“Le temps est venu d’appliquer la proposition d’envoyer des forces arabes et internationales en Syrie”, a affirmé le chef de la diplomatie qatarie hier au Caire, au moment où l’émissaire de l’ONU et de la ligue arabe, Kofi Annan discutait d’une sortie de crise avec Bachar al-Assad.
Faisant une fixation sur intervention militaire en Syrie, le Qatar a remis hier sur le tapis, sa proposition d’envoi de forces arabes et internationales en Syrie, en marge de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères dans la capitale égyptienne, auxquels s’était joint le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. “Le temps est venu d’appliquer la proposition d’envoyer des forces arabes et internationales en Syrie”, a déclaré cheikh Hamad ben Jassem al-Thani au siège de la Ligue arabe.
Il a également jugé qu’un cessez-le-feu était insuffisant en Syrie, tout en dénonçant un “génocide” organisé par le régime de Bachar al-Assad. “Il y a un génocide systématique de la part du gouvernement syrien pendant que nous parlons en ce moment de cessez-le-feu”, a-t-il martelé en présence de Sergueï Lavrov.
“Nous ne pouvons accepter seulement un cessez-le-feu”, a-t-il ajouté. Pendant ce temps, le président syrien Bachar al-Assad recevait à Damas l’émissaire international Kofi Annan venu négocier un cessez-le-feu dans un pays meurtri par un an de violences, au moment même où les forces gouvernementales bombardaient violemment le bastion rebelle d’Idleb. Les médias officiels syriens ont qualifié la rencontre de “positive”.
Selon la chaîne de télévision syrienne, “une ambiance positive règne sur la rencontre entre le président Assad et l’émissaire du chef de l’ONU, Kofi Annan”. Bien que qualifiée de quasi impossible, la mission de l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe est jugée indispensable au moment où la communauté internationale, divisée, est à bout de ressources pour mettre fin au bain de sang qui a coûté la vie à près de 8 500 personnes depuis mars 2011.
Selon le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, Annan devait quitter Damas aujourd’hui après des rencontres avec des responsables gouvernementaux et de la “société civile”. Il se rendra ensuite dans d’autres pays de la région et verra “des dirigeants de l’opposition hors de Syrie”. Il y a lieu de noter qu’avant sa mission, Annan avait mis en garde contre davantage de militarisation en Syrie qui aggraverait la situation dans ce pays, une position répétée par les États-Unis et la France.
Pour rappel, Ban Ki-moon a fait état de “trois priorités” pour la mission Annan : “un cessez-le-feu immédiat”, “une solution politique globale” et “un accès et une aide humanitaires”. Déclarant que “la patience du monde et notre patience sont à bout”, le chef de la diplomatie du Qatar a tenu à rappeler : “Lorsque nous sommes allés au Conseil de sécurité, nous n’avons pas obtenu de résolution en raison du véto russo-chinois qui a envoyé le mauvais message au régime syrien”.
Au cours de cette réunion des ministres arabes des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ce dernier avait mis en garde contre toute “ingérence grossière” dans le conflit en Syrie lors d’une rencontre avec Kofi Annan la veille au Caire, selon le ministère russe des Affaires étrangères. Hier, le chef de la diplomatie russe, dont le pays est opposé à toute ingérence en Syrie, a affirmé que la violence dans ce pays devait cesser “quelle que soit son origine”.
“Aujourd’hui, le plus urgent est de mettre fin à la violence, quelle que soit son origine”, a-t-il déclaré dans un discours devant ses pairs arabes, en jugeant que les forces du gouvernement tout comme celles de l’opposition devaient sortir des villes syriennes.