est-à-dire de ceux qu’on ne mange pas. Car en matière d’amis à quatre pattes, il y a aussi des modes de « consommation ». Le chien branché (le must have) est le carlin, par exemple, qui envahit tous les centre-villes et qui est devenu, bien malgré lui, un accessoire de mode.
Ce qui n’implique pas qu’on maltraite cet animal, mais il a été fabriqué par l’homme, pour l’homme, en tant que peluche vivante au visage touchant. La plupart des maîtres (de chiens) ne donnant pas à leurs animaux des conditions de vie particulièrement « naturelles ». Un anthropocentrisme forcé, en quelque sorte. En ce qui concerne le carlin, comme le bouledogue, lui aussi très en vogue, il faut savoir que les croisements successifs ont fait d’un chien lambda un petit animal proche de l’homme, par le caractère et le visage. Mais il est obtenu par naissance difficile, et son souffle court l’empêche de courir comme le font ses frères bâtards ou ses cousins sauvages.
La solution n’est donc pas dans les larmes ou la colère, même si ça peut être, selon les sensibilités, un passage nécessaire, mais dans un changement de comportement personnel – toujours commencer par soi-même – et dans la contamination par la connaissance. Les vidéos choc du groupe L214 ont les limites de leur impact : trop fort, il bloque la conscience. Et le spectateur ne sort pas du registre émotionnel, qui ne débouche pas sur une action concrète, hormis celle des militants de la cause, qui vont jusqu’aux ecoguerriers. Ceux-là ont franchi la barrière, pour se livrer à des actions-choc (délivrer des animaux de laboratoire, par exemple, ou infiltrer des abattoirs), qui leur font du bien, mais qui peuvent braquer le grand public.
Le tri et la destruction des poussins inutiles, pour ceux qui veulent voir :