Le JDD étant un canard sioniste, rien d’étonnant à ce que dans son introduction il fasse porter tout le chapeau de la déstabilisation régionale à l’Iran et transforme Israël en victime potentielle du Grand Satan perse.
Il est intéressant de lire que la résistance à la pression ou à l’invasion israéliennes est considérée comme illégale par la presse française en général, du fait que le Hezbollah serait une organisation terroriste.
Or depuis la guerre de 2006 et la résistance de l’armée de Nasrallah, curieusement, les Israéliens n’ont plus tenté d’incursion majeure au Liban.
Leur objectif est toujours l’affaiblissement du pays – Israël a longtemps joué une faction contre l’autre – mais il semble que l’unité politique du Liban, justement sous la menace israélienne, soit le garant de sa survie.
Les Israéliens ont volé le Golan aux Syriens, le Sinaï aux Égyptiens, et c’est le « petit » Liban qui résiste. Pour combien de temps ?
Dans l’article qui suit, il est intéressant de noter que la force d’interposition internationale, la FINUL, engagée à la frontière libano-israélienne, peut être interprétée comme une force d’occupation en pays chiite. En effet, malgré toutes les violations des résolutions onusiennes par l’État hébreu, on n’a encore jamais vu de casques bleus sur le « territoire » israélien mangé aux Palestiniens !
Alors qu’Israël craint de voir l’Iran déstabiliser le pays et s’installer à ses portes, les forces de l’ONU peinent à remplir leur mission de dissuasion. Sur les terres du Hezbollah, les soldats de la Finul – dont 850 Français – font profil bas et ne cherchent plus qu’à retarder la prochaine guerre.
En ce samedi ensoleillé de décembre, Qais Al-Khazali troque volontiers sa tunique d’imam contre le treillis du milicien, assorti d’un keffieh noué autour du cou. Pas non plus de turban blanc, remplacé par une casquette kaki. Ce chef irakien chiite est à la tête du groupe Asaïb Ahl al-Haq – « la ligue des vertueux », l’une des principales composantes des unités de mobilisation populaire, supplétives de l’armée irakienne. Elle se trouve régulièrement accusée d’exactions contre les populations sunnites.
Trois hommes en uniforme accompagnent Khazali, dont l’un pointe à l’horizon les montagnes israéliennes de Galilée et celles, plus éloignées et brumeuses, du Golan syrien. Le décor est planté : seul le Liban du Sud offre un tel panorama. La tournée d’inspection s’achève dans le village frontalier de Kfar Kila, à quelques mètres du premier avant-poste israélien.
« Je suis ici avec mes frères du Hezbollah, clame Khazali en tenant un téléphone portable visiblement sur haut-parleur. Nous affirmons être prêts à nous dresser ensemble, aux côtés du peuple libanais et au nom de la cause palestinienne, contre l’injuste occupation israélienne. »
Quelques jours après la chute de Boukamal, ultime bastion des djihadistes de l’organisation État islamique à la frontière syro-irakienne, cette mise en scène, diffusée en vidéo sur les réseaux sociaux, traduit l’ivresse de la victoire qui s’est emparée des milices au service de l’Iran. Le « croissant chiite » s’étirant de Téhéran à Beyrouth n’est plus une chimère. Même l’avisé secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, croit l’« axe de la résistance » invincible. La prochaine bataille contre Israël, promet-il, sera plus aisée que la guerre livrée à Daech : elle verra « des dizaines de milliers de combattants du monde arabe et islamique y prendre part ».
Le « Parti de Dieu » a toujours agi à sa guise. Son aventurisme militaire en dit long sur la fragilité de l’État libanais, incapable de contenir l’ingérence iranienne et ses émissaires, à l’instar de Qais Al Khazali. Comment le chef de milice, responsable de plusieurs attaques antiaméricaines sur le sol irakien et un temps emprisonné, a-t-il pu s’introduire légalement au pays du Cèdre ? « C’est une violation des lois libanaises », s’est insurgé le Premier ministre Saad Hariri, avant d’ordonner à ses services de sécurité que Khazali soit à l’avenir interdit d’entrée sur le territoire libanais. Cette mesure n’a pas dissuadé Hajj Hamza, commandant de la brigade chiite syrienne Imam Al-Baqer, d’immortaliser quelques jours plus tard la même expédition. Lui aussi sous bonne garde du Hezbollah.
Une frontière explosive
Qu’indiquent ces visites impromptues, si ce n’est que la prochaine guerre gronde et que le Liban promet d’en être une fois encore l’otage ? Que fait son armée, censée se déployer dans cette région aux côtés de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) ? La visite de miliciens étrangers a d’ailleurs échappé à la vigilance des 10.500 Casques bleus stationnés sur cette frontière particulièrement explosive.
« C’est la responsabilité des autorités libanaises, se défend Andrea Tenenti, porte-parole de la Finul. Le plus important, c’est que notre zone d’opération ne soit pas utilisée pour des activités hostiles et qu’il n’y ait pas d’éléments armés. Grâce à nos efforts, la situation reste stable et sous contrôle. »
Les faits ne démentent pas cette analyse. Depuis bientôt douze ans, la frontière sud-libanaise connaît sa période la plus calme. Si Israël et le Hezbollah échangent régulièrement des menaces et se préparent à un nouveau conflit destructeur, aucune des deux parties ne semble encline à franchir le pas pour l’instant. La Finul profite de cette retenue de circonstance pour accentuer son travail de médiation. Tous les deux mois environ, une réunion tripartite rassemble officiers libanais et israéliens au QG de la force onusienne, à Naqoura. Chaque incident ou litige fait l’objet de discussions, comme dernièrement le projet de construction par l’État hébreu d’un mur haut de 7 mètres. Son tracé sur la « ligne bleue » – ligne de démarcation entre les deux pays – est vigoureusement contesté par les autorités libanaises et le Hezbollah, qui l’assimilent à un « acte de guerre ». « C’est une affaire très sensible et nous sommes là pour minimiser les tensions et éviter tout malentendu », explique Andrea Tenenti.
« Avant, on patrouillait dans les villages du Hezbollah. Aujourd’hui, c’est impossible d’y pénétrer. Alors, on contourne ces localités »
Ce rôle ne répond qu’en partie aux prérogatives des Casques bleus déployés au Sud-Liban. Lorsque s’est achevée la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, la Finul a vu ses moyens augmenter en flèche. À la faveur de la résolution 1701 votée par le Conseil de sécurité, ses effectifs ont été portés à 15.000 hommes – contre 4.500 jusqu’alors – dotés d’équipements lourds tels des chars Leclerc, des missiles antiaériens et, première, une flotte comptant une dizaine de navires. Dans sa zone d’opération située entre le fleuve Litani et la ligne bleue, la « Finul II » a vocation à devenir une force de dissuasion. Elle ne doit tolérer aucune présence militaire hormis celle de l’armée libanaise. Le Hezbollah est averti. Problème : dans un territoire majoritairement peuplé de musulmans chiites, rien ne se fait sans l’aval du « Parti de Dieu ».
« Comparé à 2006-2007 où j’ai servi, nous avons beaucoup moins d’autonomie, reconnaît un soldat français membre d’une brigade d’infanterie mécanisée. Avant, on patrouillait dans les villages du Hezbollah comme Bint Jbeil, même si nous étions suivis à distance par leurs militants. Aujourd’hui, c’est impossible d’y pénétrer. Alors, on contourne ces localités. Dans le jargon, on dit : “pas de couilles, pas de problèmes”. »
La milice chiite libanaise n’a jamais vu d’un bon œil la présence de Casques bleus dans son fief, où ses partisans lui servent occasionnellement d’hommes de main. « Il arrive que des civils nous prennent à partie dans les zones sous contrôle du Hezbollah, surtout si on s’applique à faire notre boulot d’observation, relate un haut gradé du contingent irlandais. Ce sont à chaque fois les Occidentaux qui sont visés. » Le plus souvent, les incidents se résument à des jets de pierre. Plus rarement, des patrouilles sont dépossédées de leurs armes, véhicules ou matériel de communication radio.
Au début, certains contingents ont ignoré ces coups de semonce. Les Casques bleus espagnols persistent à envoyer des éléments de leurs forces spéciales dans des villages chiites. Ils s’attardent, questionnent les habitants et s’autorisent des fouilles à la recherche de caches d’armes. Leur arrogance passe mal. En 2007, une charge explosive actionnée au passage d’un blindé espagnol tue six militaires. Aucune organisation ne revendique l’attentat, mais le Hezbollah reproche à la Finul d’avoir rompu le modus vivendi. D’autres attaques finissent par dissuader la force d’interposition d’emprunter certains secteurs. « Ce qui m’a dérangé le plus dans cette mission au Sud-Liban, c’est cette sensation de reculer en permanence », relève un capitaine du contingent français.
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Voir ce sujet de 2014 sur les Français de la FINUL au Sud-Liban :