90 millions d’euros : c’est la somme rondelette que vont encaisser Pascal Houzelot et les actionnaires de sa chaîne Numéro 23.
Numéro 23 est née en décembre 2012, voilà deux ans, avec les chaines de la TNT HD comme RMC Découverte, par exemple. Pascal Houzelot est par ailleurs le créateur et le patron d’une chaîne pornographique gay, Pink TV, il a été producteur de films (Le Libertin en 1999, Nouvelle chance en 2005). Pour obtenir un canal, cet homme d’affaires et d’influence avait proposé au CSA de mettre en avant la diversité sous toutes ses formes, des origines ou des modes de vie. Houzelot l’a emporté parmi de très nombreux concurrents, malgré un projet jugé faiblard par de nombreux observateurs et plusieurs membres du CSA. Numéro 23 va passer dans le giron du groupe NextRadioTV d’Alain Weill, le groupe qui édite BFM TV ou la radio RMC. Les deux parties sont en négociations exclusives.
Avec cette vente, Pascal Houzelot fait une excellente opération financière…
La chaîne affiche un petit 0,7 % d’audience. Elle reste très déficitaire – elle perd 10 millions d’euros sur 15 millions de chiffre d’affaires –, mais peu importe, ce qui fait sa valeur, c’est son statut de mini-généraliste, très précieux et rare, et surtout la fréquence et l’autorisation d’émettre partout en France. Et c’est précisément ce qui pose problème. Car cette fréquence et cette autorisation ne sont pas vendues mais données par le CSA. Cette fréquence est en réalité un bien public qui appartient aux Français, exactement comme les fréquences télécom qui sont, elles, vendues très cher aux opérateurs : la fréquence de Numéro 23 et l’autorisation d’émettre ont été concédées gratuitement à Pascal Houzelot qui, en la revendant, fait fortune en... deux ans. « J’aurais pu vendre et aller au soleil, se défend Pascal Houzelot, joint ce 3 avril au téléphone. J’ai eu des propositions. Au lieu de faire une opération financière, j’ai fait une opération entrepreneuriale. En lançant cette chaîne, j’ai pris des risques, trouvé de l’argent, je me suis endetté : j’ai agi en entrepreneur ».
Le sujet se répète : Vincent Bolloré avec la vente de Direct 8 et de Virgin 17 ou Claude Berda avec celle de TMC, entre autres, ont profité de la même mécanique très contestable. Les Français sont décidément très généreux actuellement : ils offrent à Pascal Houzelot, propriétaire de 70 % du capital de Numéro 23, et à ses actionnaires, la somme coquette de 90 millions d’euros. Et ils financent Radio France qui entame ce matin vendredi 3 avril un seizième jour de grève.