Elle a surgi dans le portrait de Libé en dernière page. D’habitude, et c’est la dernière survivance du Libé des années 80, qui était encore un peu foutraque, un peu lisible, avant que Serge July ne mette le canard au service du néolibéralisme fabiusien, le portrait met en valeur une personnalité avec une vraie vie. Là, ni personnalité ni vie, juste une sionarde antiraciste de gauche de 38 ans qui a souffert de son post-partum, baby blues pour les anciens.
Elle est devenue célèbre (sur les réseaux sociaux, calmons-nous) en cinq minutes et depuis, nantie de ses 18 000 abonnés, elle veut réaliser la convergence du féminisme, de l’antiracisme et du sionisme. Bon, Illana, ça existe déjà, ça s’appelle SOS Racisme et ça a floppé grave. On va parler jeune, car Illana écrit comme elle parle : mal. Heureusement, l’ex-agent du Mossad devenu le patron de Libé a présenté la fille comme une star de l’engagement et de l’intelligence.
Aujourd'hui dans @libe, portrait plein de finesse entre Tel-Aviv et Paris d'@IllanaWeizman, où l'on apprend en plus que son bébé s'appelle Dov. Tout ici m'est donc connu, et pourtant tout m'y est nouveau. Par @JulieLSlama https://t.co/AvzbMtRtdM
— Dov Alfon (@dovalfon) October 15, 2022
Le dernier chapitre de son Wikipédia est comique.
« En janvier 2021, elle publie l’ouvrage Ceci est notre post-partum, qui analyse toutes les injonctions patriarcales associées à cette période de la vie. En octobre 2022, elle publie l’ouvrage « Des Blancs comme les autres ? Les Juifs, angle mort de l’antiracisme » dans lequel elle pose la question « L’antisémitisme est un racisme, mais pourquoi n’est-il pas considéré comme tel au sein des luttes antiracistes ? »
Elle appelle à la convergence des luttes antiracistes et rappelle avec Frantz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille : on parle de vous. » Voir l’entretien de Bondy Blog : « Tous les racismes proviennent d’une même essence, notre ennemi commun c’est l’hégémonie blanche, qu’on soit juif, musulman ou noir » et « l’antisémitisme est un produit idéologique européen. Il devrait être traité en déconnexion avec Israël et ce qu’il s’y passe ». »
La fin est magnifique : non seulement la haine des Blancs (européens) n’est pas un racisme, parce qu’elle le décrète, mais en plus faut pas croiser le racisme israélien avec le racisme européen, car c’est pas des Blancs, voyez-vous. À partir de là, on ne peut plus raisonner. C’est comme si en maths on vous demandait de prouver que 2 =1, par exemple.
On ne va pas croiser le fer avec Illana, mais analyser un peu le portrait de Libé, qui en dit long sur le sionisme d’aujourd’hui.
L’affirmation qui a déclenché notre intérêt :
« Sur un bout ; t’as la blague, à l’autre bout, t’as la shoah ou le meurtre antisémite, ou le féminicide. »
Le problème, Illana, c’est que tu ne peux pas empêcher l’humour, que ce soit sur les femmes ou sur les juifs, et a fortiori sur les femmes de confession juive, si elles se sentent femmes évidemment, car l’humour se nourrit justement de l’empêchement, de l’interdit, du malaise, du drame, du malheur. Et pour les juifs, qui parlent souvent de leurs malheurs à travers les siècles, il est logique qu’il y ait un humour juif et un humour sur les juifs. Cet humour fonctionne sur le malheur et fait sauter les barrières, les lignes rouges établies par les censeurs qui veulent protéger un pouvoir, un privilège. L’humour ne connaît pas de frontières, pas d’interdits, et si tu lui en mets, il les enjambe. Voilà pour l’humour, juif ou pas juif d’ailleurs.
En 1933, la diatribe d’Illana aurait eu du sens, et un certain panache, mais aujourd’hui, c’est d’un banal… Cette victimisation sans fondement est chronologiquement incongrue.
On voit dans sa présentation Twitter qu’Illana se présente comme féministe, antiraciste : or, ce ne sont pas des qualifications, et encore moins des métiers. Mais aujourd’hui, le Système a besoin d’agents d’entretien et de diffusion de sa doxa, qui est justement féministe et antiraciste et, même si c’est redondant ou englobant, sioniste. Ainsi, nous voyons des personnes sans qualification ni talent, sans autre talent que celui de dénoncer ceux qui les dérangent, devenir des juges, des juges suprêmes, sans être nommés par la magistrature, et sans avoir bossé leur droit, ce qui est ardu.
Ces personnes jugent selon leurs intérêts de classe ou de communauté, et une Illana, qui écrit et pense de manière vulgaire, se permet de juger Mélenchon, qui la dépasse de beaucoup en culture politique et talent oratoire. Heureusement, l’égalitarisme permet de se sentir l’égal d’êtres supérieurs. Eh oui, il y a une hiérarchie entre les êtres, si on parle compétence.
C’est le grand défaut et peut-être le trou dans la cuirasse du sionisme, qui pense avoir pensé à tout : ce sont aujourd’hui les idiots qui se sont emparés et qui entretiennent le sionisme. Cette idéologie est devenue une idéologie d’idiots tant elle charrie de contradictions, qu’on pense seulement à « la seule démocratie du Proche-Orient », qui persécute en réalité tout un peuple avec des lois racistes ! Les vrais juifs, ce sont les Palestiniens.
Cette dégradation est bon signe pour l’humanisme, mais les idiots peuvent faire beaucoup de mal, avant d’être écartés par l’Évolution. Et en disant ça, on ne parle pas d’extermination physique des individus porteurs d’une idéologie dépassée, et donc condamnée par l’Évolution, mais d’extinction d’une idéologie, tout simplement, par ce qu’on appelle la force des choses.
Ce texte est à la fois aberrant et emblématique de l’impasse du sionisme actuel. C’est très encourageant, ça montre que l’intelligence a changé de camp.
Quant à Libé, il nous avait habitués à des pages portrait de meilleure facture, car là on est au niveau des influenceuses de Magali Berdah, avec tout le respect qu’on doit à cette jolie Bretonne qui lutte vaillamment contre des vautours qui lorgnent sur son magot. On a l’impression qu’on nous vend un sionisme frelaté, vendu très cher et qui ne fait pas de bien. Tiens, comme l’élixir de Bourla !
Dernière chose à propos du peuple déicide qui sert aux juifs talmudistes à condamner d’emblée l’accusation des catholiques en la transformant en antisémitisme, alors qu’il s’agit d’un fait historique, corrigeons tout de suite : c’est le Sanhédrin, l’oligarchie juive de l’époque, qui a assassiné le Christ, pas le petit peuple juif, qui lui était acquis.
Toujours et partout, bien faire la différence de classe, et ne pas faire porter au peuple le chapeau ou la kippa de ses élites, dont le peuple est souvent le captif, la chasse gardée, la première des victimes. Toute ressemblance avec le peuple israélien...