L’ancien émir de ce micro-État du Golfe s’est constitué au fil des années un faramineux patrimoine dans l’Hexagone. Pour la première fois, Marianne et Mediapart révèlent, chiffres à l’appui, les dessous de cette razzia immobilière.
On les dit fans de foot et d’équitation. Mais c’est au Monopoly que les Qataris donnent la pleine mesure de leur talent. Surtout lorsqu’ils tiennent la banque… Marianne et Mediapart ont eu accès à des centaines de documents confidentiels permettant d’estimer au plus près l’immense patrimoine accumulé par la famille royale hors des frontières de ce richissime confetti du Golfe. Une mine d’informations, dont l’essentiel n’a jamais été révélé jusqu’ici, qui concernent notamment les sociétés civiles et commerciales détenues en France par l’ancien émir Hamad al-Thani, ses trois épouses et quelques uns de ses 24 enfants.
Immeubles de bureaux situés à des adresses prestigieuses, hôtels particuliers parisiens, haras, château d’époque Louis XIV, villas de luxe et palaces sur la Côte d’Azur : l’ex-souverain de l’émirat, qui a régné de 1995 à 2013 avant de passer les rênes à l’un de ses onze fils, Tamim (photo ci-contre), s’est constitué au fil des années un fabuleux portefeuille immobilier dans l’Hexagone.
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Lors de son arrivée au pouvoir, Hamad al-Thani avait promis de mettre fin à cette confusion des poches. Faute de données fiables et de contrôle indépendant sur la question, aucun observateur sérieux de la région ne peut attester qu’il l’a fait. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il a su trouver les milliards, quand il le fallait, pour se mettre quelques toits sur la tête.
Un patrimoine à plus de 3 milliards d’euros
Les chiffres donnent le tournis. Entre 1989 et 2015, l’ancien émir du Qatar Hamad ben Khalifat al-Thani a acheté à titre personnel 34 biens ou domaines répartis entre Paris, le sud et l’ouest du pays, d’une valeur globale de 3,3 milliards d’euros.
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Le montant final est astronomique : un peu plus de 3 milliards d’euros. Et encore : faute d’informations suffisamment précises sur quatre immeubles parisiens – ceux du 53, 116 et 116 bis de l’avenue des Champs-Elysées, et celui du 232, rue de Rivoli –, nous n’avons pas intégré dans notre calcul ces milliers de mètres carrés supplémentaires.