La politique de la salle vide
Le cinéma français a été, si l’on peut dire, un service public, une industrie du divertissement au service du (grand) public. Cela a duré jusque dans les années 70. Ensuite, à quelques exceptions près, le cinéma dit français s’est mis au service d’une élite qui s’en est servi pour faire la propagande de ses propres intérêts.
Cela a été le début du progressisme, ou de l’idéologie mondialiste. Ce grand remplacement culturel a commencé doucement, puis s’est accéléré pendant les années 2000. Le résultat, aujourd’hui, est effarant. Ce ne sont que longs clips pour la Pieuvre (le système nerveux central du mondialisme) et ses tentacules : féminisme, LGBTisme, antiracisme, mercantilisme, sionisme, pornocratisme, anticatholicisme...
Les salles vides sont la sanction logique de ce détournement et de cette captation. Ce n’est évidemment pas la pandémie, comme le clament bon nombre de professionnels de ce Système, qui est à l’origine de cette catastrophe économique et de ce suicidé culturel : ce sont les tenants de ce Système eux-mêmes. Les confinements n’ont évidemment pas aidé à remonter la pente, mais le mal était en germe.
Jeudi 6 octobre 2022, les indépendants du cinéma, dit d’art et d’essai, ont lancé un appel à des États généraux, parce que c’est ça ou crever. Le Figaro écrit :
Réuni en marge des institutions professionnelles officielles du secteur, ce collectif informel constitué notamment d’indépendants, s’inquiète que les pouvoirs publics, qui ont massivement soutenu financièrement le secteur depuis le début de la pandémie et évité les faillites, préfère « soutenir l’outil industriel plutôt que les mécanismes de la création ». Les petites structures et le cinéma d’art et essai sont les premières victimes de la désaffection du public. Environ un tiers des spectateurs manquent toujours à l’appel dans les cinémas, et les salles obscures ont connu un mois de septembre noir avec 7,32 millions d’entrées, le plus bas depuis les années 1980 et le début des statistiques – à l’exception de 2020.
La suite de l’article se passe de commentaires, et on va vous expliquer pourquoi (donc on fera quand même des commentaires) :
Dans ce contexte, « il était temps de tirer un signal d’alarme au nom de l’amour du cinéma », a déclaré la productrice Judith Lou Lévy (Les Films du Bal), expliquant que « ces inquiétudes ne datent pas d’hier ». « Il n’est pas rationnel de travailler autant sur nos films si on n’a plus la certitude de les sortir d’ici trois ou cinq ans... On en est là ! Il manquera de d’argent, des sociétés de distribution indépendantes, des salles... », a abondé Élisabeth Perez (Chaz Productions). « On est venus alerter sur un système qui a permis de faire vivre le cinéma en France depuis des décennies, et auquel on retire chaque jour un peu plus son oxygène », a complété la réalisatrice Axelle Ropert (Petite Solange). « Les signaux sont nombreux à nous questionner sur les choix et objectifs pour l’avenir » du cinéma mais aussi « de la culture et de la politique culturelle » en général.
Or, c’est ce Système (le CNC des copains) qui a permis à des films dits progressistes de prendre toute la place, de parasiter la création au profit de la propagande, et ce sont les responsables de cette catastrophe qui pleurent aujourd’hui. Certes, on n’oublie pas les grosses maisons de production et/ou de distribution qui fabriquent de la merde à la chaîne qui finit dans les multiplexes des mêmes majors.
Pour illustrer notre propos, on a justement été chercher les films de Judith Lou Lévy, d’Élisabeth Perez et d’Axelle Ropert.
À toute seigneuse toute honneuse, on commence par la dernière, car les dernières seront les premières. Citons Wikiédia, à qui ont n’a pas donné notre obole de 2 euros, car l’encyclopédie en ligne a salopé les comptes des auteurs E&R, quand elle ne les a pas détruits.
Axelle a réalisé La Famille Wolberg, « l’histoire de Simon Wolberg, maire d’une ville de province et sa famille ». Poursuivons : « Elle est la co-rédactrice en chef de la revue de cinéma La Lettre du cinéma, et participe également en tant que critique au magazine Les Inrockuptibles et dans l’émission de Canal+ Cinéma Le Cercle. » C’est quasiment un triple délit. Terminons : « Elle est membre du collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel. » Tout est dit, non ?
Et maintenant, un extrait de la critique dithyrambique du Monde, par l’inénarrable comique Jacques Mandelbaum :
On aura ainsi défini l’un des traits essentiels de La Famille Wolberg : son excentricité. Non dans l’acception tonitruante de ce terme, mais dans la surprenante douceur, la suave mélancolie de son décalage. C’est à cette aune qu’est dessiné le portrait du personnage principal, Simon Wolberg, génialement interprété par l’acteur belge François Damiens. Juif ashkénaze profilé sur fond de désastre lointain, son obsession est celle d’un fils de rescapé rattrapé par la paternité : survivre avec sa famille, tenir ensemble coûte que coûte.
Allez hop, on passe à la deuxième, la productrice Élisabeth Perez. Là, c’est le site femmesdecinema.org qui nous affranchit :
Elisabeth Perez est productrice et dirige depuis 2009 la société CHAZ Productions où elle défend un cinéma d’auteur exigeant et populaire, tout en soutenant une diversité de genres et de formats.
Diversité de genres, là aussi, c’est plié. Élisabeth a produit La Belle Saison, de Catherine Corsini, un film gay-friendly.
On vous remet une louche de Wiki avant de passer à la troisième dame :
La Belle Saison est un film franco-belge réalisé par Catherine Corsini, sorti en 2015. C’est un drame évoquant une relation amoureuse entre une agricultrice et une enseignante et militante féministe dans la France des années 1970.
Naturellement, le « drame », c’est l’homophobie ambiante des ploucs hétéros.
Troisième et dernière du genre (ah ah), Judith Lou Lévy. Non, ce n’est pas la fille cachée de BHL et/ou d’Élisabeth Lévy, mais la fondatrice des Films du Bal, ce qui donne un petit cachet populo. Attention, bal n’est pas le diminutif de baltringue.
On notera que Judith a produit Le Genou d’Ahed, un film sur la pasionaria palestinienne Ahed Tamimi. Mais ça, c’est la surface : en réalité, le film sur Tamimi n’aura curieusement pas lieu. Le Monde écrit :
Cet événement et ces propos sont au cœur du quatrième long-métrage du réalisateur Nadav Lapid, dont le personnage principal, un cinéaste baptisé « Y », alter ego du réalisateur, veut tirer un film qui pourrait s’appeler Le Genou d’Ahed. Sollicité en province, il laisse toutefois ce film en plan pour vivre brièvement une autre histoire, celle que nous raconte précisément le film de Nadav Lapid, qui ne s’en intitule pas moins Le Genou d’Ahed. Le film réel – celui qu’on est en train de regarder – a donc adopté le titre du film dans le film, inachevé, inachevable sans doute, en se substituant à lui.
Effectivement, dans la bande-annonce, on ne voit que le réal israélien qui se met en scène. Partie en fumée, la Tamimi !
Voilà, on a un peu fait le tour de ces femmes de cinéma qui réclament des États généraux, comme en 1789. Sauf que la révolution a déjà eu lieu dans le cinéma français, qu’elle a guillotiné l’exception culturelle nationale pour arrimer notre cinéma au gros cul du progressisme, pour ne pas dire plus, ou moins.
Qui sème le progressisme récolte la salle vide.