Un article glissé en douce dans le projet de loi Sapin 2 doit permettre à l’État de céder au plus vite le domaine de Grignon, dans les Yvelines. Une manœuvre qui pourrait faire le bonheur de l’émir du Qatar, Tamim al-Thani, déjà propriétaire du PSG.
On y élève des vaches et des brebis. Pas des chevaux. Qu’importe : pour se débarrasser du domaine de Grignon, dans les Yvelines, le gouvernement a sorti son arme secrète, le « cavalier » législatif. Autrement dit, un amendement qui n’a rien à voir avec la loi présentée devant les parlementaires mais que l’exécutif tente de faire voter en catimini, par pur opportunisme politique.
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L’idée ? Permettre à ses deux institutions [AgroParisTech et l’INRA], qui occupent aujourd’hui le domaine de Grignon et qui veulent déménager, d’encaisser illico le produit de la vente. Le hic, c’est qu’on ne parle pas ici d’un champ de patates ou d’un bout de forêt dans lesquels quelques chercheurs se baladent éprouvettes en main. Avec son château du XVIIe siècle de style Louis XIII inscrit à l’inventaire des monuments historiques, sa riche bibliothèque, son musée du Vivant, son exceptionnel arboretum (200 espèces différentes), ses jardins et ses prairies, ce site de 291 hectares est l’un des joyaux du patrimoine culturel et scientifique français.
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- Le 3 février 2010, le président Sarkozy décore Tamim al-Thani
À Grignon, depuis des mois, le nom d’un potentiel acquéreur est sur toutes les lèvres : l’émir du Qatar. Tamim al-Thani, 36 ans, s’est rendu sur place à plusieurs reprises. Le propriétaire du PSG a même envisagé d’y installer le futur centre d’entraînement du club. À grand frais : l’enveloppe totale du chantier, dévoilée par Le Parisien, s’élève à 300 millions d’euros ! Devant la bronca locale, appuyée par une pétition de 26 000 signatures, la direction du PSG a annoncé mi-juillet qu’elle préférait se rabattre sur un site voisin, à Poissy. Mais la piste qatarie continue d’alimenter les conversations à Grignon, où il se dit que Tamim am-Thani pourrait transformer le domaine – estimé au bas mot à 35 millions d’euros – en résidence de luxe pour les joueurs, ou pour ses hôtes de marque.