Soit ce gouvernement n’a rien compris, soit il n’a plus la main sur les commandes de l’économie. Dans les deux cas, c’est grave : on rappelle que la révolte des Gilets jaunes est partie de l’annonce de la hausse du prix des carburants... Eh bien les carburants n’ont jamais été aussi hauts, comme si la leçon des presque 6 mois de révolte populaire n’avait pas servi. Et ce n’est pas fini : les déplacements en voiture seront de plus en plus encadrés et de plus en plus lents.
Taxes partout, justice nulle part
À Paris et à Lyon, les pouvoirs locaux s’attaquent au déplacement en voiture, c’est indéniable. Les écolos et amateurs d’air propre applaudiront, les conducteurs grogneront. On dit que la grogne est une tradition française, mais on dirait un proverbe venu d’en haut : c’est pour minimiser le mécontentement ?
Le diesel n’a jamais été aussi haut, depuis 6 ans, et il va encore prendre plusieurs centimes (il est déjà à 5 centimes au-dessus de son pic de 2018...). On se dirige vers un diesel à 2 euros, et le reste suit.
« Atteignant 1,58 euro/l, le super SP 95 dépasse de 0,67 centime son pic d’octobre, retrouvant des niveaux datant de 2013, selon les données publiées ce lundi par le gouvernement. Le diesel, dépassant désormais 1,48 euro/l, augmente également mais à un rythme plus modéré.
Les prix flambent dans les stations-services : le super SP95 n’a pas été aussi cher depuis mars 2013. La semaine dernière, cette essence s’affichait en moyenne à 1,5802 euro le litre, se renchérissant de 1,69 centime en une semaine, selon les statistiques communiquées ce lundi 29 avril par le ministère de la Transition écologique et solidaire. » (Source : LCI)
Un peu de géopolitique énergétique
Selon les autorités, ces hausses sont liées à l’envolée des cours du pétrole, qui a pris 34% en 4 mois (72 contre 50$). Mais le prix du baril change d’un jour à l’autre au gré des circonstances géopolitiques : il suffit qu’un des 10 gros producteurs de l’OPEP ferme son robinet pour que, l’offre baissant, la pression à la hausse soit sur le prix.
À ce propos, les blocus ou boycotts occidentaux (sous peine de pénalités) contre l’Iran et le Venezuela permettent aux Américains, premiers producteurs du monde devant l’Arabie saoudite, grâce entre autres à la relance trumpienne, d’augmenter leurs rentrées en valorisant leurs réserves et leurs gaz de schistes. Et là, miracle de la coïncidence, on apprend que l’extraction du gaz de schiste (ou du pétrole lourd) est rentable à partir de... de ? 50 dollars le baril (un baril étant égal à 150 litres, pour ceux qui ne s’intéressent pas au sujet).
On peut en conclure en passant que l’entretien du chaos au Proche-Orient et au Venezuela a fait grimper géopolitiquement le prix du pétrole... et cela a bénéficié en premier lieu aux Américains, pas aux Saoudiens qui sont obligés de taper dans leurs réserves pour compenser la baisse de l’offre et satisfaire les appétits chinois.
- Le cancer français
Un litre de TICPE (taxe), s’il vous plaît !
Maintenant revenons en France. Si le pétrole a augmenté ces cerniers mois, ce n’est pas ça qui fait augmenter les prix à la pompe qui, on le remarque, augmentent quel que soit le prix du brut. Quand le brut baisse, le prix à la pompe ne bouge pas. Et la TICPE, la taxe de 60 centimes environ par litre, est la 4e rentrée de l’État après la TVA et les impôts. Il suffirait donc au gouvernement de baisser un peu ses taxes, qui correspondent à 60% du prix du carburant, pour compenser la hausse du brut. Mais il se garde bien de le faire : il préfère appauvrir les Français et cogner sur ceux qui ne sont pas d’accord.
Deuxième chose qui énerve les Français, du moins ceux qui conduisent, et qui n’ont pas le choix (pas de transports en commun par exemple dans la France périphérique), il y a la vitesse autorisée qui fond comme neige au soleil. On a déjà parlé des campagnes associant vitesse et accidents, et toute la rouerie des grosses têtes de Bercy dans cette affaire. Là aussi, il s’agit plus de faire rentrer du fric que de s’occuper de la santé des gens.
Le cas parisien annonce la couleur pour toute la France
Paris se prépare à restructurer son périph, qui concentre un quart du trafic de la capitale avec 1,2 million de bagnoles, en abaissant la vitesse autorisée à 50 km/h. Adieu les bécanes qui en faisaient le tour à 250 à l’heure vers 3h du matin ! Hidalgo, qui pense à l’électorat vert et qui ’a plus que l’écologie pour verdir son bilan désastreux, veut réduire (après lecture d’un rapport chipé par Le Parisien) le périph à deux voies et ajouter une tranche verte avec des arbres, plus un couloir pour les véhicules d’urgence. Comme ceci :
« Le rapport suggère de baisser la vitesse également sur les autoroutes et voies rapides qui ceinturent Paris à l’intérieur de l’A86. “Souvent congestionnés l’A86, les tronçons de l’A1, l’A103, l’A4, l’A6, l’A13, l’A14 doivent passer à 70 km/h” affirment les auteurs du rapport. »
Et boum, ce qu’on disait sur Paris qui sert de laboratoire à la France. L’injonction de sécurité cache les appétits grandissants du cancer Bercy.
Comme pour les nationales à 80 km/h, cette mesure très controversée, puisqu’elle faisait tomber encore plus de fric dans l’escarcelle du ministère des Finances, la vitesse se réduit partout dans les grandes agglomérations. Là encore, les autorités avancent la baisse du nombre d’accidents, et il faut les croire : moins 15%. Avec, souligne Le Parisien, un nombre d’infractions multiplié par deux... Bingo !
Pascal Praud a consacré son Heure des pros du 30 avril 2019 à la bagnole, à la vitesse et au prix des carburants...