En vérité, le gauchiste Thomas Portes n’a pas guillotiné le néolibéral Olivier Dussopt, déjà plongé dans une sale histoire de favoritisme avec une compagnie d’eau. Il s’agit d’un montage grossier, mais cela a suffi, pour la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, pour exclure le député LFI pendant 15 jours.
Monsieur le ministre @olivierdussopt retirez votre #ReformeDesRetraites pic.twitter.com/PXvgydps9i
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) February 9, 2023
Cette séquence théâtrale où la Braun-Pivet joue les grandes démocrates outrées intervient au moment de la 4e mobilisation des syndicats et de leurs troupes contre la retraite à 64 ans, sur laquelle le gouvernement Bornstein ne veut pas transiger.
Comme d’habitude, en France, on va au bras de fer, mais sans forcément faire la révolution. En général, les syndicats bloquent un peu le pays, ou menacent de le bloquer, en l’occurrence le 7 mars.
Le Monde, un journal pourtant bourgeois, relaie un manifestant qui prône la radicalisation :
Vaya, 42 ans est éducateur au lycée Ronsard de Vendôme et dessinateur. Jusqu’à aujourd’hui, sa révolte s’exprimait principalement sur du papier Canson. Dans son roman graphique Mémoires effondrées, il aborde ainsi l’urgence écologique. Ce samedi, il manifeste avec sa femme Camille, bibliothécaire, et leur fils Gustave, 8 ans. « Mais ces marches ne suffiront pas, il faut aller vers les blocages et la désobéissance civile. » Il réfléchit. « Dans cette foule, il y a beaucoup de gilets jaunes sans gilet. Des gens prêts à agir, qui se sont forgé une vraie conscience citoyenne depuis l’élection de Macron. » Le cortège passe lentement devant la permanence du député Christophe Marion (Renaissance). Quelques manifestants prennent en photo la vitrine tapissée d’affiches satyriques et de stickers cégétistes. « On devrait interpeller davantage nos élus locaux. Chacun devrait être en mesure de faire pression sur eux », estime-t-il.
Le réveil de la classe moyenne des villes moyennes
Quatre ans après la révolte des Gilets jaunes, de cette France prolétaire, la classe moyenne se bouge un peu les fesses. C’est peut-être un peu tard pour réaliser les conséquences dramatiques de la macronisation du pays. Mais la mobilisation reste forte, et à Toulouse, ville de gauche par excellence, on continue à défiler : 100 000 selon la CGT, 30 000 selon la police. Dans les villes moyennes environnantes, ça ne faiblit pas, selon La Dépêche : 3000 à Cahors, 10 000 à tarbes, 8000 à Montauban, 9000 à Pamiers, 6000 à Castres, 2400 à Saint-Gaudens...
Au-delà du profil sociologique des manifestants, il y a une différence avec les Gilets jaunes : les forces de l’ordre ne les tabassent pas aussi durement (pour l’instant, ni énucléation ni arrachage de mains). Est-ce parce que l’oligarchie craint le vote de la classe moyenne, alors qu’elle considère le vote du prolétariat (RN en majorité) perdu à jamais ?
Dans l’hémicycle, le combat continue : LFI est aux premières loges avec 20 000 amendements déposés, tandis que le RN reste tapi dans l’ombre, attendant une éventuelle dissolution, formant ses troupes à une prise de pouvoir légale. En cas de vrai crash social, Macron ira-t-il jusqu’à cohabiter avec Marine ou Bardella ? L’histoire nous a montré qu’elle peut basculer très vite, surtout si les dirigeants européens officialisent leur guerre contre la Russie. De ce point de vue, le RN a donné des gages...